3 - Retrouvailles

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Jimin descendit du petit train à crémaillère et regarda autour de lui, les yeux brillants

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Jimin descendit du petit train à crémaillère et regarda autour de lui, les yeux brillants. Si ses souvenirs étaient bons, il se trouvait du côté de l'ancienne laiterie, à la limite nord de Pyeongchang. Le centre ville devait donc se trouver... plein face. Hissant son sac sur son épaule, il se mit en route en chantonnant à mi-voix. Tout autour de lui, des chalets coiffés de gros bonnets blancs et onctueux scintillaient gaiement au soleil. Un bloc de neige se détacha d'une branche de sapin et s'écrasa sur le sol dans un « Vrouff » assourdi. Un merle perché sur une girouette sifflota trois notes aiguës qui s'élancèrent dans le ciel pur, transparent comme du cristal. Jimin lui sourit. Les talons de ses bottines s'enfonçaient mollement dans la neige, l'obligeant à lever très haut les pieds à chaque pas. Un Yéti descendant de sa montagne, songea-t-il en rejetant avec insouciance son écharpe en arrière. Il était rompu, moulu par une nuit sans sommeil, passée à courir de correspondance en correspondance. Il se souviendrait longtemps de cette attente interminable dans la gare routière de Cheongnyongpo... Le froid, le sandwich avalé à la hâte sur un coin de chaise, et ce clochard qui voulait absolument lui faire goûter sa piquette 90, cuvée spéciale solitude...Malgré tout ça, son moral était au beau fixe. Il se sentait radieux, débordant de vitalité , en accord avec le monde entier. En un mot : heureux.

Une envie presque irrépressible de crier sa joie titillait ses cordes vocales. S'il s'était écouté, il aurait tapé aux fenêtres des chalets, tambouriné aux portes closes, arrêté les passants et joué du xylophone sur les stalactites pour faire partager son bonheur au village tout entier. Après dix-huit ans d'absence, Park Jimin rentrait chez lui. Le chaton de Mamounette était de retour.

Chaton... le surnom que lui avait donné Jungkook. Il l'avait oublié, et voilà qu'il ressurgissait du passé, dix-huit ans plus tard, doux et acidulé comme un bonbon fondant. Chaton, rondes enfantines, pommes aigrelettes mordues à califourchon sur une branche, grillons captifs au creux d'une paume serrée, parfum sucré des jacinthes sauvages dans la vallée, frou-frou de l'herbe sous les pieds... Sensations fraîches et vivaces de l'enfance, au souvenir fugace et persistant comme une caresse.

Jimin ralentit le pas au détour d'un virage et s'arrêta, le cœur étreint par une douce émotion. Devant lui, le village se découpait dans le soleil, paysage miniature serti au milieu des montagnes lumineuses, sur fond de ciel bleu roi. Village de maisons de poupées et de chalets sculptés, blotti autour de la vieille place aux pavés irréguliers ; rues étroites, presque phosphorescentes; boutiques pimpantes, pointillées d'enseignes lumineuses égrenées comme une guirlande de Noël.

Un soupir ému gonfla sa poitrine. Rien n'avait changé. La bourgade était telle qu'il l'avait quittée, miraculeusement préservée du temps, comme ces royaumes de contes de fées pétrifiés par un charme qui attendent le réveil de la princesse endormie. Il s'avança dans les rues enveloppées d'une joyeuse animation avec la sensation un peu grisante de marcher sur un nuage. A droite, au bout de la rue en pente, c'était l'école communale. A gauche, la boulangerie où il achetait ses douceurs. Tiens, ils avaient refait la devanture. Et puis le magasin de journaux de Monsieur Min, le petit supermarché, et au bout, la poste avec la tâche vermillon de ses volets en bois. Normalement, il devait y avoir un petit hôtel un peu plus loin, à l'angle de la rue commerçante...

Flocons de neige - JikookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant