Chapitre 3 : Lui

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"Vous êtes seule ?", me dit-il en recrachant la fumée de ses poumons.

Je devinais qu'il était assez jeune grâce au timbre de sa voix, mais l'obscurité de la nuit m'empêchait d'en savoir d'aventage .

"Non, ça ne se voit pas ?", rétorquai-je sarcastiquement.

Il pouffa et je crus apercevoir un léger sourire se dessiner au coin de ses fines lèvres.

"Pourquoi ? Vous essayez de fuir les festivités ?", demanda-t-il.

"Je pourrais vous poser la même question", lui répondis-je.

Il prit une bouffée de son petard avant de l'expirer.

"Ce ne sont pas les festivités que je fuis, mais les festoyeurs", dit-il.

Je le regardai silencieusement, essayant de discerner quelques-uns de ses traits.

"Et vous ?", me demanda-t-il.

"La musique ne me plaisait pas", lui répondis-je en me retournant, fixant droit devant moi, bien que j'aurais pu lui répondre avec sincérité.

Il gloussa, "Vraiment ? Du Frank Sinatra... Ils ont abusé, je vous l'accorde."

Je me permis un petit rire étouffé.

Ensuite, un court instant de silence s'installa dans notre conversation. Bien que cela puisse sembler négatif, ce silence était en réalité appréciable. J'appréciais ce calme, celui qui régnait tout autour de nous. Cependant, ce moment de tranquillité aurait pu être parfait si la musique qui résonnait derrière nous ne venait pas le troubler.

Peut-être était-ce dû à l'effet du grand verre de vin que j'avais bu ou à l'affreuse musique qui résonnait derrière moi, mais à cet instant précis, tout ce que je voulais, était de m'en aller. Je me retournai brusquement vers l'inconnu qui se tenait à ma gauche.

"Êtes-vous véhiculé ?", demandai-je.

"Oui, je le suis, pourquoi ?"

"Et si on s'en allait ?"

Il se retourna vers moi, me fixant droit dans les yeux. Ses yeux étaient d'un bleu glacial, semblable à la teinte des eaux gelées d'un lac en hiver, transmettant une froideur qui me fit frissonner.

"Maintenant ?", rétorqua-t-il en écrasant son joint dans le pot d'une plante .

"Oui, tout de suite. Vous êtes partant ?"

Toujours les yeux rivés dans miens, il dévoila un sourire qui répondit clairement à ma question.

Nous nous levâmes tous les deux simultanément, et je n'eus pas le temps de réagir qu'il attrapa ma main et me dirigea vers le rond-point en face du manoir que j'avais pu apercevoir plus tôt. Aucune voiture n'y était garée, les chauffeurs qui avaient déposé les invités ne les attendaient pas à l'intérieur de la propriété.

C'est alors que je vis une moto, une R7. C'était celle que nous avions croisée en voiture avec mes parents quelques heures plus tôt.

Arrivée devant la moto, je laissai échapper un rire.

"Vous devriez faire plus attention sur la route", lui lançai-je.

Il fronça les sourcils un moment puis sourit et me répondit, "pourquoi faire ?"

Il ne me laissa pas le temps de répondre et me mit un casque sur la tête.

"Allons-y", me dit-il.

Bien que j'aurais rêvé de le faire, je n'osais demander si je pouvais être celle à l'avant par peur d'avoir une dette de quelques milliers en cas d'accident. Je montai donc à l'arrière, tenant fermement les poignées de maintien .

Minuit (PREMIER JET)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant