il y vient aussi nos ombres

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(où, Thomas réfléchit trop dans les moments les plus importuns)

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Thomas ne peut pas dire qu'il est surpris par la tournure des évènements de ces dernières semaines.

Après tout, il se dit alors qu'une main caresse doucement la jonction entre son son cou et son épaule, Damien a toujours été le plus aventureux des deux.

Une fois qu'il avait établi leur nouveau statut d'ambiguïté, Damien n'avait pas arrêté les gestes d'affections qui lui semblaient auparavant si tabous. Et Thomas était juste un homme, il n'avait jamais osé lui dire d'arrêter, même si les sentiments lui bouffant les entrailles lui priaient de stopper ce trop plein qu'il se prenait en pleine gueule chaque fois que les mains de Damien s'arrêtaient sur ses hanches.

Il regrette un peu, maintenant. Parce que Damien le regarde sans broncher, doigts toujours sur ses clavicules. Thomas se sent à l'étroit, dans le coin du canapé de son appart et sous ce regard qui ne trahit rien. Il est assez proche pour que Thomas puisse le sentir respirer ; un étrange mélange de menthe et de clope qui paraît si naturel sur lui que Thomas ne peut s'empêcher de pencher légèrement son corps en direction de l'odeur.

Leurs nez se frôlent et il sursaute. Damien continue de le fixer avec cet air impassible qui le frustre tant. Il a l'envie désespérée de faire apparaître quelque chose sur son visage ; d'agripper son corps de tout son être jusqu'à ce que leurs deux noms ne soient plus qu'une litanie perdue dans les yeux si expressifs de l'autre. Il veut mais n'ose pas prendre, après tout, c'est toujours Damien qui a été le plus aventureux. Et il prouve bien cela en se rapprochant encore plus, inclinant sa tête juste assez pour que Thomas comprenne le message.

"Damien", il murmure et c'est aussi fort qu'un cri, aussi cassé, aussi égaré.

Damien ne répond rien, il n'en a pas vraiment besoin. À la place, il incline encore plus sa tête et se rapproche jusqu'à ce que leurs lèvres se rencontrent avec douceur.

Thomas laisse échapper un son que lui-même ne pourrait pas qualifier d'humain. Il veut tout arrêter, son ventre se déchirant en mille morceaux au même rythme que les pressions légères contre ses lèvres. Damien n'a pas d'excuse cette fois-ci, pas l'alcool, pas l'heure, rien. C'est le milieu de l'après-midi et ils venaient juste de terminer une putain de réunion pour leur putain de job quand Damien à commencé à toucher le visage et la peau de Thomas comme s'il était une œuvre à chérir.

Il cherche comme il peut une raison pour son comportement mais ne trouve rien. Damien passe sa main dans ses cheveux, tire un peu, juste assez pour que ça réveille Thomas de sa spirale de raison, juste assez pour qu'il réponde : ses bras auparavant inertes sont maintenant sur le visage de l'autre, il embrasse en retour désespéré pour un besoin intense qu'il a si peur de ne pas recevoir.

Il passe distraitement sa langue sur les lèvres de l'autre, un réflexe presque mécanique qu'il n'a pas pensé à stopper. Il reçoit une respiration étouffée en récompense. Les mains de Damien se resserrent dans ses cheveux et Thomas sent sa langue passer la barrière des lèvres de Damien.

Il ferme ses yeux jusqu'à voir des étoiles, ignore la brûlure de son ventre qui monte jusqu'à son torse et fait glisser ses doigts jusqu'à la nuque de l'autre, se délectant dans les frissons qu'il parvient à lui arracher sur le chemin. Il tire Damien vers lui, s'enivre du son qui s'échappe de sa gorge et vibre entre eux comme une promesse.

"Merde, merde, merde. Thomas."

Ils se séparent, joues et lèvres carmins. Damien respire fort et Thomas ne peut s'empêcher de se sentir à sa place ; genoux l'un contre l'autre, poitrines se soulevant à un rythme rapide et ses mains traçant sa peau avec une légèreté qui pourrait être appelée timide, c'est là où il est supposé être.

Il réprime le sentiment de honte qui s'immisce en lui quand ses yeux croisent ceux de Damien. Il a l'impression de trahir sa confiance, parce qu'il est plein à craquer de sentiments que Damien ne semble même pas effleurer. Il devrait lui dire, il aurait dû lui dire dès le moment où Damien avait dépassé cette barrière invisible auparavant infranchie. Mais il n’avait pas osé, ses mots se dissipant dans sa gorge quand il sentait sa peau sur la sienne. C’était lâche et il le sait.

Mais il lui dira. Il le sait. Il lui dira plus tard, demain, jamais. Pour l'instant il profite de ce moment de répit avec un goût amer dans la bouche et les yeux fermés, il prie pour ne pas avoir de regrets.

Damien l'attrape par les hanches, le prenant par surprise. Ses yeux s'écarquillent alors qu'il se fait entraîner par son ami. D'un coup, il est sur ses genoux, bras sur ses épaules. Thomas lâche un soupir qui s'ébruite en une exclamation étouffée quand Damien plonge la tête dans son cou et y mordille la peau, s'arrêtant quelques fois pour l'effleurer de ses lèvres encore rouges et mouillées.

Thomas marmonne son nom comme un mantra à chaque passage de sa langue sur son épiderme, maudissant la chaleur qui s'installe en tout son être. Il se sent inutile, immobile et tremblant contre le corps de Damien. Il ne peut pas vraiment remédier à ça, son corps toujours bloqué par les mains de l'autre.

Une morsure se fait plus forte que les autres, et Thomas lâche un cri de surprise. Ses hanches rencontrent involontairement celles de Damien, qui se crispe.

Leurs yeux se rencontrent, et les lèvres de Thomas sont sur celles de Damien en un instant, langues se rencontrant dans leur embrasse frénétique ponctuée de soupirs.

Thomas laisse la chaleur qui s'est immiscée dans ses veines brûler la honte qui s'est agrippée à lui. Il se perd dans la sensation des mains de Damien qui s'aventurent sous son t-shirt, explore son visage de ses lèvres sans plus d'inhibition et absorbe chaque soupir, chaque son sorti de son ami comme s'il était assoiffé. Au même titre qu'il ne retient pas les siens qui sonnent emplis d'une douceur désespérée à ses oreilles.

Il oublie tout sous les doigts qui s'abaissent jusqu'à l'arrière de son jean et qui le poussent jusqu'à être collé à Damien.

Ça peut attendre, il lui dira tout demain. S'il ne s'oublie pas d'ici là sous la brûlure du corps de Damien sur le sien.

tous les regards, tous les regards de tous les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant