Vendredi.
À la faculté, nous entamons les cours le lendemain de la rentrée, même si cela implique que ce soit un jour avant le week-end. La directrice ne veut perdre aucun jour et estime que nous avons assez de vacances comme cela. De mon côté, ne pas étudier pendant plusieurs mois m'a sérieusement manqué et j'ai hâte de m'y remettre. Avec Julien, nous avons découvert que notre emploi du temps était relativement différent pour ce premier semestre, ce qui a provoqué une moue de déception chez chacun d'entre nous. Nous avions en effet l'habitude de nous mettre en binôme pour chaque travail de groupe.
Mon premier cours de la journée est un travail dirigé, Histoire médiévale. Autant dire que c'est d'un ennui absolu. Tout ce qui concerne les chevaliers, les croisades et tout ce qui s'ensuit, ça ne m'intéresse absolument pas. Je tente tout de même de prêter une oreille attentive pendant les deux heures qui suivent et quand le cours se termine, je n'ai pas le temps de pousser un soupir de soulagement que le prof marmonne qu'il y aura un contrôle de connaissance la semaine prochaine.
Après ce cours, il est noté que j'ai deux heures de pause. Je me rends donc à la bibliothèque pour travailler mon unique cours de la matinée et par conséquent, le premier de l'année. Afin de continuer dans le master que je souhaite intégrer, je me dois de ne rater aucun cours et d'obtenir des notes correctes dans toutes les matières. Toujours en rêvassant, je prends place autour d'une petite table ; légèrement en retrait et surtout située dans le rayon de la littérature anglaise. C'est mon coin préféré ici, au bout de l'allée, on peut observer une petite statue et le long des rayons, des livres tous plus anciens que les autres, allant de Shakespeare à Jane Austen.
Je décide de me rendre dans la partie de la bibliothèque regroupant les livres concernant ma matière pour savoir si je peux en emprunter quelques-unes de la bibliographie que nous a conseillée le professeur. J'en sélectionne trois qui me semblent assez pertinents pour le devoir de la semaine prochaine et je retourne à ma table pour me mettre immédiatement au travail.
Alors que j'ai le nez plongé dans mes livres, une jeune femme s'approche des rayons, un crayon à la main, un carnet glissé sous le ras pour regarder chaque livre dans le moindre détail. Elle a dû rater le cours concernant les recherches d'ouvrages dans la bibliothèque celle-là.
Je la regarde un peu mieux et je découvre que c'est la jeune femme d'hier.
Aux premiers abords, elle est toujours aussi séduisante. De longs cheveux bruns bouclés, des yeux noisette qui paraissent avides de savoir. Elle porte une chemise beige avec des carreaux plus foncés et un jean assez ample qui vient lui souligner la taille. De sa main libre, la jeune femme tient une pile de livres indécente, comme si elle cherchait à les collectionner plus qu'à les étudier. De l'autre, elle replace une de ses mèches de cheveux et la coince avec son crayon avant de s'accroupir pour observer les livres situés plus bas. Sa pile de livres tangue dangereusement, si bien qu'elle regarde désespérément aux alentours pour savoir si elle peut les poser quelque part. Je replonge rapidement mon nez dans un de mes livres d'Histoire et je fais mine d'être étonné quand elle se plante juste devant ma table. Son parfum est exquis.
- Excuse-moi, je suis un peu chargée, je peux déposer mes lectures sur ta table le temps que je trouve ce que je cherche ?
- Aucun souci, je dégage quelques affaires et je la laisse déposer ses biens.
La jeune femme dépose aussi son sac sur la chaise et me demande si je peux garder un œil dessus. Je hoche la tête et je la vois s'en retourner dans les rayons pour prendre place par terre, un gros manuel sur les genoux, son carnet en équilibre, pour y prendre des notes. Je tente de me concentrer à nouveau, mais la jeune femme revient s'asseoir en face de moi. Elle décale sa pile de livres, mais aussi une partie de mes affaires. Je ne proteste pas. Au contraire, je continue de la fixer indécemment, si bien que j'en perds le fil de mes pensées. Elle relève la tête et me sourit. Un sourire à vous faire tomber de votre chaise.
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Le livre des Démons d'Hempetua
Misterio / SuspensoDans une marmite, ajoutez : Un jeune étudiant en histoire. Une tueuse à gage. Un meurtre. Des herbes empoisonnées. Un sortilège. De la curiosité. Et vous obtiendrez un résultat pour le moins dérangeant.