01. Le nouveau

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01. Le nouveau

Ce matin je me réveillai très en forme. Je m'étais couchée assez tôt la veille et, pour une fois, avait hâte de commencer une nouvelle journée ! Je me levai donc et sélectionnai mes vêtements : une blouse blanche, un jean slim noir et mes converses blanches. Aujourd'hui je travaillais au café donc la blouse blanche et le pantalon noir étaient obligatoires. Mais ça ne me gênait pas, j'avais l'habitude. Ça faisait deux ans que je travaillais au "15 O'Clock", c'est à dire deux ans que je vis à Brooklyn. Je devais changer de ville tous les cinq ans et changer de nom pour éviter que les gens se souviennent m'avoir vu il y a quelques années et que je n'avais pas changé. Ce qui serait physiquement impossible et cela éveillerait les soupçons. Et je ne veux pas de ça. Donc, tous les cinq ans, je change de ville ou encore de pays. Il y a deux ans, j'étais à Miami, en Floride. Je n'aime pas du tout cette ville un peu trop festive dans le mauvais sens. Disons que, pour moi, un soutien-gorge sert à être en dessous de quelque chose et pas porté seul. Après, chacun ses goût mais... Voilà quoi ! Soit. Je précise aussi que ce n'est pas parce que j'ai plus de deux-cents ans que je me comporte comme une vieille. Disons juste que je n'aime ni la musique pop, ni les téléphones, ni internet ou toutes ces choses que les autres humains aiment tant. Ma maison, quant à elle, est décorée avec des meubles que j'ai depuis au moins cent ans, si ce n'est plus. Mais ce n'est pas pour ça que ma maison parait vieille ou quoi que ce soit. Elle est juste... bien décorée ! Enfin soit, tel n'est pas le sujet. Une fois prête, je me fis mon petit-déjeuner composé de deux œufs au plat et de café. Comme tous les jours depuis au moins vingt ans. Si seulement vous saviez à quel point mon quotidien était ennuyant... Mais bon, je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même : je n'ai jamais rien fait pour l'améliorer. Pas d'amis, pas d'amour, pas de famille. Je ne parle même pas avec mes collègues, c'est vous dire ! Enfin si, je leur hurle de servir ou débarrasser telle table et vice-versa. Une conversation des plus agréables, n'est-ce pas ? Soit. Mon petit-déjeuner fini, je marchai en silence en direction du café qui se trouvait à deux pas de chez moi, heureusement. Je n'avais pas de voitures et ne souhaitait pas en avoir : je trouvais ça trop dangereux. Ironique, non, pour quelqu'un qui ne peut pas mourir ? Mais ce n'est pas le fait de « mourir » qui me fait peur, mais le fait que quelqu'un découvre mon secret. Car, si je « meurs », je disparaitrai moins de cinq minutes après ma soi-disant mort. Les gens se poseraient des questions si une personne disparaissait subitement, en quelques minutes, après avoir fait un accident de voiture. Voilà pourquoi je n'avais pas de voiture. Sur ces pensées, j'arrivai au café et saluai d'un signe de tête mon boss, Harriston. Je n'ai jamais été très bavarde, enfin si mais... Non, je n'ai jamais été bavarde. Soit. Je me débarrassai de ma veste mais fut coupée dans mon geste par la voix d'Harriston qui m'interpellait.

« Ana, viens s'teplait ! J'ai b'soin d'toi ici ! » Evidemment, il avait besoin de moi. On ne pouvait pas me laisser faire mon travail tranquille ? Enfin bon, je me dirigeai tout de même vers lui avant de lui demander ce qu'il me voulait, sans cacher mon mécontentement d'être dérangée.

« J'ai embauché un p'tit n'veau. J'veux qu'tu t'en occupes. » Je voulus le couper pour protester mais il interrompit mon geste d'un signe de main avant de continuer. « Tu lui montr'ras là où sont rangés les couverts, tasses etc et tu lui apprendr'as à s'servir du calcul-tout électrique. »

« Mais, Harriston ! Tu sais bien que je ne sais absolument pas comment marche cette chose bizarre et remplie de boutons et d'écrans lumineux ! » Répliquais-je. Je détestais ces machins électronique et compliqués. Je prenais les commandes des gens avec du papier et un bic et cela me suffisait amplement. Et, quand ils voulaient payer avec leur carte, j'appelais Sandra, ma collègue. « Demande à Sandra de s'occuper de lui, s'il-te-plaît Harriston ! » Le suppliais-je. Pathétique, mais souvent efficace. Un simple mot pouvait faire changer d'avis quelqu'un. Mais apparemment, pas tout le monde vu que mon boss me répondit par la négative. Aargh !

Too Much TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant