02. Voisins

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02. Voisins

Ma journée de travail - que je pourrais facilement qualifier d'horrible - venait de prendre fin tandis que je cherchais mes clés dans mon sac pour rentrer chez moi. Evidemment, je ne les trouvais pas. Aargh ! J'ai sûrement dû les oublier au café, comme d'habitude. C'est pour ça que j'ai laissé mes clés aux voisins. D'ailleurs, ça faisait plusieurs jours que je ne les avais pas vu. Bizarre... Enfin soit, je toquai à la porte de l'appartement à côté du mien avec un sourire aimable. Que je perdis instantanément en voyant qui venait de m'ouvrir la porte : le blondinet. Comment voulaient-ils que je survive ?

« Qu'est-ce que tu fais là ? » Lui demandais-je sèchement, sans aucune trace de sympathie. Ni dans ma voix, ni dans mes yeux, ni dans n'importe quelle autre parcelle de mon corps. Je préférais de loin lui exprimer mon mécontentement de le voir.

« Je suis chez moi, Blondinette. Toi, pourquoi tu toques à ma porte ? » Sa voix à lui, par contre, était malicieuse. Il devait prendre un malin plaisir à se foutre de moi. J'allais lui dire quoi ? « Désolée, je ne trouve plus mes clés. Toi, homme que je déteste par-dessus tout, pourrais-tu m'ouvrir ma porte avec les clés que les personnes présentes avant toi ont dû te donner » Non, il se moquera de moi. En attendant, je devis trouver une excuse. Et vite.

« Je hum... Je voulais dire bonjour à mes voisins mais heu apparemment ils ne sont plus là donc bah j'y vais euh voilà. » Et je fermai la porte. Je venais de me foutre la honte. J'avais bégayé comme une gamine de six ans qui rencontre le père Noël pour la première fois ! Olala... Et, quand je pensai que mon calvaire allait prendre fin, cet imbécile ouvrit la porte.

« Tiens, tes clés. Les anciens voisins m'ont prévenu que t'étais un peu tête en l'air ! » Lança-t-il en rigolant. Et là, je n'avais qu'une envie : le tuer pour ensuite le déchiqueter en morceau. Ou encore le brûler vif ! Par expérience, je sais que c'est une des morts les plus douloureuses. Après avoir dit sa réplique des plus énervantes, il referma la porte et j'entendais encore son rire. J'aurais pu le qualifier d'agréable si je n'en avais pas été la source. Je sentais que ma vie à New York n'allait pas être des plus calmes, oh que non...

****

Mon réveil venait de sonner : une nouvelle journée allait commencer. Aujourd'hui, c'était mercredi : je ne commençais le travail qu'à partir de treize heures. J'avais donc quatre heures de libre que j'allais sûrement occuper par de la lecture ou bien par de la musique classique pour me relaxer avant de devoir à nouveau supporter l'imbécile qui me sert de collègue et de voisin. La chance est avec moi. Notez le sarcasme. Pourquoi avait-il fallu qu'il emménage juste à côté de chez moi ? J'appelle ça une malédiction. Décidément, je les attire ! Comme si la première n'était pas assez désagréable... D'ailleurs, je n'avais pas effectué mes recherches du jour, hier, tellement cette journée de travail éprouvante m'avait fatiguée. Je me décidai donc à passer mes quatre heures de libre à les continuer, en espérant trouver une solution à cette calamité. Vous devez sûrement vous demander « Comment est-elle devenue immortelle ? » eh bien, non, on ne naît pas « immortel » - je déteste toujours autant ce mot, je tiens à le préciser – on le devient. D'après mes recherches, il se passe quelque chose la première fois qu'on meurt. Et je vous laisse imaginer la surprise qui nous prend lorsque l'on se réveille dans le bois le plus proche. Oui, je « ressuscite » toujours dans un bois, pour des raisons que je vais qualifie de... personnelles. Oui, très personnelles même. Enfin soit. Je m'attelai alors à mon travail : comment arrêter cette malédiction ?

 Je venais de passer trois heures et demies sur mes papiers que j'écris depuis près de cinquante ans. Depuis que j'ai envie d'avoir une vie normale, enfaite. Pourquoi n'ai-je pas commencé mes recherches avant ? Parce que, là, je ne voulais pas mourir, je ne voulais pas être séparée de... Non, rien, laissez tomber. Enfin soit, je devais me préparer pour ma journée de travail. Je revêtis donc ma chemise blanche et mon pantalon skinny noir. J'attachai me cheveux en un chignon fait à la va-vite et, comme à mon habitude, ne mit pas une touche de maquillage. J'en mettais quand... quand rien du tout en fait, je dis n'importe quoi. Oui, c'est ça, n'importe quoi. Oh, une pierre ! Soit. J'espère que l'autre imbécile a au moins fait l'effort de s'habiller correctement, aujourd'hui. Oui, je sais, c'est beau de rêver. L'espoir fait vivre, non ? Je m'apprêtai à sortir lorsque j'entendis quelqu'un sonner. Je ne connaissais personne, ni ici, ni ailleurs. Qui pouvait bien sonner chez moi ? Sûrement des vendeurs quelconques ou des gens voulant me faire intégrer leur secte. Oui, ça m'est déjà arrivé. Plusieurs fois, même. Ces gens sont quelque peu dérangés, si vous voulez mon avis. Vous ne le voulez pas ? Tant pis, je vous le donne quand même. Liberté d'expression. C'est donc dans un soupir las que j'ouvris ma porte, m'attendant à tout sauf à voir cette tête-là. Lui. Que faisait-il là ?

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 12, 2015 ⏰

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