Chapitre 10 : Des obstacles à la chaîne

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Il marche toute la journée, ne marquant un arrêt, que pour s'alimenter de fruits qu'il a apporté avec lui. En suivant la course du soleil, il arrive bientôt au pied d'une chaîne de montagne qu'il doit franchir.


Il prend la mesure de son adversaire, définissant mentalement une stratégie d'escalade afin de minimiser les efforts à déployer. Selon ses nouvelles croyances, il demande la route à la montagne afin qu'elle ne l'égare point durant cette ascension. Puis, prenant son souffle symboliquement, il entame cette montée avec confiance.

Il est entièrement concentré afin de ne rien prendre à la légère. Au bout d'une heure d'ascension, le voile étoilé se répand doucement autour de lui à la tombée de la nuit, il s'imagine ce que font les goyas à cette heure probablement en train de préparer le repas du soir tandis que les guerriers sont en train de combattre lors de kumité, la dernière partie de leur entraînement qui dure plus ou moins longtemps après la tombée de la nuit. Puis, il se rend compte qu'il est dans leur tête.

C'est comme s'il pouvait voir ce qu'ils faisaient. Il les apercevait, visages concentrés et combattants et il ressentait leurs émotions encore plus que quand ils étaient ensemble. Il perçoit de la préoccupation liée à son départ, mais ils n'en laissent rien paraître.

Ils sont comme ça, ses frères d'armes. Ils ne se plaignent jamais et acceptent chaque seconde de vie comme un cadeau à chérir.

Puis ses pensées se portèrent vers la reine, et soudain elle lui fit face. Surpris, il manqua à cet instant de basculer dans le vide, se raccrochant au dernier moment sur une pierre saillante sur sa droite. Il avait sursauté en la voyant ainsi.

C'est comme si elle était réellement là-devant lui, mais pas physiquement, plutôt dans le plan mental. "Concentre-toi !" entendit-il dans sa tête. Oui, dit-il dans un souffle poursuivant son effort, il rétablit son équilibre puis marqua une pause afin de récupérer.

Elle, faisant une grimace de désapprobation. Il sourit en reprenant son souffle, derechef elle esquissa une grimace qui ressemblait vaguement à un sourire puis croisa les bras, tourna le dos et disparut.

Il l'avait toujours pressenti, mais maintenant qu'il était séparé d'eux physiquement, il réalisait qu'il ne le serait plus jamais mentalement.

Il n'était pas seul. Cette pensée le rassérénât. Il se reconcentra sur son ascension et poursuivit ses efforts pendant plusieurs heures encore avant de basculer sur une crête.

L'endroit était suffisamment spacieux pour qu'il puisse s'y reposer. Il s'installa donc sur le sol enneigé et mangea reprenant son souffle. Le froid y était glacial et il ne pouvait pas rester longtemps inactif.

Aussi reprit-il son bâton et remis son sac sur son dos. Marchant à tâtons vers l'autre versant de la montagne.

Cette pente est moins abrupte, aussi entame-t-il la descente vers la vallée. Sa progression est fluide et rapide. Il court et franchit les obstacles pendant près de deux heures lorsqu'il perçoit du mouvement sur le côté !

Il manque une attaque sur le flanc gauche, se rétablit et fait face. Devant lui un Oumou, il ne chasse jamais seul, ses sens aiguisés signalent à nouveau ! Il s'accroupit, ce qui déséquilibre l'oumou qui l'attaquait de derrière. Il pense un instant à saisir son bâton, mais il va utiliser une autre stratégie.

Il s'assure qu'il n'y a pas d'autre menace alentour d'un bref regard, il a fait le tour. Il sourit et se met en garde. Depuis la dernière fois qu'il s'est fait attaquer par des oumous, il s'est préparé à une revanche.

Il fige et attend, contrôlant sa respiration, l'ironie était qu'il était à nouveau chassé comme une vulgaire proie, alors qu'il était devenu, depuis son arrivée au Hunan, une formidable machine de guerre. Il s'agissait cette fois d'un combat entre prédateurs.

Les canidés grondent en se rapprochant, il jauge qui est l'alpha. Lorsqu'il l'identifie, il fait semblant de se découvrir, lui offrant une prise aisée. Ce dernier ne se fait pas privé et passe à l'attaque Qun bondit et frappe trois fois des points vitaux du oumous autour de la tête. Le temps de toucher le sol comme prévu, le second oumou attaque à son tour gueule ouverte.

Qun saisit son bâton instantanément. Le détend et l'enfonce profondément dans la gueule de la bête. Cette dernière, ainsi empalée, meurt instantanément. 

Il se retourne alors vers l'alpha, très lent et sonné par la précision des coups reçus et qui pourtant tente de l'attaquer, mais Qun le frappe et le retient au sol. L'animal grogne, jappe et tente de se dégager.

Mais la prise de Qun sur son cou est ferme et assurée, il finit par sombrer dans un sommeil semi-coma.

Satisfait, Il se redressa et sourit en réalisant le chemin parcouru depuis son arrivée. Il se tâte et vérifie qu'il n'a pas été blessé et la réponse est négative.

Qun se considérait comme un Yokai, et ses exigences en terme de performances étaient hautes, il devrait toujours être à la hauteur de ses frères d'armes, il pensait à cet instant, tout particulièrement à la confiance que lui accordait Zartan leur chef emblématique.

Du haut de ses deux mètres de hauteur, il souleva les deux bestioles et les mît à l'épaule et reprit sa route. vers la vallée.






Les Derniers Gardiens : Le Sang des ArchibaldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant