La demoiselle sans fortune

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- Allons ! parlez Mademoiselle, frappa l'homme avec force sur la vielle table en bois.

Enfermée depuis trois jours dans une petite cellule, une demoiselle sans grande fortune et héritage, était plus fatiguée que jamais. Elle était assise sur une chaise en bois bancale et martyrisée par la question.

- Je n'entends rien à ce que vous me dites, Monsieur le commissaire.

Le commissaire le Floch s'agenouilla devant la jeune femme. Il lui parla à voix basse pour ne point être entendu par ses confrères.

- Marie, parlez je vous prie, ou vous serez jugée coupable de la mort du Commissaire de Vardes.

- Mais je suis innocente !

- Je sais que vous étiez mêlée à l'affaire concernant le Marquis de Molines. Le commissaire avait inscrit votre nom dans le dossier, retrouvé dans les archives.

- J'avais quinze ans ! insista Marie. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Et j'ai aidé un homme, qui pour moi, était innocent.

- Mais il ne l'était pas, gronda le Floch.

- Comment aurai-je pu le savoir ? sanglota Marie.

- Nul n'est censé ignorer la loi, Mademoiselle !

Marie commença nerveusement à rire tout en ayant les larmes aux yeux. Le commissaire le Floch était déconcerté par cette scène. La jeune femme semblait perdre la tête. Ou était-elle simplement possédée par un mal inconnu.

- Pourquoi riez-vous Marie ? questionna le commissaire les sourcils froncés.

- C'est que... malgré la situation désastreuse dans laquelle je me trouve, j'arrive quand même à trouver un brin d'humour dans vos paroles, qui ne sont qu'un écho du passé. Car le commissaire de Vardes m'a prononcé ladite phrase il y a quatre ans.

- Il avait for raison de vous dire cela.

Les larmes de la jeune femme arrêtèrent de couler le long de ses joues rouges. La tristesse s'était envolée et avait laissé place à l'amertume et la rancœur.

- Un homme recherché n'a rien avoir avec la loi. A l'époque je ne pouvais voir aucune affiche de recherche, que ce soit sur le Marquis ou quelqu'un d'autre. Etant installée à Paris depuis peu de temps, mon père m'avait laissé entre les mains de ma nourrice. Et celle-ci m'interdisait de sortir, par peur de me voir trépasser dans l'une de ces quelconques ruelles infâmes, expliqua Marie.

- Et vous avez préféré laisser entrer un inconnu chez vous, dit le Floch en croisant ses bras sur son torse.

Un frisson parcourut le corps de Marie. Les cordes qui entouraient ses chevilles étaient si serrées, qu'elle ne sentait plus ses pieds, devenus blancs.

- Le Marquis avait un air si triste. Il était apeuré, je l'ai vu dans son regard qu'il était en détresse. Et...

La jeune femme s'arrêta de parler, pensant que ce qu'elle s'apprêtait à dire était ridicule aux yeux du commissaire, habillé de noir de la tête aux pieds.

- Et ? s'exclama le Floch impatient.

- Et il me faisait penser à mon défunt grand-père. Une grande compassion s'est emparée de moi quand je l'ai vu au pas de la porte de ma demeure.

- Raison futile et je ne vois qu'enfantillage dans votre comportement.

- Ne me jugez pas Monsieur. Je suis une personne bienveillante, contrairement à votre confrère le commissaire.

- Allez-y ! Je vous écoute Mademoiselle. Que s'est-il réellement passé, il y a quatre ans, perdit patience le Floch.

La jeune femme soupira. Elle avait essayé tant de fois d'oublier ces événements passés. Se les remémorer soudainement, lui serrait les entrailles. Le commissaire perdit patience et frappa du talon de ses bottes, le sol en pierre humide. Le bruit résonna si fort, que Marie ne put s'empêcher de sursauter.

Les enquêtes de Nicolas le FlochOù les histoires vivent. Découvrez maintenant