Chapitre 10

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( Texte brut )

Malone

Depuis mon retour d'Hillsdale, j'enchaine les combats au Krystal dans l'espoir de me faire remarquer par les bonnes personnes. Entre les entrainements avec mon coach et mes sessions dans la cage, je ne suis plus capable de réfléchir à quoi que ce soit d'autre que ma vengeance. Au fond de moi, je sais que je fais tout ça pour me sentir vivant. Pour oublier cette douleur qui ne me quitte pas depuis mon rapide séjour dans ma ville natale. Je pensais que je pourrais fuir mes sentiments en me concentrant sur mes combats, mais Mary hante chacun de mes mouvements. Penser à elle me fou grave en vrac, je culpabilise de ne pas être à la hauteur, de ne pas être celui qu'il lui faut. Et surtout, j'en crève de lui faire tout ce mal rien qu'en existant ! Mon être tout entier est devenu, en peu de temps, un véritable champ de batail, ma tête et mon cœur s'affrontent H 24 sans relâche !

Comment pourrais-je me permettre d'aimer quand je suis rempli de tant de haine et de rage ? En réalité je suis déjà dead à l'intérieur... Je me sens tellement perdu, tellement seul dans cette guerre interne. Je voudrais pouvoir lui expliquer ce que je ressens, mais comment pourrait-elle me comprendre alors que je pige quedal !? Mary mérite mieux, mille fois mieux

Alors que je me retrouve sur le ring, face à mon adversaire bestial, je me sert de ma culpabilité comme carburant pour affronter mon adversaire. J'utilise chaque coup, chaque esquive pour me punir moi-même, pour me libérer de cette douleur intérieure qui ne me quitte pas. J'ai la rage bouillonner en moi, je la canalise, la transforme en force, en détermination. Je ne peux pas reculer. Je garde mon calme et mes réflexes sont en alerte maximale. J'analyse chaque mouvement de mon adversaire avec une précision chirurgicale, attendant patiemment le moment opportun pour l'attaquer. Et quand ce moment arrive, je me bats comme un animal, comme un lion enragé. Je frappe fort, je frappe vite et je frappe juste. Chaque coup porté, fait mal, pourtant, je continue, j'avance, je ne recule pas. Je suis là, sur le ring, face à mon destin. J'utilise ma douleur comme une arme, comme une force, pour défoncer l'autre mec encore face à moi ne lui laissant aucune chance. Il s'écroule sous mes yeux, m'accordant la victoire. Les spectateurs hurlent mon nom, mais je n'entends rien. Je suis enfermé dans ma bulle, mon monde de souffrance et de rage quand je quitte la cage.

Je me dirige vers le vestiaire, toujours en sueur et enivré par l'adrénaline de ma victoire. Je n'ai pas encore enlevé mes gants de combat que je suis déjà intercepté par Gus, l'organisateur. Il me demande de le rejoindre dès que je serai prêt. Je ne suis pas surpris après ce qui vient de se dérouler, j'attendais cette conversation depuis longtemps. Je hoche simplement la tête en signe d'approbation, ne disant pas un mot de plus.

Je m'installe sur la table pour recevoir les premiers soins, mais je suis étonné de constater que je ne ressens pas de stress ni d'inquiétude. Au contraire, je suis serein. Mes douleurs physiques me rappellent ma propre force et ma capacité à surmonter les obstacles. Je ferme les yeux, laissant le thérapeute s'occuper de mes blessures.

***

Quand, je sors enfin des vestiaires après m'être rafraichi, je suis accueilli par un mec qui m'attend à l'entrée. Son attitude dégage une certaine autorité, je suppose que je dois le suivre. Il m'emmène à travers les couloirs sombres et sinueux du bâtiment, laissant derrière nous le bruit assourdissant de la foule. Je lui emboite le pas tentant de réfréner le sentiment de nervosité naissant au creux de mon estomac. Ça va le faire man. C'est exactement ce que tu voulais, déstresse ! Enfin, nous arrivons à une pièce située à l'écart de la salle principale, à laquelle on accède après avoir emprunté un escalier en colimaçon qui descend vers les entrailles du bâtiment.

La pièce est petite et éclairée par une lumière blafarde qui émane d'un plafonnier nu. Il y a un canapé en cuir vieilli et un vieux fauteuil club en face de moi, mais c'est le bureau massif en bois sombre qui attire mon regard. Derrière, Gus, un homme d'âge mûr m'attend, assis dans un fauteuil pivotant en cuir, l'air indifférent.

—Installe-toi, dit-il. Félicitation pour cette nouvelle victoire.

—Merci m'sieur.

— Tu n'étais pas pressentis pour le titre ce soir, mais pour autant, je ne suis pas surpris à la vue de ton joli palmarès. Et c'est grâce à lui que je t'ai convoqué.

—OK, qu'est-ce que vous attendez de moi ?

—Stan, le boss, a un job pour toi, répond Gus.

—Un job ? Quel genre de job ? demandé-je, faisant mine d'être intrigué.

—Il y a quelques places à prendre dans sa garde rapprochée, il a besoin de s'entouré de personnes de confiance et des meilleurs combattants. Tes victoires et ton attitude, lui font pensée que t'es quelqu'un sur qui il pourrait compter.

Je fais semblant d'hésiter un instant.

—Je suis partant. Qu'est-ce que je dois faire, en gros ? répons-je, finalement.

Le recruteur sourit.

—Parfait, gamin ! Tiens-toi prêt, tu auras les détails au moment voulu, dit-il avant de se relever de son fauteuil en me montrant d'un geste de la main la sortie.

Je m'exécute et prends le chemin en sens inverse avant de quitter le Krystal. Une fois entre les quatre murs sécurisants de mon studio je me traîne avec peine jusqu'au coin cuisine pour me sortir une bière du petit frigo. Mes muscles sont douloureux et chaque pas que je fais me rappelle la violence de mon dernier combat. Des ecchymoses marquent mon visage et mes bras, des coupures et des éraflures recouvrent mes mains et mes jambes. Je me jette sans grâce, dans un grognement de douleur, sur le canapé qui me fais également office que plumard et m'affaire à me rouler un joint. J'ai bien ramassé ce soir. Je suis épuisé. Je sens mon corps trembler de fatigue, mais je suis satisfait. J'ai donné tout ce que j'avais et ça a payé !

Après avoir pris une bonne gorgée de bière et une bouffée de nicotine, je sors le téléphone prépayer du tiroir de la table basse. Sans surprise, j'y découvre de nombreux appels et SMS venant de Mary. Ce sont les mâchoires serrées que je mets en sourdines les notifications de Cookie, pour joindre mon frangin. Jay décroche à la deuxième tonalité :

—Yep !

—C'est fait, lâché-je sans cérémonie.

—T'as un pied dedans ?

—Ouais.

—Comment tu te sens ?

—Comme si j'étais passer sous un bus de pom-pom girls...

Jay ricane à mon allusion foireuse.

—J'ai bien morflé, mais ça en valait la peine de combattre.

—Repose-toi, tu l'as bien mérité.

—Grave !

Jay reprend la parole au moment où je m'apprête à raccrocher :

—Bon boulot frangin, t'as gazé !

—Merci, mec.

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XoXo

MK



Death's Falcons - RubyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant