5h48 AM. Je ne ferme pas l'œil de la nuit. L'épisode me revient sans cesse en mémoire et je n'arrête pas de penser au garçon souffrant sur la civière. Que lui est-il arrivé ? Va-t-il s'en sortir ? Et pourquoi je suis autant bouleversée ? Je vois des dizaines de cas comme ceux-là, ici dans l'hôpital, qui sont parfois même beaucoup plus graves.
Une question me tracasse plus que les autres : qui est-il ?
Il avait l'air d'avoir mon âge, peut-être un peu plus vieux. Mais je voudrais tellement connaître son nom...
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Le lendemain, je descends au premier étage pour déjeuner en ayant du mal à admettre que mon intention principal est de vérifié si le garçon est également présent. Ce n'est pas que je le cherche, mais simplement que je suis curieuse, voilà tout.
Quand je me rends compte qu'il n'est pas là, je me surprends à être triste et à avoir peur qu'il soit mort.
«Arrête, me dis-je. Ce n'est pas comme si tu le connaissait personnellement.»
Pourtant je fais une chose qui m'étonne moi-même : je pars à sa recherche.
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- Non désolé June, j'ai pas vu ce garçon hier soir. J'ai terminé à 18 heures.
Clara, une infirmière dans la quarantaine, est celle qui s'est occupée de moi lors de mon premier diagnostic. Une vague de souvenir me remonte en tête.
C'était l'hiver, de petits flocons tombaient. J'avais seulement 6 ans mais je me rappelle de chaque détail. J'étais à l'école et je venais de perdre une dent. Je souriais à tous mes amis pour leur montrer le gros trou que la dent avait fait dans ma bouche. La cloche sonna. On se dirigea dans notre classe et on s'assit à notre pupitre respectif.
Et c'est arrivé comme ça. Ma respiration est devenue saccadé. Mon cœur a battu très vite et une douleur m'a frappé à cet endroit. Je me suis écroulée.
À mon réveil, j'avais un masque à oxygène sur ma bouche et j'étais branchée à des machines. Les docteurs parlaient avec mes parents, mon père très inquiet et ma mère avec les yeux rougis par des larmes. Ils croyaient que je ne pouvais les entendre.
- Elle est sous-oxygénée, a dit un des médecins. Elle a une maladie rare, une cardiopathie congénitale...
Cela, j'étais déjà au courant. À ma naissance, je suis née avec cette malformation au cœur peu fréquente, aussi appelé «trou dans le cœur». Mon cœur pompe mal mon sang, et cela me cause des essoufflements et des troubles dans mon rythme cardiaque. C'est pourquoi je ne peux courir ou faire le moindre exercice me demandant beaucoup d'efforts. Et ça craint. Je rêve souvent que je cours, avant de me réveiller et me souvenir que je ne vivrai jamais ce sentiment de liberté...
- June va devoir passer beaucoup de tests, a ajouté le médecin. Elle va rester à l'hôpital au moins trois semaines.
Et c'est ce que j'ai fait.
Après cette dure période, des mois et des mois ont passé sans que ma santé rencontre d'autres problèmes. Mais tout a recommencé quand j'avais 13 ans. De retour à l'hôpital et, cette fois, pour six semaines.Mais c'est à l'âge de 16 ans, cette année, que ça été le plus dure. J'ai fait une autre rechute il y a deux mois et j'ai bien failli mourir. Les médecins ont dit que je ne pourrais supporter la prochaine fois. Ensuite, mon état est devenu de pire en pire. À cause du manque d'oxygène, je me réveille souvent avec les lèvres bleues. Maintenant, je dois rester branchée à une machine toute la nuit.
Et je ne peux plus compter les jours qu'il me reste avant de rentrer à la maison ; je vais demeurer à l'hôpital jusqu'à ce que je guérisse, ou jusqu'à ce que je meure...- June, ça va ? me demande Clara.
Je reviens à la réalité et réponds :
- Oui oui. Merci quand même.
Et je m'en vais.
Tant pis pour le garçon. Quelle importance ça a de toute manière ? Je ne sais même pas qui c'est.
Soudain, j'entends un bruit. Un marmonnement.
- Mmmh...
Je m'arrête au milieu du couloir. Le son paraît venir d'une chambre à ma gauche. Je me tourne et aperçois M. Harris, un vieillard très sympathique à qui je parle souvent à la cafétéria. Il dort. Peut-être que c'est seulement lui, qui a ronflé.
- Hey...
Cette fois, je suis certaine que ça ne provient pas de M. Harris. Je me retourne et jette un coup d'œil à la chambre voisine. Sur le lit est étendu un garçon, cheveux cendrés et visage aux traits fins. Pas besoin de plus de temps pour comprendre que c'est le garçon. Celui que j'ai vu la nuit dernière. Celui qui était étalé sur la civière, blême comme un drap. Celui qui m'a regardé droit dans les yeux, et qui me regarde encore en me murmurant un faible «hey».
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Comme promis, voici le chapitre 2 ! Merci énormeeeeeement à tous les lecteurs !!!! Nous sommes présentement à plus de 100 vues, c'est pas beaucoup mais il faut un début à tout :D
N'hésitez pas à commentez votre avis sur ce chapitre, ça me ferait très plaisir!^^Bisouuuuuuu
- cristal_sky
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stay alive
RomanceSi June Roberts ne s'était pas sauvée de sa chambre d'hôpital pour aller chercher une boîte de craquelins au fromage, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle n'aurait pas vu le garçon haletant sur la civière. Elle n'aurait pas pensé à lui toute la...