Chapitre 4

46.3K 3.6K 762
                                    

La pluie qui frappe l'unique fenêtre de ma chambre d'hôpital me réveille. J'enlève mon masque d'oxygène, me lève et regarde à l'extérieur.
«Super... Je vais être coincée en-dedans pour toute la journée.»
Les patients peuvent sortir qu'une fois et c'est l'après-midi, de 13h à 14h.
Je soupire et me regarde dans le miroir. Comme d'habitude, ma peau est pâle, presque blanche, ce qui fait ressortir mes yeux d'une teinte turquoise. Mes cheveux bruns foncés se déposent sur mes épaules en ondulant. Je ne me suis jamais trouvé particulièrement jolie ; je suis maigre et je n'ai pas beaucoup de formes. J'ai 16 ans, mais la plupart des gens me prenne pour une fille de 14, et ça me tape souvent sur les nerfs.

Quand Clara, l'infirmière qui s'occupe de moi, entre dans ma chambre avec mon petit déjeuner, je sais pourquoi je ne peux descendre pour le manger à la cafétéria, comme tout le monde. Environ tous les trois jours, un médecin vient faire des tests le matin pour voir si tout est correct.

Après plusieurs questions et une inspection sévère de mon métabolisme, le médecin s'en va en me disant que mon état ne s'est pas aggravé, sans s'améliorer pour autant.

Vers 12h30, je descends au premier étage pour dîner. Là-bas, je me place en fil pour recevoir le repas, des nouilles avec une sauce blanche ayant l'air peu ragoûtante. Devant moi se tient M. Harris, un vieillard très sympathique, avec une petite moustache et des cheveux gris.

- Bonjour June ! me dit-il, s'accotant sur sa canne.

- Salut ! Quoi de neuf, M. Harris ?

- Oh, je vais être changé de chambre aujourd'hui, car ma voisine passe ses nuits à ronfler et je suis incapable de dormir.

- C'est Mme Rogers ? je demande.

- Oui, je te souhaite de ne jamais être sa voisine de chambre. Au revoir !

Après cette conversation palpitante, il prend son repas et va s'asseoir. Je prend aussi mon cabaret et cherche du regard Molly, qui est ma seule véritable amie ici, mais je la trouve nul part. Je m'apprête donc à aller manger seule, quand j'aperçois nul autre qu'Alex Young, assis à une table. Il est branché à une petite machine portative et il porte des pantalons gris et un chandail blanc, les vêtements qu'on nous donne à l'hôpital. Il n'a plus son bandage à la tête, mais encore un au ventre. Malgré cela, je ne peux m'empêcher de le trouver beau, à un tel point que, quand il se retourne et m'aperçoit, ça me prend un moment avant de détourner les yeux.

Super, maintenant il va penser que je l'espionne. Ce qui n'est pas le cas, bien entendu.

- Hey, June ! crie Alex.

Il me fait signe de venir s'asseoir à côté de lui. Et c'est ce que je fais.

- Salut, dis-je en déposant mon cabaret sur la table.

- Ça va ? Je t'ai pas vu ce matin au déjeuner.

- Je passais des tests.

- Des tests pour quoi ? C'est quoi ta...

Il ne termine pas sa phrase.

- Ma maladie ? je demande.

Il hoche la tête.

- J'ai une malformation au cœur.

- Oh.

Nous restons en silence un moment puis Alex, l'air inquiet, dit :

- Et c'est grave ? Je veux dire... T'es pas en phase terminale ?

- Non. Pas encore.

Alex baisse la tête et mange une bouchée de son repas. Je regarde par la fenêtre à côté de nous et m'exclame :

stay aliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant