Elsa patientait dans le hall, comme prévu. Les autres élèves de sa classe arrivaient par petits groupes.
Lorsque les accompagnants furent là, le groupe se dirigea vers le car, d'un jaune tape-à-l'œil, qui les attendait en vrombissant. Les camarades de la jeune fille la bousculèrent pour se précipiter dans le véhicule. Elsa y grimpa en bonne dernière. Avisant les places restantes, elle se rendit à l'évidence : il ne restait plus qu'un siège de libre, au fond, à côté de... Jasmine.
La blonde soupira. Voilà qui était embêtant. Elle se résigna à lui demander d'ôter son sac de la place libre.
- Jasmine ? Tu pourrais enlever ton sac, pour que je puisse m'installer ici ?
Cette dernière toisa froidement Elsa, tandis que les deux autres membres de son groupe d'amies - Inès et Grâce - se moquaient ouvertement.
- Je ne vois pas pourquoi je te ferais ce plaisir, l'anomalie.
Encore ce surnom, qui la collait partout où qu'elle aille. Tous les partcipants de la sortie ricanèrent. Vexée, Elsa se mordit la lèvre inférieure mais ne dit rien. Elle revint sur ses pas et attrapa une barre métallique pour se tenir.
Une vingtaine de minutes plus tard, le bus s'arrêta enfin. Avec soulagement, la jeune étudiante en sortit hâtivement. L'air frais de l'extérieur lui fit du bien.
Les accompagnant leur rappelèrent, comme à chaque sortie, qu'ils étaient priés de se tenir à carreau, au risque de se voir interdire la prochaine sortie et d'écoper d'une sérieuse punition : l'internat se souciait de sa réputation.
Lorsque leur discours fut achevé, les élèves se dispersèrent par petits groupes. Elsa, quant à elle, rejoignit joyeusement la librairie de la ville.
Depuis la première fois qu'elle avait eu l'occasion d'entrer dans ce commerce, la blonde n'avait pu s'empêcher d'y revenir à chaque sortie. Au fur et à mesures de ses visites, elle s'était faite de la libraire une bonne amie. Elles avaient un passe-temps commun : la lecture. En effet, Elsa économisait précieusement le pauvre argent de poche qui était distribué aux pensionnaires. Elle pouvait ainsi s'offrir, de temps à autre, un livre flambant neuf.
La jeune fille marchait donc en direction de ce fameux endroit. Elle sentait tous ses tracas s'envoler, comme emportés au rythme du vent. Ses pieds avançaient tout seuls, ses bras ballaient librement.
Sur le chemin de la librairie, Elsa devait passer devant la boutique de vêtements prisée par Inès, Grâce, Jasmine et leur suite. Ces dernières ne manquaient jamais de lui faire des crasses dans ces moments-là, loin des professeurs.
Effectivement, cette fois encore, le trio ne laissa pas passer l'occasion de l'embêter.
- Alors l'anomalie, on se promène toute seule? Ah oui, c'est vrai, j'avais oublié que tu n'as pas d'amis !
Des ricanements suivirent. Elsa avait immédiatement compris qui lui avait parlé. Inès. Elle serra les poings en se retournant. Les trois amies se tenaient derrière elle.
Elsa sentit sa colère éclater, tourbillonner autour d'elle tel un cyclone. Elle n'avait pas remarqué, mais le vent s'était levé. Ses cheveux battaient ses oreilles. Dans un accès de fureur rare, la jeune fille répliqua:
- Oh, tu sais, je crois que tu n'as pas beaucoup plus de vrais amis que moi, demande donc à tes deux larbins !
Inès en resta bouche bée, outrée qu'elle ait osé lui répondre. Ses acolytes ne surent qu'ajouter à ça, mais tous parurent impressionnés par une chose qu'Elsa ne perçut pas.
Serrant les dents au point que celles-ci grincèrent, la jeune fille se retourna, pensant poursuivre son chemin. Mais elle fut arrêtée dans son élan par une paire d'yeux bleu-vert qui la fixaient mystérieusement. Le propriétaire de ces iris, un garçon brun d'environ son âge, voire un peu plus, était attablé à un café, lisant le journal.
Le jeune homme ne la lâcha pas du regard, et Elsa finit par se sentir embarrassée. Elle préféra continuer de marcher en direction de son objectif, la librairie.
Mais elle ne put se débarrasser de la désagréable impression que les yeux d'une couleur si particulière étaient toujours fixés sur sa nuque.
***
Les pieds au dessus du vide, Elsa réfléchissait. Elle n'aurait sans doute pas dû répondre à Inès, mais cela lui avait fait du bien. Elle s'était sentie puissante, pour une fois. Leur bande avait vraiment eu l'air effrayée, lorsqu'elle s'était énervée.
Un éclair bleu-vert attira son attention depuis les bois. Elle plissa les yeux pour essayer de voir quelle en était l'origine, mais avant qu'elle n'en ait eu l'occasion, elle sentit une présence derrière elle.
La jeune fille bondit sur ses pieds, en alerte. Personne n'était censé connaitre ce lieu. Qui pouvait-il donc bien être là? Surement pas un élève, ni un professeur. Elle se retourna pour faire face à une silhouette encapuchonnée, vêtue d'un manteau noir qui lui descendait jusqu'aux pieds. Sur son épaule, un œil blanc brodé la fixait.
Elsa recula, sentant instinctivement la menace émaner de cette personne. Elle se rendit compte qu'elle courait lorsqu'elle vit les bois se rapprocher. Malheureusement, l'étrange silhouette n'allait pas la laisser partir si facilement. Elle fit un signe de le main et deux personnes encapuchonnées, dans la même tenue que la première, surgirent des buissons, réduisant tout espoir de fuite à néant.
- Gethen, commença une voix de femme, appartenant à un des nouveaux arrivants. Fouille dans sa tête, je veux savoir ce qu'elle sait.
Elsa déglutit. Comment ça, fouiller dans sa tête ? Allaient-ils lui ouvrir le crâne ?
Le dénommé Gethen se contenta de poser ses doigts sur ses tempes et de fermer les yeux. La jeune fille se demandait si il allait partir en séance de méditation lorsqu'elle sentit un grand froid lui traverser l'esprit. Elle frissonna de la tête aux pieds.
- Étrange... elle n'a aucun souvenir de ça, Gisela. Mais ce n'est pas grave, je suis certain que c'est bien elle, annonça Gethen.
Gisela ? Gethen ? Quels noms étranges, songea Elsa.
- Nos noms sont parfaitement normaux, répliqua glacialement Gethen.
Elsa sursauta. Comment pouvait-il savoir ce à quoi elle pensait? La troisième silhouette, qui n'avait pas encore pris la parole, s'avança.
- Ne traînons pas, on doit se dépêcher de repartir. Plus vite ce sera fait, moins on a de chances de se faire repérer.
- Vas-y, dans ce cas, Alvar, répondit Gisela, agacée.
C'est alors qu'Alvar... disparut! Un instant plus tard, Elsa sentit des bras invisibles l'attrapper et l'empêcher de bouger. Elle essaya de se débattre mais il la serrait trop fort dans l'étau de ses bras.
Soudain, l'éclat bleu-vert refit son apparition. Le garçon brun était de retour. Que faisait-il ici ? Il était accompagné d'autres personnes, cette fois-ci. Une fille blonde et aux yeux bruns se trouvait à ses côtés, tout comme une brune qui ressemblait beaucoup au garçon. Lorsqu'ils bougèrent, Elsa aperçut aussi deux jeunes hommes : un aux yeux bleu glacier et un au yeux pervenche. Ils étaient tous habillés étrangement : beaux habits sophistiqués, longues capes chatoyantes. A voir leur posture, ce n'étaient pas des alliés des manteaux noirs.
La suite des événements fut très confuse pour Elsa. Des éclairs de lumière fusèrent, accompagnés de détonations. Dans la mêlée, la jeune fille se retrouva projetée au bord de la falaise. Sonnée, elle ne put se raccrocher à quelque chose. La dernière image qu'elle perçut, tandis qu'elle chutait, fut celle de la fille aux yeux marron sauter dans le vide pour essayer de la rattraper.
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꧁𝐏𝐑𝐎𝐉𝐄𝐓 𝐄𝐋𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓𝐀𝐑𝐈𝐒꧂ [ғᴀɴғɪᴄᴛɪᴏɴ ɢᴅᴄᴘ]
FanficEt si... le Cygne Noir n'avait pas été le seul à créer son projet ? Si les Invisibles aussi avaient eu cette idée ? C'est ainsi qu'a été créé le Projet Elementaris. Un projet censé faire naître un elfe contrôlant tous les éléments. Malheureusement...