Rencontre

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30 août

Il est 19h, je constate en jetant un coup d'œil à mon téléphone. Je presse le pas en me rendant compte que je suis déjà en retard. En passant dans l'entrée le grand miroir attire mon regard. Ça fait longtemps que je ne m'étais pas apprêtée.

Depuis ma rupture au début de l'été je n'avais fait aucun effort : je restais en pyjama toute la journée. Dylan, mon ex m'avait largué de la sorte, un mois plus tôt : « C'est l'été et j'aimerais m'amuser, en plus je me suis lassé de toi ». Alors ma confiance en moi avait chuté ainsi que mon côté coquet. Sa phrase résonnait en boucle dans ma tête lorsque je m'apprêtais à sortir ou à me faire belle, juste pour moi.

Les gens partent, mais là manière dont ils partent, reste.

Mais aujourd'hui, c'est différent. Je dois me rendre à la fête des voisins. Alors j'ai porté un débardeur blanc, qui contraste avec ma peau mate ainsi qu'une jupe noire que je trouve à présent trop courte. Alors toujours devant le miroir, je songe à remonter dans ma chambre pour me changer. Mais en voyant l'heure et me rappelant que je suis pressé, j'abandonne l'idée. En cette fin d'été une jupe convient parfaitement.

Je sors précipitamment de ma maison sans vraiment savoir si j'ai fermé la porte à clé. Tant pis, impossible que je me fasse cambrioler ici. Je traverse mon jardin puis attache mes cheveux bouclés en un chignon rapide. En arrivant sur la rive, je lance mon sac dans la vieille barque en bois et monte à mon tour dessus. Je rame quelques minutes pour traverser le lac et bientôt atteint la rive opposée. J'habite sur une île, dans la continuité de la rue dans laquelle je suis conviée pour la fête des voisins. Ils m'ont quand même invité, sachant que je n'habite pas dans leur rue, c'est vraiment attentionné de leur part.

Depuis que j'habite ici, je ne leur ai presque pas parlé car j'ai toujours manqué la fête des voisins. Uniquement à une famille : ceux qui habitent maison en face de la rive. Un jour de pluie, il y a un an de ça, j'attendais devant, ne pouvant pas traverser à cause du courant.

La propriétaire m'a chaleureusement proposé d'attendre que la pluie passe chez eux. Elle et son mari étaient très gentil, mais son fils qui avait l'air d'avoir mon âge semblait froid avec une sorte du curiosité détaché. Je dois dire que je le trouvait mignon, il avait un joli visage. Je l'ai recroisé quelques fois mais je n'ai jamais revu ses parents.

A présent, je me trouve devant la maison où se déroule la fête. La musique est audible depuis l'extérieur. Je rattache mon chignon et sonne. C'est le voisin qui m'avait accueilli chez lui l'an dernier qui m'ouvre la porte. Son teint est gris, comme de l'acier et les cernes sous ses yeux sont semblables à de lourdes poches de glace. Il affiche un léger sourire forcé, alors que la tristesse dans ses yeux le trahis. Puis, se racle la gorge, comme pour changer de personnage. En un rien de temps, il affiche une expression joviale sur son visage :

- Bonjour Chiara, ça fait longtemps qu'on ne t'avais pas vu !

- Bonjour, monsieur ! Je répond un peu désemparée par son changement d'expression faciale.

-Oh je t'en prie ne m'appelle pas comme ça. Il dit sur le ton de la rigolade. Appelle moi Jeremy. Suis moi, la table est par là.

En le suivant, je jette un coup d'œil aux personnes présente. La soirée à du commencer depuis longtemps, étant donné que la plupart des adultes sont ivre. Sur le chemin, je vais les saluer et remarque qu'il n'y a que des enfants de bas âge. Je soupire discrètement : je sens que je vais m'ennuyer. Personne ne semble avoir le même âge que le mien. Même si j'ai 19 ans, je ne me considère pas comme une adulte : mon âme d'enfant est encore trop présente. En me lamentant intérieurement, je prend une boisson au buffet.

Les pluies de l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant