[Partie II] XIV - Valentina

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Ne travaillant pas ce jeudi après-midi, j'en profite pour me promener dans les rues de la ville avant d'aller à ma seconde séance. Je regarde les vitrines, me demandant ce que je pourrais bien ramener à Sara ce soir. Même si durant ces nombreuses années, je n'ai pas utilisé les us et coutumes de sociabilité, je les connais. Mais jusqu'à récemment, pour être honnête, je m'en foutais royalement. Il suffit de demander à Danny le nombre de fois où j'ai enfreint toutes les règles de savoir-vivre. Mais cette fois, j'ai envie de faire les choses bien.

Le souci, c'est que je ne connais rien de leur goût et je ne veux pas arriver avec un bouquet de fleurs. Désolée, mais ça ce n'est vraiment pas moi. Je veux bien faire un effort, mais pas non plus complètement changée. Le côté fleur bleu, très peu pour moi. Et en passant devant une boutique de fringues, ma conscience me le confirme. Les robes exposées en vitrine, me filent la chair de poule. Je ne pourrais jamais mettre... ça. Comment je fais avec ce truc pour me défendre en cas d'attaque ? Où je planque ma lame ? Et mon flingue ? Ok, pour le moment, je n'en ai plus, mais, j'ai bien l'intention d'en récupérer une. Mais Andréa m'a parlé de passer mon permis de port d'arme pour être en règle... pour une fois.

Je pourrais peut-être en toucher deux mots à Ethan. Après tout, il voulait qu'on apprenne à se connaître. On pourrait aussi le faire dans un stand de tir. Je suis certaine que je serais meilleure que lui. Peut-être que je lui proposerai la prochaine fois que je le croiserai. En attendant, ça ne résout en rien mon problème de bienséance qui veut que j'arrive avec quelque chose dans les mains ce soir. En plus, il y a aussi leur fille, enfin ma nièce. Je ne l'ai jamais vu. Il me semble qu'elle est née au mois de septembre, ce qui lui fait donc désormais quatre mois. J'offre quoi à un bébé de quatre mois ? Bordel, mais pourquoi j'ai accepté d'aller dîner chez eux ?

Je décide d'oublier les achats que je dois faire pour le moment et prends la direction du cabinet de ma psychologue. D'ailleurs de quoi va-t-on bien pouvoir parler aujourd'hui ? J'ai l'impression de lui avoir tout dit lundi. Que pourrais-je ajouter de plus à mon histoire ? Une fois dans le hall de l'immeuble, je m'engouffre dans la cabine de l'ascenseur et appuie sur le bouton du quinzième étage. La montée se fait trop rapidement à mon goût. Les portes s'ouvrent déjà sur l'accueil du cabinet où exercent plusieurs médecins. Je m'avance jusqu'au bureau de la secrétaire et donne mon nom, avant qu'elle ne m'envoie vers la salle d'attente.

Une dizaine de minutes plus tard, je m'installe dans le fauteuil dans lequel je me suis tant confié. Le docteur Markson s'installe face à moi avec son bloc-notes et son stylo. Elle relève son visage vers moi et m'accueille d'un sourire.

— Bonjour Valentina. Comment allez-vous aujourd'hui ?

— Bonjour. Je suppose que je vais bien.

— Vous supposez ?

— Je n'ai jamais cherché à savoir comment j'allais.

— Personne ne vous le demande ? Votre famille, vos amis ou vos collègues ?

— Non.

— Eh bien, moi je vous le demande. Donc, comment vous sentez-vous ?

Je réfléchis à ma réponse. Je tente de savoir ce que je ressens. Et pour une fois, je réponds sincèrement.

— C'est difficile à dire. D'un côté, je me sens bien, parce que je renoue avec mes frères, j'ai un boulot, des personnes que je pourrais considérer comme des amis. Mais d'un autre côté, je me sens mal.

— Qu'est-ce qui vous fait vous sentir mal ?

— Mes... mes réactions avec les autres. J'ai beaucoup de mal à gérer ce que je ressens.

La vengeance de Valentina [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant