L'année dernière, quand j'ai commencé mes études d'information et de communication, j'ai rencontré un groupe de filles avec lequel j'ai passé énormément de temps. J'ai vraiment cru que ces filles resteraient à jamais dans ma vie. On m'a toujours dit que les personnes que l'on rencontrait à l'université seraient nos amies pour toujours, que c'était ces amitiés-là, les plus fortes, les plus sincères... Au début, cela se passait plutôt bien. En plus, j'en connaissais une que j'avais déjà croisée quelques années auparavant à un concert de Muse. J'étais contente de repartir sur de nouvelles bases solides. Elle s'appelait Marine. Et puis, rapidement, on a fait la connaissance de Manon et de Juliette. On était les 4 super nanas, c'était génial ! Je me disais qu'elles seraient mes meilleures copines pour toujours.
J'avais tort. Comment ai-je pu être assez naïve pour croire qu'au bout de seulement quelques semaines, on serait les meilleures amies du monde ? Je sais aujourd'hui qui sont mes meilleures amies seulement parce que ce sont des personnes qui sont toujours là pour moi. Ce sont des personnes qui, peu importe le nombre d'années passées, seront toujours dans ma vie. Ce sont des personnes qui, malgré les échecs, malgré les éloignements possibles, reviendront toujours vers moi. Ce sont les seules personnes qui peuvent avoir ce qualificatif. Ce ne sont pas ces gens qui nous donnent la sensation d'être les meilleures personnes au monde pendant quelque temps et qui, après, ne reprennent plus jamais contact avec nous, qui nous oublient totalement et nous ignorent en disant : « Comme tu as changé !». Tout le monde évolue et change, c'est normal.
Cependant, au fur et à mesure que les semaines passaient, je n'étais pas tout à fait à l'aise avec elles, je n'étais pas réellement moi-même, restant toujours dans la retenue et m'effaçant complètement. J'appréciais leur présence et elles étaient vraiment très sympathiques. Mais, à cette époque, je n'avais que vingt ans, j'étais jeune, encore très timide, et surtout, je n'avais pas du tout confiance en moi.
Au fil de l'année scolaire, j'ai commencé, petit à petit, à moins les fréquenter. Pourquoi ? Je ne le sais pas vraiment. Peut-être que ce n'était pas vraiment des amies. Peut-être qu'elles m'ont trouvée bizarre, qu'elles se sont dit que j'étais trop différente. Je peux le comprendre. C'est pourquoi j'ai commencé à me sentir mise de côté lors de nos rendez-vous, de nos cours et de nos sorties.
Pourtant, je suis une fille simple qui aime faire la fête, voir ses amis, aller à des concerts, aller au cinéma, regarder des films et des séries, passer du temps avec sa famille, voyager et par-dessus tout jouer au bridge.
Vous vous demandez sûrement comment il est possible qu'une jeune femme comme moi joue au bridge à son âge. Eh bien, figurez-vous que ce jeu séduit des joueurs de tout âge.
J'ai commencé à jouer au bridge le dernier mois de ma dix-septième année. J'ai participé à beaucoup de compétitions pour les jeunes de moins de vingt-six ans. C'est au mois de décembre de ma première année de bridge que j'ai disputé une compétition dédiée aux jeunes qui s'est déroulée aux Pays-Bas. Nous nous sommes affrontés entre quatre pays : la Belgique, la France, l'Angleterre et les Pays-Bas. Chaque année, le pays hôte change. Comme les choses devenaient un peu plus sérieuses avec Eden, j'ai demandé à avoir une chambre d'hôtel double pour lui et moi. La fédération a accepté sauf que, bien entendu, il devait régler la moitié de la chambre, ce qui, à mes yeux, semblait tout à fait normal.
Aujourd'hui, avec Eden, on a décidé de sortir un peu, pas trop loin de chez moi. C'est un quartier étudiant où les jeunes sortent boire un verre à toute heure de la journée. Et, évidemment, comme d'habitude, nous, avec un joint à la main.
- Tu veux tirer dessus ? Me propose-t-il en me tendant le joint
- Pourquoi pas, répondis-je alors que nous étions en pleine matinée, maintenant habituée à fumer quotidiennement.
Alors que nous nous promenions dans les alentours de mon quartier, je croise mes amies de l'université. Malheureusement, comme je ne m'occupe plus de moi, je ne suis pas très présentable. En effet, j'ai les cheveux attachés, avec une "tomate" sur la tête, un jogging noir, un pull trop grand pour moi et une veste d'hiver. De loin, je les aperçois, elles parlent de moi, du moins, c'est l'impression que j'ai. C'est étrange de les ignorer, mais je ne me sens pas suffisamment à l'aise pour aller les trouver et leur parler. J'aurais aimé en avoir la force et le courage, mais je me sens nulle, inutile, et elles ont l'air de s'amuser sans moi. Finalement, je ne suis pas indispensable. Surtout que, récemment, dans une conversation messenger où nous étions toutes ensemble pour un travail de groupe, j'ai été éjectée par manque d'implication et de rigueur. J'ai bien admis leur décision car je n'avais pas fait ma part, mais je me suis sentie quand même extrêmement rejetée.
- Attention, me dit Eden alors que je fumais tranquillement.
Au début, je ne comprenais pas pourquoi il me disait de faire attention, mais quand l'agent de police vint me trouver, je compris alors que j'étais dans l'illégalité la plus complète. Il me demanda ma carte d'identité.
- Mademoiselle, est-ce que vous savez que ce que vous faites est interdit en Belgique ? me demande-t-il sur un ton sévère.
- Non, je n'étais pas au courant, je suis vraiment désolée, monsieur l'agent.
- Je vais seulement vous donner un avertissement pour cette fois-ci, mais ne recommencez pas, d'accord ?
J'acquiesçai, ne voulant pas créer de problème. À la base, je suis une fille plutôt sage. Quand j'étais petite et que je n'avais pas encore l'âge requis pour voir les films interdits pour les moins de 12 ans, je me cachais les yeux lorsque je passais devant la télévision et cela faisait beaucoup rire ma mère.
Néanmoins, je compris dès lors que j'allais recevoir une lettre d'avertissement à la maison sous peu, qui expliquerait les faits qui se sont déroulés. J'angoissais que ma mère tombe dessus. Après qu'il partit en me rendant ma carte d'identité, je soupirai de soulagement.
- Viens on rentre à la maison, me dit-il, pressé de partir de là.
J'étais à la fois partagée entre l'apaisement qu'il ne soit rien arrivé de grave et l'angoisse de devoir guetter la boîte aux lettres plus vite que ma mère. Évidemment, le fait d'avoir croisé ces filles n'a pas aidé non plus à calmer mon anxiété qui, en réalité, ne faisait qu'augmenter depuis quelques semaines. Comment allais-je faire ? Surtout que, bientôt, il allait y avoir la période de blocus (période où on reste à la maison pour étudier) et, surtout, les examens début janvier. Je n'avais rien suivi aux cours de la fin du semestre. J'avais manqué la plupart d'entre eux, j'étais profondément dans la merde !
Aujourd'hui, je ne regrette absolument pas le chemin que j'ai emprunté dans mes études, car je suis heureuse avec ce que j'ai entrepris et accompli. Mais, je regrette de ne pas m'être posé les bonnes questions sur ce que je voulais vraiment dans une relation amoureuse et choisir la personne avec qui partager un bout de chemin. Je n'ai pu répondre à cette question que récemment : Une passion commune & jouer de temps en temps au bridge ensemble, avoir l'impression d'être avec mon meilleur ami, me sentir aimée, écoutée et que mes sentiments soient pris en compte et vice-versa, partager mes petits problèmes et joies du quotidien avec lui, et inversement. Apprendre à le connaître, prévoir de faire des trucs et de se voir le plus souvent possible dès qu'on en a l'occasion, se parler au téléphone plus ou moins une fois par semaine, avoir l'impression que je lui plais physiquement, et ressentir qu'il pense à moi au lit, qu'il soit libre et heureux, mais qu'il n'oublie pas que j'existe et qu'on soit fidèles et exclusifs l'un à l'autre amoureusement et sexuellement parlant.
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Cauchemar éveillé
Non-FictionPreview de mon premier livre. Une histoire entre réalité et fiction. Dans ce livre, aucun vrai prénom, ni lieux ne seront jamais mentionnés. Tous ont été changés pour préserver la vie privée de mon entourage