𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓. 𝘓𝘦 𝘔𝘪𝘳𝘰𝘪𝘳 𝘥𝘦 𝘓'𝘈̂𝘮𝘦

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P o i n t d e V u e
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T h e o L o w e




















Un con.

Un vrai con. Voilà ce que j'étais.
Parce qu'il fallait sacrément l'être pour avoir lancé une telle phrase en guise de salut. Je devais avoir l'air bien niais et débile de cette façon.

J'espère te revoir un jour. Enfin, au revoir, c'était sympa de te revoir aujourd'hui.

Ridicule que j'en échappais un soufflement du nez. La gêne me traverse l'échine, et paralyse chacun de mes pas.


Le ciel s'était transformé en un bleu éclatant, une toile d'azur qui semblait effacer d'un coup de pinceau le gris qui avait étouffé la ville toute la matinée. Un bleu saisissant, contrastant énormément avec ces grands immeubles où venait de se fondre ces cheveux sombres.

Mon attention est soudainement capturée par une affiche. Elle est grande, presque déchirée, accrochée à un balcon qui semblait bien en mauvais état. Une série de chiffres, formant un numéro de téléphone, est inscrite au-dessus du nom de l'agence immobilière.

Un appartement à vendre.

Je n'avais jamais eu l'occasion de vivre de moi même, indépendamment de mes parents. Enfin, si on ne comptais pas l'expérience similaire que j'ai pu vivre lors de mon service militaire. Près de sept ans. Sept ans où je pensais d'ailleurs commencer une nouvelle vie.

Et maintenant, me voilà à essayer d'en construire une nouvelle.

Le ciel se dégageait. Quelques rayons de soleil s'immisçaient, apportant une lumière dorée à ce quartier où le gris froid prédominait. En repliant mon parapluie, je sors successivement mon téléphone de la poche de mon pantalon, scrutant l'heure affichée sur l'écran qui s'illumine.

On approchait les onze heures et, je devais m'accorder une pose si je voulais digérer correctement les refus qu'on me donnait en échange de mon curriculum vitae. Et le seul qui parvenait à me remonter le moral était Luis. Bien qu'on se voyait assez rarement ces derniers temps, je savais pertinemment où il pouvait se trouver à cet heure-ci.

Mes yeux s'abaissent.

Je remarque la flaque proche de mes pieds, qui miroitait à cet instant le ciel parsemé de stratus, apportant un contraste assez profond avec le quartier qui possédait des tons bien plus ternes.

J'aimais observer les flaques d'eau. Particulièrement lorsqu'il s'agissait de flaque d'eau après fortes pluies, lorsque le ciel est bleu et que le calme règne. Ces miroirs originaux, montrant bien plus que ce que la réalité avait à m'offrir.

Toujours le téléphone en main, je fais un pas en arrière, puis déverrouille à nouveau l'écran. Mon doigt active l'icône de l'appareil photo, et je m'efforce de trouver le meilleur angle pour capturer quelques clichés. J'avoue avoir l'air d'un gars bizarre, comme ça.

Heureusement -et étrangement, il n'y avait personne à proximité, ni même un chat pour me juger.

Je quitte aussitôt l'application, puis remarque la présence d'Instagram sur l'écran d'accueil presque vide. Application que Luis m'avait forcé à installer, prétendant que j'avais l'air d'un vieux dépourvu de technologie et que j'avais besoin de me mettre à jour. Bon, il n'a peut-être pas tord sur ce point mais, je n'étais pas trop réseaux sociaux. Je n'étais pas branché social tout court.

LOWEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant