Chapitre 18

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Haly

Los Angeles, 2023

Au cours de la nuit, je sens la présence de Riley dans ma chambre. Je m'éveille difficilement en allumant ma lampe de chevet. Riley semble perdu et bouleversé lorsque je me redresse pour le regarder. Debout, devant ma fenêtre, il retire ses chaussures et sa veste.

- Ça va ?

- Mon oncle a fait une crise cardiaque, son état est critique. On attend des nouvelles. Mais tout le monde craint le pire, chuchote-t-il en prenant place à côté de moi sur le lit.

- Tu as été le voir à New York ?

- Non, mon père voulait y aller malgré nos faibles moyens. Ma grand-mère l'a convaincu d'attendre, car les médecins pensent qu'il a peut-être une chance d'aller mieux.

- C'est le frère de ta mère ?

- Oui, le plus jeune. On a passé la journée au téléphone, inquiet et triste. Ça te gêne, si je passe la nuit avec toi ?

- Non, viens.

Il retire son t-shirt gardant pour seul vêtement son caleçon, et il s'allonge à côté de moi. Son visage d'ordinaire rieur et joyeux est marqué par l'inquiétude. Je me blottis contre lui, tentant de le réconforter dans ce moment difficile. Ca doit être tellement difficile de vivre un événement similaire à son passé. A ce moment où il a perdu sa mère. Je ne vois pas comment le réconforter autrement que par cette étreinte, et je ne sais pas quoi lui dire, donc je préfère garder le silence. Pendant ce long moment où le calme règne dans ma chambre, la lampe sur ma table de chevet reste allumée. Riley est celui qui met fin à ce silence. 

- Ma mère avait deux frères, Garrett, son aîné, et Nicolas, leur petit frère. C'est Nicolas qui est à l'hôpital. La dernière fois que je l'ai vu, j'avais treize ans et il venait d'être papa. A présent, il a trois filles, dont une qui porte le prénom de ma mère. En parlant au téléphone avec ma grand-mère, j'ai entendu sa peur dans sa voix. Si Nicolas ne survit pas, elle perdra un deuxième enfant. Je sais combien la perte de ma mère l'a anéanti, et je sais combien perdre un parent peut être bouleversant. Ma grand-mère ne mérite pas d'enterrer encore un enfant, et mes cousines ne méritent pas de connaître le même sort que moi, dit-il alors qu'une larme coule sur sa joue. 

Je ne sais malheureusement pas quoi répondre pour atténuer sa douleur, n'ayant jamais connu une telle souffrance. Je l'embrasse tendrement, une main sur son torse, je le regarde droit dans les yeux. 

- Il va se battre pour sa femme, ses filles et sa mère. Peut-être que ça lui permettra de s'en sortir. Dans le cas contraire, ce que je n'espère pas, vous serez là, les uns pour les autres. Je serais là pour toi. 

Son bras m'enlace encore davantage, me rapprochant de lui au maximum. Il lie ses lèvres aux miennes dans un baiser passionné.

- Merci d'être là, dit-il simplement. 

Le silence retombe dans la pièce, et sans un mot de plus, il éteint la lumière mettant fin à cette conversation qui doit être difficile pour lui. Nous nous endormons comme la veille, bien que l'ambiance soit beaucoup moins joyeuse. Pas un instant durant cette nuit, je ne quitte pas ses bras qui m'enserrent me maintenant contre lui. Au réveil de ce dimanche matin, c'est la voix de ma mère qui me sort de mon sommeil. 

- Haly, chérie, dit-elle en entrant dans la pièce me découvrant au côté de mon petit ami.

Surprise, je me redresse d'un coup, complètement paniqué de ce face à face imprévu.

- On a juste dormi ensemble, maman, promis. Il avait besoin de réconfort, dis-je sans lui laisser le temps de poser la moindre question ou d'alerter mon père. 

My goal your heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant