Chapitre 33

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Riley

Los Angeles, 2024

Je suis un garçon chanceux, j'en ai pleinement conscience. A seulement dix-huit ans, j'ai failli mourir deux fois, mais la vie a tenu à me garder sur terre. Après avoir frôlé la mort à deux reprises, et avoir obtenu un nouveau cœur de justesse, je vois mon avenir différemment. Tout me paraît différent à présent, je veux savourer chaque instant ! Encore plus depuis que ma petite amie m'a informé de la venue prochaine de notre petit nous. 

Nos familles ont été informées, et bien qu'on soit jeunes, nos proches sont plutôt contents de la nouvelle. Le chemin est encore long avant qu'il ou elle soit là, donc on va faire en sorte de profiter de chaque instant ensemble, et avec nos proches. Mais avant de pouvoir savourer chaque seconde, il me faut d'abord avoir le droit de quitter l'hôpital. Ce qui s'avère bien plus difficile que je ne l'aurais pensé, deux mois dans le coma, nécessite du kiné pour remettre mes muscles en forme, et mon cardiologue préfère me garder à l'œil un moment. 

Je reste donc trois longues semaines supplémentaires à l'hôpital, bossant chaque soir mes cours avec Haly afin de ne pas prendre trop de retard au lycée et d'obtenir mon diplôme comme tout le monde. N'étant pas un mauvais élève, je ne suis pas trop inquiet, de plus, Tom vient souvent m'aider pour réviser. C'est le seul dont j'accepte les visites. Pas que j'en veuille aux autres, loin de là. C'est seulement que Tom est mon meilleur ami, et donc l'un des rares que j'ai besoin d'avoir auprès de moi. 

Après trois semaines supplémentaires, je suis heureux de retrouver mon chez moi, mes habitudes, le calme et ma vie quotidienne. Ce retour à la maison est aussi suivi du retour au lycée, un retour que j'appréhende un peu plus. Notamment, car je n'ai pas encore fait face à Nate et je sais qu'il va falloir que je lui fasse face pour qu'on discute, qu'on s'explique et peut-être aussi qu'il s'excuse d'avoir mis ma santé en danger.

De toute manière, l'importance à présent est que j'obtienne mon diplôme. Le basket ne fait plus partie de mon quotidien, je dois encore attendre un petit moment avant de reprendre le moindre sport d'équipe. Mon rêve de NBA a disparu pendant mon coma, mais je compte tout de même reprendre le sport dès que possible et continuer mes études à l'université. L'importance est d'avoir de quoi me construire un bon avenir professionnel, pour assurer les besoins de mon futur enfant. Je ne sais pas encore vers quelle voie me tourner, mais Haly me rassure continuellement à ce sujet. J'ai encore le temps de réfléchir et de trouver.

Ce matin est officiellement le jour de mon retour au lycée. C'est pourquoi mon père n'a pas souhaité que j'aille encore passer la nuit chez Haly hier. Je suis sortie vendredi soir de l'hôpital, et j'ai passé les deux jours de ce week-end chez elle. Ça me paraît donc un peu bizarre de me réveiller seul dans ma chambre. Je ne m'attarde pas sur mon ressenti, et quitte mon lit pour rejoindre ma salle de bain. Mon reflet dans le miroir me renvoie cette cicatrice que j'apprends à accepter peu à peu. 

Je la regarde plusieurs minutes, reconnaissant de ce qu'elle signifie, mais un peu triste de devoir la porter sur mon corps pour le restant de mes jours. La sonnerie de mon téléphone m'annonçant l'arrivée d'un texto me sort de ma contemplation. Je n'y prête pas attention pour le moment et entre dans la douche. Une dizaine de minutes plus tard, je suis de nouveau dans ma chambre en train de me préparer. Pour la première fois depuis mon entrée dans l'équipe de basket, je ne prends pas ma veste aux couleurs des sharks, que j'ai porté chaque jour de ma vie depuis. 

Ne pouvant plus jouer, je me doute bien que mon rôle de meneur a déjà dû être donné à quelqu'un d'autre, et je ne me vois pas la porter comme si rien ne s'était passé. 

Je quitte ma chambre en la laissant sur le dos de ma chaise. Mon père ne semble pas remarquer mon stress de retourner au lycée, encore plus sans ma veste. Certes, pour beaucoup, ce n'est qu'un morceau de tissus, mais en réalité, c'est un signe d'appartenance. C'était mon ticket d'entrée dans la case des populaires, ma couverture contre la solitude. Même si avec le temps, j'ai pris conscience que je n'avais pas besoin de ça pour être aimé et entouré de mes amis, ça me fait bizarre de ne pas la porter. 

My goal your heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant