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ROCHESTER, NEW-YORK STATEEAST AVENUEJuillet 2016

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ROCHESTER, NEW-YORK STATE
EAST AVENUE
Juillet 2016

Il nous a fallu quinze minutes pour rejoindre East Avenue, le quartier le plus historique de Rochester. Pantoise, j'ai fixé les immeubles et les centres commerciaux défilés sur la route à travers la glace fumée.
On passe près du George Eastman Museum et je me rappelle avoir étudié ce personnage philanthropique en histoire locale au collège.

Un silence de maître régnait dans l'habitacle ; ma mère assise sur le siège passager me jette à plusieurs reprises des œillades. À croire que je pourrais fuguer alors que j'étais bloquée entre une banquette et une ceinture de sécurité.

C'est hallucinant de voir à quel point les choses ont changé en à peine trois ans ! Je ne parle pas seulement de ma mère sénile ou de la voiture pompeuse, mais également de la maison qui se dresse devant moi. Autrefois, on vivait dans un immeuble délabré, niché dans un coin de Beechwood, le quartier qui recueille le plus souvent les sans-abris et les sans-sous. Aujourd'hui l'argent semble couler à flots et ils se permettent de se payer une baraque.

Une baraque de style ranch assez classique, typique des foyers américains. La façade en béton et les encadrements des fenêtres en stuc lui donnent un charme rustique unique. Je ne dirais pas que cette maison est très extraordinaire mais tout le monde aux États-Unis sait qu'il faut au moins avoir un joli pactole de cent mille dollars en poche pour s'en offrir une.

Helen finit par me faire entrer par la porte d'entrée en poussant le fauteuil roulant. Matthew accroche sa veste - lui a eu le temps d'en mettre une - sur le portemanteau à l'entrée.

Je m'acharne à regarder l'intérieur tandis que le couple se déchausse. Les murs sont blancs ayant une légère tendance à virer au gris, gris comme le sont mes yeux argentés. Les pièces sont très minimalistes ne comportant que le strict nécessaire. Un coup d'œil à droit, je trouve la cuisine et un autre à gauche, j'aperçois la télé sur la commode dans le salon.

- Est-ce que tu as faim ? Je peux te préparer quelque chose à manger. Les pâtes carbonara que tu aimes tant, ça te dirait ?

Helen pose ses paumes sur mes épaules. Le contact de ma peau, même sous un pull, avec ses mains froides me fait frissonner mais je m'abstiens de tout commentaire à propos.

- Ça ira, je n'ai pas très faim. Je préfère juste voir ma chambre.
Je suis fatiguée.

Ma première phrase, mes premiers mots. Autant dire que ça a puisé un quart de mon énergie de survie.

- Comme tu veux, chérie.

Elle commence à rouler ma chaise après avoir lancé un mot à Zackary qui réouvre la porte et se glisse sous le porche.

- Tu vas voir, j'ai gardé toutes tes affaires. J'ai toujours su, au fond de moi, que tu me reviendrais.

Moi-même je n'étais pas sûre de revenir alors qu'elle me permette de douter de cette considération à mon égard.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 17, 2023 ⏰

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