🧂Fleur de Sel teintée de rose

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Cela faisait longtemps que je n'avais pas écrit de one-shot ! Celui-ci vient après une inspiration en visitant l'exploitation du sel de la Baleine à d'Aigues-Mortes. Le lieu du récit et la photo ci-jointe vient de ce même endroit. N'hésitez pas y aller c'est magnifique à visiter.

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Nathan laissa ses pas le guider sur les chemins de graviers. Il profitait de la vue imprenable que lui offrait les étendues vertes semblant toucher l'infini du ciel. Au milieu de ce tableau, il nota la présence des vieux remparts d'Aigues-Mortes, ville fermée dont l'accès était plutôt limité en période d'été.

Il ne faisait d'ailleurs pas trop chaud. Un vent léger passa dans ses cheveux aux couleurs du blé et ses yeux marrons comme la terre perçait le moindre mouvement du courant d'air dans cette vue isolée du monde. En quelques pas, dans son short en jean et ses baskets noirs, il commençait déjà à apercevoir les étendues d'eaux aussi roses que de la barbe à papa.

Nathan n'était pas un simple touriste en visite dans l'exploitation du sel. Il était le fils d'un ouvrier, qui travaillait d'arrache pied pour extraire le précieux or blanc. Munis de son badge à sa ceinture, il avait l'autorisation de se ballader dans la mine extérieur tout en ne mettant pas les pieds à n'importe quel endroit. En effet, s'il s'amusait à plonger dans l'eau aux reflets des rêves, il risquerait de briser le précieux écosystème que la nature leur offrait.

Nathan remonta le chemin de croix qui séparait le lac rose en deux. Plus loin, il apercevait les immenses dune de sel, il avait l'impression d'arriver en plein milieu d'un désert blanc. S'accrochant à la lanière de son sac à dos bleu, il entreprit la montée de la plus grande, elle ressemblait à la "Kamelle". Il savait qu'il escaladait du sel, mais Nathan avait plus l'impression de monter un énorme rocher. La surface était presque grise, sauf à certains endroits où l'on pouvait apercevoir quelques cassures refermant plusieurs petits cristaux blanchâtres.

Après son escalade, il arriva en haut de la montagne salée. Qu'elle était belle la vue d'en haut ! Il pouvait l'exploitation dans son ensemble. L'eau semblait si minuscule et les touristes encore plus. Nathan s'asseya au bord, profitant d'être le roi du monde pour quelques instants. Ici, l'eau n'était que des flaques et les dunes des collines aux couleurs des montagnes. Il faisait beau, Nathan était bien, face à lui même.

Après de longues minutes dans le silence et la tranquillité, Nathan redescendit la pente pour reprendre sa route. Un peu plus loin, il vit les grosses machines des ouvriers trainer ça et là. Quels noms étranges ils leurs avaient donnés ! La gerbeuse, par exemple, était ce gros mécanisme ressemblant à une longue tige bleue en ferraille qui permettait d'acheminer l'or blanc dans les camions. Il avait toujours été impressionné par ces grandes structures que conduisait et supervisait son père. Nathan avait une photo de lui-même sur la table du salon, bien plus petit, sourire aux lèvres dans un de ces géants de fer.

Alors qu'il continuait sa traversée en observant les tablées salantes. Il vit au milieu de l'étendue rosée un flamand rose aux ailes déployées. Il était impressionné face à l'un des emblèmes de la Camargue. Il était majusteux et se confondait avec les couleurs de la mer. Sa couleur flamboyante venait des crevettes qu'il mangeait. Ces mêmes crevettes obtenaient ce rose éclatant en se nourrissant d'une algue particulière qui colorait également les eaux salantes.

Nathan était heureux de voir que les oiseaux trouvait refuge dans un coin au calme, loin des travailleurs et des touristes ambulants.

Il repensa aussi désespérément à ce couple qui avait tenté de nager dans le lac. En plus de contaminer l'exploitation, ils avaient eu de gros problème de peaux à cause de la salinité. Que l'homme peut-être bête. Se disait-il en continuant d'avancer sur le bord des eaux euphoriques.

Quelle chance il avait ! Qu'il était beau le paysage ! Le sable n'était qu'un amas de pierres blanches cristallisées comme si milles paillettes s'étaient déposées sur le sol. L'eau le surprenait toujours, réveillant en lui milles et un rêves d'enfant. Les fleuves semblaient sortir d'un nuage sur lesquel on avait versé un énorme lait à la fraise.

Près du musée de la Baleine qui retraçait l'histoire du sel, il s'avança sur le ponton en bois. La surface du sable, ou devrait-il plutôt dire du sel, scintillait mêlant le beige au rose clair. À la surface, les touristes qui avaient souhaité prendre une photo près de l'étendue avaient laissé des traces de pas sur le sable défendu. En arrivant au bout du pont en bois, il s'accouda, lassant ses pensées partir au milieu de l'immensité. Il aimait cet endroit, hors du temps, hors des gens (sauf évidemment les touristes incessant en été), hors du monde. Là où les oiseaux et le sel reposait pour l'éternité.

Une main se posa sur son épaule, il se retourna surpris. Son père aux cheveux grisonnants lui dit :

-Viens par-ici. Partons à la conquête des tables salines.

Écrits Enchainés - Recueil de one-shots et nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant