Chapitre 4 : Réouverture

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Finalement le café a pu rouvrir au bout d'une semaine. Il a été légèrement touché et le propriétaire à tout fait pour que tout soit rapidement réparé. Donc je me retrouve, à quinze heures tapante, à servir des clients tous plus ou moins agréables. Jungkook est malade. Il a la grippe.

Je souffle un coup au bar après avoir servi tout le monde. A peine posé, la porte s'ouvre sur lui et son allure nonchalante qu'il abordait déjà la semaine dernière. Il s'approche du bar et s'installe juste en face de moi.

— Tu es seul Chan ? Étonnant, souffle-t-il assez fort pour que je puisse l'entendre

— Jungkook est malade

— J'espère qu'il ira bien. Je peux avoir un macchiato, s'il te plaît

— Bien monsieur

— Chan, tu peux me tutoyer et m'appeler Minho

— Vous êtes sûr ?

— Si je te le dis, c'est que je suis sûr

— Bien alors

Je me mets à préparer sa boisson. En général, les clients ne me stressent pas autant même quand je me retrouve seul comme aujourd'hui. Sauf que le client n'est pas si ordinaire qu'il paraît. Je termine son macchiato et le sers.

— Tenez

— Tu devrais prendre une boisson Chan, me propose-t-il

Même si je suis assoiffé, je peux attendre un peu.

— Cela ira pour le moment

Je refuse poliment. Son visage neutre devient soudainement froid. Je crois que je l'ai froissé sans le vouloir. Il roule les yeux avant de me fixer droit dans les yeux tout en se redressant un peu. Il est terrifiant à présent.

— Tu n'as pas soif en travaillant tout seul et avec tout ce monde ? A ta place, je boirais immédiatement. Surtout si c'est le fils de ton patron qui l'ordonne

Il prononce cette dernière phrase, son visage presque collé au mien. Je dois être rouge de gêne à présent. Quand il se rassoit, il esquisse un sourire à mon égard. Je déglutis avant de me servir un verre d'eau.

— Tu devrais boire Chan, dit Minho avant de prendre une gorgée de sa boisson

Je m'exécute, je ne veux pas le vexer une nouvelle fois. Je bois donc la moitié de mon verre en moins d'une minute.

— Tu es vraiment un cas Chan, murmure mon client d'une voix tellement basse que je crois halluciné

Je ne dis rien.

— Pourquoi travailles-tu dans un café Chan ? Tu ne sembles pas apprécié les contacts avec les autres

Comment lui expliquer sans lui dévoiler la vérité. Dilemne. Je vais juste lui parler de Jinho et de notre rencontre.

— J'ai croisé une fois Jinho, je l'ai aidé avec ses courses. On a commencé à se voir une fois par semaine pour ses courses. Et il m'a demandé si j'avais un travail. Je n'avais pas réussi à en trouver un quand il me l'avait proposé. Par la suite, il m'a proposé de travailler ici

Je passe le fait que si il m'a proposé, c'est uniquement parce que je lui ai précisé que j'avais un syndrome, mon syndrome.

— Ce n'est peut-être qu'une impression mais tu as l'air d'être intelligent

— Je ne suis pas si intelligent que ça

— Surprenant, je te vois bien être un des meilleurs élèves de la classe

— En réalité, je n'ai jamais été à l'école : j'ai toujours fait à domicile

— Tu es riche ?

— Non, du tout

— Tu étais malade ?

Non mais on me considérait comme tel. J'étais juste Chan, incapable de se mélanger à la société.

— C'est un peu personnel. Je ne veux pas trop en parler maintenant

— Oh, d'accord

J'observe Minho prononcer ces deux mots avec un air déçu. Il est probablement curieux.

— Et vo- toi Minho ? Tu travailles dans quoi ?

— Ne te moques pas Chan

— Ne t'inquiètes pas Minho

De toute façon, c'est dur pour moi de trouver quelque chose de drôle. Il faut toujours tout m'expliquer.

— En réalité, j'ai abandonné mes études. Je suis au chômage, décevant un peu

Il prononce ces trois derniers mots probablement à cause de mon visage surpris.

— Pourquoi tu as abandonné ?

— Je n'y arrivais pas. C'était trop compliqué et puis les études que je faisais ne m'intéressaient clairement pas

— Tu ne t'es pas réorienté ?

— Rien ne m'intéresse réellement

— Tu n'as pas de passions ou de hobbies ?

— Je ne pense pas, je n'ai pas vraiment eu le temps d'y penser. Mon père passe son temps à m'amener à l'autre bout du globe pour trouver des investisseurs pour des nouveaux projets

— Et lors de ces voyages, tu restes juste dans ta chambre d'hôtel ?

— Oui. Je pense à mes chats

— Tu as combien de chats ?

— Trois, Soonie, Doongie et Dori

— Leurs noms se ressemblent un peu

— Ce n'est qu'un léger détail. Et toi, Chan, as-tu des animaux ?

— J'ai une Royal King Charles Spaniel. Elle s'appelle Berry

Dommage que je ne puisse pas la voir plus souvent. Mais heureusement qu'il y a toujours quelqu'un à la maison. Elle ne supporte pas du tout la solitude. Moi, je la supporte avec le temps. On s'y habitue à force.

— On est opposé alors. Mes amis m'appellent l'homme à chats

— Parce que tu as trois chats, je présume

— Oui et aussi parce que je suis "gaga" quand il y a des chats selon leurs dires. Même si je ne vais pas le nier, je suis peut-être un peu gaga des chats

— C'est vrai que les chats sont mignons

— Pourtant tu as une chienne

— Je n'ai pas dit que les chiens étaient moins mignons. A mes yeux, ils sont tout autant mignon l'un que l'autre et je trouve que chacun devrait respecter les goûts d'un tel s'il préfère les chats ou les chiens

— Tu es compréhensif, je n'en croise pas beaucoup des personnes comme toi. C'est un peu étrange

Pas comme si je n'étais pas assez étrange aux yeux des autres. Une alarme venant directement du téléphone nous coupe. Il le sort. Je remarque sa coque, décorée avec des images de trois chats et de stickers, probablement les siens.

— Je dois y aller, merci encore. Tiens l'argent

Il sort un billet et quelques pièces avant de me les donner. Il me salue et se dirige vers la sortie. C'est un peu bizarre de parler avec des personnes. A l'exception de Jungkook, de ma famille et de Jinho, je ne parles pas souvent avec les autres sauf si j'ai vraiment besoin de leur demander quelque chose.

Coffee Man「Minchan」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant