Chapitre 4

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J'étais assise sur le muret quand il s'est approché. Il s'était assis sans rien dire à côté de moi et voilà que je me retrouve seul avec lui. Il avait gardé son sourire habituel et tenait une cigarette entre ses deux doigts. Je n'aime pas quand les gens fument à côté de moi, si j'ai réussi à résister à la tentation de fumer ce n'est pas pour qu'on m'intoxique avec la fumer d'autre fumeur ! Mais je ne dis rien, attendant qu'il dise ce qu'il avait à me dire. Malgré tout il n'avait pas l'air de vouloir me parler, ce qui m'inquiéta encore plus.

-Que me vaut ta présence ? Demandai-je à Nathan.

-Je me disais que tu devais te sentir seul sur ton muret.

Je ne suis pas vraiment le genre de fille à me plaindre d'être seule, ce qui veux dire que ce garçon ne me connais pas du tout. Ce qui me rassure d'un certain point de vue.

-Je suis très bien seul.

-Ça, je le sais. Je n'ai pas dit que tu étais triste, j'ai dit que tu te sentais seule ça ne veut pas dire que tu es malheureuse. Juste que tu es seule.

-Et en quoi ça change quelque chose que je sois seul ou non ?

-Ça change tout. Tu n'es pas heureuse, et c'est pour ça que tu es seule, pour cacher ton malheur.

Je baisse les yeux en me rendant compte qu'il avait raison. Il me connaît mieux que moi je me connais. Je n'osais pas parler de peur qu'il remarque la tristesse dans ma voix et lui, il continuait à fumer comme si de rien était.

-Tu t'es pas fait recaler de Rauchelère, hein ? M'interrogea-t-il.

Et merde ! Déjà que je suis sur le point de pleurer parce qu'il vient de me rappeler que je suis une pauvre fille triste tout droit sorte d'une longue et interminable dépression, mais en plus s'il en rajoute une couche ! Et puis comment il a fait pour le savoir ? Comment ? Comme si ma vie n'était pas déjà assez gâché comme ça, il faut en plus que tout le lycée soit mis au courant que j'ai été viré de mon lycée ! Et pas parce que mes notes sont trop basses, c'est à cause de cette... erreur, cette foutue erreur. J'ai été obliger de changer de lycée car l'ancien ne voulait plus de moi, il me considérait comme... dangereuse.

-Vas-y, remue le couteau dans ma plaie ! Murmurai-je.

Il me regardait fixement comme si son regard était cloué à ma peau.

-Je suis désolé, s'excusa-t-il sur un ton aussi bas que le mien.

Je me tourne vers lui, déterminer à connaître ses sources. Bien sûr, je n'ai pas réfléchi avant de me tourner et maintenant il peut admirer mon visage noyé de larmes.

-Comment tu sais ? Balbutiai-je.

-Je te rappelle que je me trouve à la place juste à côté de toi en maths, je vois très bien que tu es très intelligente : tu réussi tous les problèmes que pose la prof. Et je sais qu'ils sont durs à Rauchelère mais il y a des limites, tu es excellente ! Je ne suis pas totalement con, je sais très bien qu'une fille comme toi ne peut pas se faire recaler.

Il a deviné si facilement que je me demande si les autres ne sont pas au courant.

-Je le dirais à personne, affirma-t-il comme s'il lisait dans mes pensées.

Un long silence passa.

-Je n'aime pas les gens qui fument.

-Alors tu vas me détester !

Et il se leva sans rien dire, comme si de rien était.


Je n'ai pensé qu'a lui pendant toute la matinée. Déjà, j'ai du mal à comprendre pourquoi ce mec est venu me parler. C'est vrai quoi qu'est ce qu'il me veut, je ne lui ai rien fait ! Et franchement il n'était pas vraiment là pour me dire un truc méga ultra important, sinon tout aurait été plus logique. C'est comme si... il lisait dans mes pensées ou quelque chose dans le genre, comme s'il était déjà au courant de tout le reste de ma vie. C'est plus que perturbant. Et puis aujourd'hui, on est jeudi, en dernière heure j'ai maths et je ne me sens pas trop d'affronter son regard.

Au bord du gouffre [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant