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Probablement à cause de la menace d'une tempête imminente, le quartier est peu fréquenté. Suu se demande comment ils vont trouver le bon endroit : les pubs ce n'est pas ce qui manque. La visite du premier comptoir venu se solde par un échec. À part des travailleurs de nuits et des ivrognes, aucun ne correspond aux souvenirs des objets et aucune trace sur eux de tatouage spirituel.

Après le troisième bar, Suu commence à s'agacer d'impatience quand une voix l'aborde :

— Tu cherches quoi ma petite ?

La femme se retourne pour se retrouver nez à nez avec un jeune homme qui la dépasse facilement d'une tête. Musculeux, un sourire narquois aux lèvres : celui du prédateur face à une proie.

Mais il ne connait pas Suu.

— Des connards qui ont saccagé la boutique de mon mari ce soir, répond-elle sèchement, dégages si tu n'as rien à voir là-dedans.

— T'es prête à quoi pour avoir des informations ?

Il se lèche les lèvres. À cet instant, Suu devine qu'il ne sait rien et cherche juste à l'appâter. L'inconnu tend une main, quand soudain elle lui saisit le poignet et tire dessus pour le tordre par la suite. Un cri de détresse échappe de lui qui se voit ensuite au sol en un mouvement, face contre terre, et un bras plié dans son dos.

Il sent ses ligaments noués dans une position douloureuse.

— J'ai pas le temps de jouer sale con ! crache Suu.

— Ok ! Ok ! Lâche-moi ! J'ai compris ! geint-il.

Sans demander son reste, il s'enfuit quand elle le relâche.

— Et bien, vous ne manquez pas de me surprendre, dit la vieille

— T'es une guerrière ? demande la petite lampe.

— Non, juste une ancienne junkie, répond Suu sur un ton sombre.

— C'est quoi "Junkie" ?

Lufu lui répond simplement : 

— Quelqu'un qui est dépendant d'un produit très mauvais pour la santé. 

Au sol, un petit carré en carton brillant attire l'attention de Suu. Lorsqu'elle le porte à son regard, elle réalise qu'il s'agit d'une carte d'un lieu : « Le Bayou-Cajun ». En la retournant pour l'inspecter, elle remarque une vipère en filigrane au dos, avec une adresse.

— Bayou... ça veut dire serpent non ? murmure-t-elle aux objets.

— Oui ! Réponds Max enthousiaste.

— Nous avons peut-être une piste, soutient Lufu avec espoir, dommage que nous l'ayons laissé fuir : il savait peut-être quelque chose.

— Il n'avait pas de tatouage spirituel, commente la dague.

— On en saura plus sur place, dit Suu en rajustant sa veste en cuir.

Après seulement cinq minutes de marche, le groupe atteint le Bayou-Cajun au fond d'une ruelle déserté par les lumières. Seul un néon violet, grésillant, indique la présence du bar. Les rideaux de la vitrine sont tirés, mais une faible lueur arriver à percer au travers.

Un colosse à la peau noire se déplie depuis un recoin sombre et la toise du regard.

— Vous n'êtes pas une habituée. Vous venez pour quoi ?

— Je cherche une bande de 4 mecs encapuchonnés, il hausse les épaules en réponse, et une certaine Vahere.

À ce nom, le géant lève un sourcil. Suu lui montre la carte, au cas où cela lui servirait de passe-droit. 

Impressionnés par le sang-froid de leur porteuse, les objets observent la scène. Ils commencent à deviner ce que lui trouvait Matis. Lui était très calme, peu méfiant, et il devait se sentir plus complet en présence d'une compagne aussi forte et déterminée : elle ne tremble pas, même devant l'immense videur.

Ce dernier indique la porte du menton. Sans attendre, sentant les prémices de la rage serrer sa mâchoire, Suu entre.

Un nuage de fumée l'accueille accompagné d'une musique de Jazz sourde. Au bar sont accoudés des jeunes et moins jeunes. Hommes et femmes savourent des alcools de luxe.

— Je ne vois personne qui ressemble aux assassins, boude Max.

C'est un club, réalise Suu qui fait quelques pas avant de remarquer un rideau de perles scintillantes au fond de la salle. Profitant que personne ne semble faire attention à elle, Suu passe le brise-vue.

De l'autre côté, la lumière est encore plus ténue. Une forte odeur d'épices corsées lui saisit les narines. Après avoir suivit un long couloir, et croisé des salles occupées par des personnes sans interêt pour sa quête, elle tombe sur une vingtaine de personnes dans une pièce. Trône, au milieu d'un sofa rutilant, une femme à l'incroyable beauté. 

Sa peau est d'un noir ébène, et ses cheveux sont ornés d'une coiffe en tissu agrémenté de perles et de plumes. Une aura étrange émane de cette jeune femme et englobe toute la pièce Ses yeux gris toisent l'intruse. Devant elle, sur une petite table de basse, un mouchoir est déplié et en son centre : un cigare doré.

Interrompus dans leur conversation dans une langue inconnue, tous tournent la tête vers Suu. Immédiatement, la moitié d'en eux s'avance d'un pas lent, mais intimidant.

— Toi là, Suu pointe du doigt la femme, tu es celle qui a fait tuer mon mari ? demande-t-elle sans trembler.

— Ah oui, vous n'y allez pas avec le dos de la cuillère vous, commente la dague.

La sorcière se met à rire, et d'un geste de la main lance ses serviteurs sur elle. Suu fait craquer ses phalanges et sent l'énergie de la haine pulser dans ses veines. Ses muscles se tendent.

La voilà prise dans un torrent de violence. Suu donne des coups qui font mal. Ses poings s'enfoncent dans le visage de ses agresseurs, jusqu'aux os. Elle rend tout, coup pour coup, et brise le nez d'une femme avec son crâne. La petite lampe avertit sa porteuse des attaques les plus insidieuses comme si elle avait toujours deux secondes d'avance. Ainsi, Suu se montre d'une effroyable efficacité.

La femme en colère ignore la douleur physique de ses côtes frappées, de ses phalanges qui fracassent des os. Tout ça ce n'est rien comparé à la souffrance d'avoir perdu l'amour de sa vie.

D'un geste, voyant que les assaillants sont trop nombreux, elle tire la dague et les menaces du bout de la lame. Aussitôt, ses ennemis se figent de crainte. La vieille lâche un ricanement : 

— Craignez-moi oui ! Ah ah ! seul Suu entend évidemment.

Vahere se lève de son fauteuil et s'approche d'un pas si fluide qu'elle donne l'impression de glisser sur le sol. Suu bondit comme un fauve enragé tandis que la sorcière tend un bras vers elle.

En l'espace d'une seconde, la sorcière tend un bras et une nuée de serpent spectraux se nouent autour de Suu qui se met à suffoquer. Son corps se fait comprimer, ses poumons ne peuvent plus se remplir d'air.

Son cœur cesse de battre.

Puis, l'esprit des objets est assaillit d'un froid mordant qui les plongent dans les ténèbres glaciales de la mort.

Puis, l'esprit des objets est assaillit d'un froid mordant qui les plongent dans les ténèbres glaciales de la mort

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Yenka ! [Urban Fantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant