▪︎| Chapitre 4 |▪︎

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Le rêve est salutaire, car il présage une réalité plus belle

Henri-Frédéric Amiel

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▪︎| Là, sortant des profondeurs de la mer, une énorme baleine jaillit. De sa gueule ouverte, sort un dauphin rose nageant vers une barrière de corail. De son long museau, naît une multitude de petits poissons colorés louvoyant en tout sens vers la surface. De leurs sauts hors de l'eau, s'envole une nuée de mouettes s'élevant vers le ciel. De leurs plumes, apparaît de magnifiques papillons brillant sous la lumière du soleil couchant. De leurs battements d'ailes gracieux, éclot un infini de scintillements dans le ciel nocturne.

Comment ne pas s'émerveiller lorsqu'au coin d'une rue, un simple pan de mur a le pouvoir te de faire voyager vers un autre monde. Et cet imaginaire, c'est à chaque pierre dressée que l'on s'y confronte. Envahissant ce monde délabré de couleur et de vie. Criant à qui veut l'entendre, que pour rendre la réalité plus belle, un simple rêve, même éphémère, suffit.

Et comme pour me prouver cette vérité, un appel résonne au loin. Le même qui a bouleversé ma vie le premier jour de mon renouveau. Alors je cours. Aussi vite que mes jambes fines me le permettent. Et à l'instar de ce moment, déambulant entre les passants, ces femmes mystérieuses entament leurs chants. De leur cercle d'invocation, le brasier s'élève vers le ciel.

C'est là que le feu se met à me fixer de ses prunelles flamboyantes tel des ambres étincelantes.

Et puis je réalise enfin l'étendue de la merveille qui se dessine sous mes yeux.

De son corps comme suspendu à un mètre du sol, il fait voleter les voiles rougeoyants couvrant sa peau tannée par le soleil et tâchée par l'encre. Ses bras saillant de muscles exécutent une danse gracieuse pendant qu'il tournoie sur lui même dans une valse féerique avec un amour invisible. Son visage aux traits durs revêt une seconde peau aux teintes du soleil levant lui donnant des reflets d'une douceur chaleureuse. Ses mèches semblables à son crépitement ardent tressées majestueusement contre son crâne se terminent dans une cascade de lave.

Ses iris, aussi ardentes que la flamme qu'il incarne ne cesse de s'échouer dans l'étendue vert de mes prunelles et je ne fais que frissonner face à ce contact silencieux. Comme hypnotisé, seul son aura brûlante brille à mon regard. Le dragon, les femmes, la foule, les rues n'existent plus.

Alyan

C'est lui le magicien. Celui qui réussit à m'envoûter jours après jours de son être éblouissant. Celui qui m'a appris que le rêve est possible et qui me guide vers une réalité aux couleurs plus chaudes. Et j'aime ça. Alors de mes pas enjoués, je le suis aveuglément.

C'est ainsi que je me retrouve dans un entrepôt peuplé de créatures en tout genre et d'amoncellements de breloques. Le sol semblable à une œuvre d'art de toutes ses coulures tâchées d'arc en ciel. Le plafond similaire à une énorme toile d'araignée ayant captée mirages et folie. Une antre aux trésors. Sa voix rocailleuse me sort de mes divagations.

- Yume !

Il s'approche de moi, sa couverture de feu retirée, simple géant perché sur ses échasses, avant de reprendre.

- Surpris ?

- Un peu oui. Je ne savais pas que c'était toi

- Moi, j'savais qu'c'était toi !

- Comment ça ?

- J't'avais repéré dans la foule au port, obnubilé sur ma prestation

Le rouge aux joues, je fuis son regard moqueur. Je le vois se laisser tomber dans une chute calculée avant de retirer son bardas. De nouveau sur terre, il vient saisir mon bras, ses doigts venant effleurer ma paume.

- Viens, j'vais t'présenter aux autres

- Les autres ?

- Tu penses vraiment qu'il avance tout seul, c'dragon ?

Et effectivement, c'est maintenant qu'il le dit que j'aperçois tous les êtres vêtus de noir tournoyer autour des pattes du reptile géant. Une jeune femme apparaît dans mon champs de vision et à son maquillage, j'en conclus qu'elle fait partie du groupe de femmes mystérieuses. C'est vrai que sous toute cette illusion, il y a des humains qui transmettent leur monde imaginaire. Et c'est beau.

Je fais alors la connaissance de cette compagnie d'artistes de rue bourrés de talent. Ceux que l'on voit et ceux qui restent cachés dans l'ombre. Ceux qui offrent leurs voix, leurs corps ou bien leurs mains. Ceux qui pensent, qui réalisent, qui créent. Ceux qui dansent, qui volent, qui chantent. Puis ceux qui donnent vie aux mirages, à la folie et aux rêves. Et c'est extraordinaire.

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De mon esprit bouillonnant de découvertes, je m'engouffre dans ce tourbillon de secrets. C'est lorsque se pointe l'aube que je quitte maintenant mon monde vide pour rejoindre le leur. Avec un immense honneur, j'ai la permission devoir les coulisses à l'œuvre. Assistant aux répétitions de leurs créations ou à la construction d'une nouvelle, je suis même convié à certaines de leurs représentations à l'extérieur.

Ainsi, égoïstement, je peux me repaître de ce nouvel appétit pour son énergie brûlante de vie. Passant mes journée à ses cotés, je peux l'observer sous différents angles. De l'artiste fou au professionnel perfectionniste. Du travailleur investi au glandeur incontesté. De l'ami colérique au fils respectueux. Du voyou inconnu au compère de chaque instant. Un homme tout simplement. Et c'est magnifique.

Mon corps s'emballant inlassablement face à sa présence lumineuse, je restreins alors mon cœur d'en faire de même. Situation illusoire et délicate dans laquelle il est sûrement trop dangereux d'y tomber pour ma petite âme toute neuve et tremblante. Mais l'espoir persiste face à son regard tendre qu'il n'offre qu'à moi.

Ai-je le droit d'y croire,à cette sublime réalité ? |▪︎

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☆ Soñar ☆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant