▪︎| Chapitre 7 |▪︎

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Les vrais rêves, les plus dangereux, sont ceux que l'on fait étant éveillé

Charles Régismanset

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▪︎| Le vide du cosmos résonnant au sein d'un esprit serein. L'absence d'apesanteur sur le sol lunaire. Un petit nuage flottant dans le ciel. Un plumage surfant sur les courants ascendants. Une brise tourbillonnant dans l'air. Le vol silencieux d'un nocturne en chasse. L'envol délicat d'un papillon. Un blanc d'œuf monté en neige.

C'est donc ainsi que l'on se sent lorsque, pour la première fois de sa vie, la liberté apparaît sur son chemin. Se libérer de ses chaînes invisibles qui te maintenaient en cage contre ton gré sans le savoir. Enfin grandir et évoluer librement vers un avenir qui te donne envie. Faire le choix d'être libre tout simplement.

Soutenu par ce compagnon qui a allumé la première étincelle du brasier qui brûle maintenant en moi, je cours à en perdre haleine vers cet horizon qui se profile. Fondant d'amour pour cet énergumène qui m'a offert l'impossible, c'est sans aucune hésitation que j'ai enfin pris la plume pour rédiger la narration de ma vie.

J'ai donc décidé de prolonger mes soi-disant vacances et c'est tremblant d'une pointe de rébellion que j'ai regardé mes parents ignorants décoller à bord de leur jet. En prétextant vouloir profiter du dernier mois libre avant la reprise des cours dans ce pays tropical, j'ai pu obtenir un répit avant que la foudre de leur colère ne me tombe dessus.

J'y ferai face tôt ou tard, je le sais. Ce n'est là qu'un prétexte pour gagner du temps et leur apporter un dossier bien argumenté et irréfutable. Mais je m'en suis découvert la force alors à partir de maintenant, je déciderai pour moi même.

C'est sur ces pensées que je me réveille depuis quelques jours en sueur sur ce matelas posé à même le sol, dans l'unique pièce de l'appartement où règne une chaleur étouffante et une odeur de café. Levant mon corps courbaturé des répétitions énergiques, je passe ce rideau simulant un semblant d'intimité à la partie chambre, pour découvrir cette vision qui me fait oublier tout le reste. Mon homme torse nu entrain de préparer le petit déjeuner.

Me glissant dans son dos, je viens embrasser sa nuque. Sa main saisit ma joue délicatement comme si c'était la chose la plus fragile de l'univers, puis ses lèvres chaudes rencontrent leur paire dans un baiser aussi doux qu'intense. Sa voix éraillée du matin s'élève au dessus de la rumeur animée provenant de la rue déjà réveillée.

- B'jour magnifique créature

- Je ne suis pas sûr que l'on puisse me qualifier de magnifique au réveil

- A mes yeux, t'es sublime à chaque instant d'la journée

Rougissant face à cette vague de compliments à peine sorti des bras de Morphée, j'enroule la pulpe des mes doigts dans ses cheveux en bataille.

- Bonjour à toi aussi Alyan

Me tendant une tasse de café, il vient se blottir contre moi dans l'amas de coussins servant de canapé avant de prendre son air sérieux.

- Dis, j'ai eu une p'tite idée qui m'aid'rait à t'kidnapper pour de bon

Un petit rire s'évade de mes lèvres face à son délire de kidnapping qui dure depuis ma décision de trouver un moyen de rester à ses cotés.

- Pourquoi tu ris ? J'suis sérieux moi

- Je suis tout ouïe alors

- Y'a une nouvelle cession qui débute dans deux s'maines à l'université, en filière expression corporelle et théâtrale. T'peux même prendre le cursus marionnette et créations plastiques qui sont en optionnel. J'me suis dit que ça t'donn'rait des points en plus si tu suis des cours dans le coin. Si à ça on rajoute ta participation au sein d'la compagnie en tant qu'professionnel et le fait que t'as déjà un garant et un hébergement gratos, j'pense que t'es tout à fait légitime pour faire une demande visa

- Attends deux minutes, je ne veux pas paraître pessimiste mais tout ce que tu viens de citer, ce n'est que des si. Comment tu peux être sûr que je sois pris à une quelconque formation ou même qu'il reste des places. Et puis, malgré que je m'investisse à fond avec vous, je ne suis qu'un bénévole amateur. Je n'ai pas de contrat à mon nom justifiant de ma place. Et puis c'est quoi cette histoire de garant ?

- Il reste deux places et ils sont ok pour t'prendre au vu d'ton expérience plus le fait que le patron appuie ta demande. D'ailleurs, les gars sont tous d'accord pour t'intégrer officiellement au sein d'la compagnie. Le papier est même en cour de rédaction à mon avis, vu l'enthousiasme général. Et le garant c'est moi idiot, j'suis éligible à leur procédure barbante

Je reste sans mots, noyés sous l'étendue de ce qu'il vient de me présenter. L'impossible devient soudain possible. L'espoir se mêle tout à coup au réel. C'est tout autant grisant que terrifiant. Face à mon silence, une pointe de panique voile ses prunelles ambrées et un timbre triste sonne dans sa voix.

- Enfin, j'dis ça, c'est que si c'est c'que tu veux

Je plaque immédiatement ma bouche sur ses lèvres pour dissoudre ce malentendu avant de reprendre quelque peu coupable.

- Bien sûr que c'est exactement ça que je veux ! C'est juste que c'est si... réaliste que je n'arrive pas à y croire. D'où te vient toutes ces idées ?

- T'as vraiment cru que j'allais laisser l'homme de ma vie s'échapper à l'autre bout du monde sans rien faire ?

Ma vision se trouble, mes yeux s'emplissant progressivement de gouttelettes salées.

Ai-je le droit de permettre au rêve de dévorer ma vie ? |▪︎

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☆ Soñar ☆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant