DEUX : LOUIS

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Cet après-midi là, Jeanne ne traine pas à la fin du travail en compagnie de ses collègues

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Cet après-midi là, Jeanne ne traine pas à la fin du travail en compagnie de ses collègues. Les premières informations sont tombées au cours des dernières heures sur internet, confirmant les dire de son compagnon. La chute du club local est désormais sur toutes les lèvres et dans toutes les discussions. 

C'est pourquoi l'ingénieure veut retrouver son petit-ami en urgence. Si le FC Sochaux-Montbéliard est une part importante de sa vie, le club est bien plus important dans celle de Louis. Elle adore plus que tout les jaunes et bleus, mais elle ne vit pas grâce à eux. Elle vit grâce aux voitures sur lesquelles elle travaille. Le brun qui partage sa vie y est de son côté kinésithérapeute et elle se doit d'aller le rejoindre alors qu'elle a très bien compris pour quelles raisons ont leur a annoncé avant tout le monde ce matin-là. 

Elle pourrait perdre son club quand son emploi est en jeu. Sa Renault bleu métallique file à vive allure à travers la ville. Jeanne écrase une larme alors qu'elle pense à ce que cette équipe représente pour elle. Ce sont ses souvenirs d'enfance. Du temps passé en compagnie de son père, de son grand-père, de son oncle et de sa tante. La rencontre avec Louis alors qu'ils étaient tous les deux dans les tribunes supporters à la fin de leur lycée. Des amitiés créées à chanter à la gloire des lionceaux avec les mêmes personnes semaine après semaine. 

Avec la chute tant redoutée depuis des années du club de la ville et du département, c'est tout un pan de son histoire qui s'effondre. 

Je suis rentrée ! 

Sa voix résonne dans le salon où elle vient de mettre les pieds. Elle est immédiatement enveloppée dans une étreinte. Une paire de bras se referme puissamment autour d'elle alors que la tête de son compagnon se cale parfaitement contre son épaule malgré leurs différences de taille. 

Elle sent les larmes qui viennent humidifier sa joue là où celle de Louis est en contact avec la sienne et ses yeux se mettent à brûler à son tour. 

— Ça va aller Louis. 

Ses doigts glissent maladroitement dans le dos de l'employé du club alors qu'elle cherche des mots de réconfort qu'elle ne trouve pas. Comment en trouver alors qu'elle est tout aussi abattue que lui ? Elle s'éloigne pour écraser une larme qui glisse lentement le long de sa joue. Elle revient alors serrer son compagnon fortement dans ses bras. 

Ils nous ont dit de nous préparer à des licenciements économiques et je fais partie des derniers arrivés.

Le silence s'installe alors qu'elle ne sait pas ce qu'elle peut lui répondre. Les questions tournent en boucle dans son esprit. 

C'était mon rêve Ju, c'était mon rêve d'être leur kiné.

L'emprise des bras se fait encore un peu plus forte. La trentenaire aux cheveux châtains enfouit son nez dans le creux du coup de celui qui partage son quotidien. Son estomac déjà retourné par l'annonce semble se serrer et des pierres s'y concentrer. Elle sait, qu'il ne sera plus leur kiné, que sa vie risque d'être chamboulée. On n'a plus besoin d'un kinésithérapeute attitré si le club redescend là où les rumeurs l'envoient déjà. 

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