Dépôt de bilan (n. masc) : Trois petits mots pour une ville à l'arrêt et des milliers de coeurs brisés.
Jeanne avait 5 ans la première fois que son grand-père l'avait emmenée à Bonal.
Elle en a désormais 30 alors qu'elle doit lui annoncer que le c...
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Est-ce que je peux passer chez toi ce soir ?
La notification d'arrivée d'un sms s'affiche sur le téléphone de Jeanne et elle s'empresse d'y répondre alors qu'elle vient tout juste de quitter son bureau. Elle a quitté tôt, malgré son arrivée tardive, voulant être présente pour Louis au plus tôt. Après avoir dit aurevoir à ses collègues et prit le temps de rediscuter un peu avec Yanis d'éventuelles pistes d'actions, elle est en train de descendre les escaliers menant au parking tout en disant à Jasmine qu'elle est la bienvenue.
Lorsqu'elle arrive chez elle, elle est surprise que la poignée s'abaisse avant qu'elle ne mette sa clé. Normalement, Louis n'était pas censé être déjà rentré. Elle pénètre dans la maison qu'elle partage avec son compagnon et le trouve attablé à la table de la cuisine, un verre de jus d'orange à peine entamé devant lui et une boite de glace ouverte à côté. Une moue s'installe sur son visage alors qu'elle s'approche. Ses doigts glissent sur le haut de son dos avant qu'elle prenne place à côté de lui, récupérant une cuillère au passage.
— L'entrainement de cet après-midi a été annulé et tous jusqu'à nouvel ordre aussi. J'ai l'impression d'assister à l'effondrement d'un château de cartes. Entre ceux qui sont abattus, ceux qui se servent de la situation pour trouver une porte de sortie. Je te jure, y a de quoi être dégoûté, surtout quand c'est des gars formés au club.
Elle plante sa cuillère dans la glace et avale sur le champ une bouchée de l'aliment glacé parfumé à l'abricot. Ses doigts s'emparent de ceux qui trainent à quelques centimètres des siens. Pourtant, le geste n'entraine aucune réaction, le visage reste profondément fermé. Elle comprend. La réaction de certains dans les rumeurs qu'elle peut lire dans les articles de journaux ou par des journalistes sur les réseaux sociaux lui retournent l'estomac. Elle ne comprend pas comment on peut tirer à ce point sur un club quand on lui doit son début de carrière. Mais c'était dans la difficulté que les personnalités se révélaient.
— Yanis me disait que Stéphane allait peut-être revenir. C'est vrai ou c'est qu'une rumeur ?
Elle repioche dans la boite de glace à son parfum préféré tandis qu'il fait la même chose. Elle se lève alors que le silence n'est pas brisé pour aller chercher un verre dans leur placard et se servir un verre de boisson fraiche à son tour.
— C'est des rumeurs. Y en a plein et je sais pas qui croire. Y a aussi le petit-fils Peugeot qui voudrait nous sauver, il chercherait des investisseurs locaux. Mais je suis pas sûr que ce sera suffisant, y a plus de temps. Ça faisait des mois qu'ils savaient et ils se sont même pas bougés avant, ils ont même pas essayé. On est comme des cons à attendre de savoir à quelle sauce on sera mangé et y aura aucune conséquence pour eux alors que c'est notre vie qui est en jeu.
Elle reste silencieuse, le laissant parler autant qu'il le souhaite. La douleur est profonde, ancrée en elle, mais elle n'est rien en comparaison de la peur qu'éprouve son petit-ami. Parce qu'elle gardera son travail, parce qu'elle n'a pas cette inconnue sur sa vie professionnelle comme c'est le cas pour lui.
