La protégée D'Apollon - Les Chroniques Des Dieux Tome 2

Chapitre 5: La trêve

Nous roulions ce que je voulus une éternité. La dernière fois que je suis montée avec mon père, c'était en 1979, j'avais 15 ans. Papa m'avait proposé de m'emmener à la plage. Nous avions roulé durant des heures sous le soleil. C'était quelques mois avant que mon père ne meure dans un accident de moto, fauché par un automobiliste ivre. Ma mère étant partie à mes trois ans, je me suis retrouvée seule avec ma tante en France. Ma seule famille.

Je ne sentais plus le corps de Logan. Seulement les vibrations de cette merveille et son ronflement rauque. Je ferme les yeux et profite du trajet en pensant à mon père et à nos moments passés ensemble. Les plus beaux de ma vie.

Puis elle ralenti pour se garer. Le moteur coupé, j'ouvre les yeux et me rends compte que je tenais Logan contre moi, mes cuisses serrées contre les siennes, ma tête posée sur son dos. Je le lâche et me redresse, gênée.

Les autres dieux nous attendaient devant le restaurant tout souriant. J'enlève mon casque et le tiens ferment contre moi. Il y avait du monde, et j'étais moulée dans une robe orange. Des hommes qui passaient par là me regardèrent de haut en bas, puis ensuite Bella avec beaucoup d'insistance. L'un d'entre eux se prit un poteau, provoquant l'hilarité de ses amis.

- Tu as pleuré ? Me demande Mona.

Je porte mes mains à mon visage. Oui, j'avais pleuré, mais je prétendis que le vent s'était infiltré dans mon casque.

On nous installa sur une terrasse au bord de la mer. C'était magnifique, le soleil allait bientôt se coucher et nous allions tous assister à ce spectacle. Je pris un délicieux cocktail conseillé par Bella et mangeai une moussaka du tonnerre, comme je l'avais promis à Theon.

- Alors, ce premier jour de vacance? Me demande Julius.

- Ce n'est que le début, elle n'a vu qu'une petite parcelle. Lui répond Alexandre.

- Ne compte pas sur moi pour faire des activités sportives. Lui dit Mona en sirotant son verre de vin.

- Quel genre d'activité ? Je demande, intéressée.

- Jet-ski, plongée. Des trucs de bonhomme. Me répond Alexandre.

Pas étonnant, venant du dieu de la guerre. À son grand bonheur, je lui dis avec un grand sourire :

- J'en suis ! À moins que ma présence féminine ne te dérange ?

- J'aimerais voir ça. Dit Julius en levant son verre.

Après avoir vécu et voyagé avec mon père, je n'ai vécu que de sport et de défis.

- Demain, nous avons prévu de faire du Airsoft, viens avec nous si tu penses en être capable. Me propose Alexandre sur un air de défi.

- Je ne crois pas que ce soit adapté. Vous êtes des sauvages. Dit Bella en faisant les gros yeux à son homme qui l'ignora.

- J'en ai déjà fait une fois, je pense que je devrais m'en sortir. Je la rassure.

J'en faisais tous les samedis après-midi pendant deux mois avec un de mes ex. Une activité que j'avais appréciée, mais pas plus que ça. Je n'étais pas forcément une très bonne tireuse, mais je me défendais. Je voulais montrer à Alexandre de quoi j'étais capable et quand il s'agissait de sport, j'étais capable de tout.

Logan parla, mais sans plus. Ses regards divergeaient assez souvent dans ma direction. Je faisais comme si je ne voyais rien, mais je sentais ses regards me brûler le visage. Quand nous décidâmes de partir, il me tendit le casque que je pris sans discuter. Montée derrière lui, il démarre et suit la BMW d'Alexandre qui partait en direction du club.

Au bout de vingt minutes de trajet, il tourna à droite alors que la BMW continuait tout droit. Il accélère, ça ne m'aurait pas dérangée si j'avais su où on allait. Il prend une petite route et s'arrête enfin dans une ruelle éclairée que d'un seul lampadaire.

Je descends et enlève, mon casque.

- Qu'est-ce que tu fais ? Je lui demande.

- Il faut qu'on parle Estelle.

- Parler de quoi ? Nous n'avons plus rien à nous dire sur ce qui a pu se passer ou ce qui aurait pu se passer !

- Nous allons passer un mois ensemble et d'après ce que j'ai compris, nous allons passer beaucoup plus de temps ensemble que prévus. Il serait bien qu'on se comporte en adulte.

J'éclate de rire.

- En adulte ? Tu te fous de ma gueule ?

- Tu as très bien compris.

- Tu m'as rejetée comme une moins-que-rien!

- Non, je ne me suis jamais comporté de cette façon envers toi.

- Tu es arrogant et narcissique !

- Il était préférable que nous en restions là.

- Oui, je l'ai très bien compris, crois moi ! Maintenant allons retrouver les autres, je ne veux pas qu'ils se doutent de quoi que ce soit.

- Ils savent très bien qu'il y a eu quelque chose entre nous, ça crevait les yeux. Tout ce que je veux, c'est que ça se passe bien.

- D'accord. Faisons une trêve le temps des vacances, ensuite, tu redeviendras ma bay-sister de l'ombre et se sera très bien comme ça.

Il me tend la main. Je soupire et l'accepte. Il la serre, mais ne la lâcha pas.

- Je ne regrette pas ce qu'il s'est passé, je voulais que tu le saches.

- Allons-y. Je réponds seulement.