Chapitre 3

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Quim

J'ai chaud.

Je me réveille alors qu'une petite masse se recroqueville contre mon flanc droit. Un grognement s'échappe de ma gorge alors que j'ouvre les yeux pour constater que la baby ass que j'ai ramenée hier soir dans mon lit s'y sent un peu trop à l'aise.

Pourquoi je ne suis pas rentré chez moi, déjà ?

En m'asseyant sur le lit, je repousse le drap et le corps de Laura, une nouvelle fille qui traîne au club. Je me penche au sol pour ramasser mon boxer et mon tee-shirt. Un coup d'œil à droite m'indique que mon jean et mon cuir sont posés sur le petit bureau à côté de la porte.

Ça fait des années que je ne vis plus au club, mais privilège d'être le fils du prés', j'ai conservé ma chambre. Et c'est bien pratique quand je veux baiser après une soirée comme celle d'hier. On a fêté un nouveau deal passé avec les Russes. Ils étaient difficiles à convaincre, mais les Lions ne tiennent pas leur nom de film de série B. Et puis ça sert d'avoir l'un de leurs compatriotes dans nos rangs. Pour célébrer le contrat, on s'en est mis une bonne avec les frangins. Toute la nuit Laura m'a tourné autour. Quand j'ai enfin pris le temps de la détailler, ses yeux verts ont réveillé ma queue et je n'ai pas perdu une minute pour l'allonger dans mon lit. Et finalement, c'était bof, tout juste satisfaisant.

Tout ça parce que j'aurais préféré séduire une autre brune aux yeux verts.

Une fois habillé, je fais le tour de la pièce qui renferme tant de souvenirs pour moi. À peine dix-huit mètres carrés, l'une des plus grandes en somme, un lit beaucoup trop petit pour moi, mais qui suffit largement pour s'envoyer en l'air, un bureau, une penderie, tous les deux blancs. La table de chevet et la commode viennent compléter le décor. Quelques affiches du Louvre Paris, de Lens et de Dubaï aux murs donnent un peu de vie aux lieux.

Un jour, je prendrai un congé auprès du club pour voyager : un tour dans le monde ça me tente bien.

Je me dirige d'un pas lourd vers la salle de bain adjacente, elle aussi toute blanche, mais dans laquelle j'avais ajouté quelques plantes à l'époque. J'essaie de toujours penser à les arroser à mes visites, car je ne laisserais aucune baby ass entrer ici sans moi, même pour s'occuper de mon aloe vera, de ma fougère et de mon kentia.

Mes frères se sont foutus de ma gueule quand j'ai débarqué avec les petits plans, une semaine après mon installation. Comme je n'ai pas de nom de route, j'ai eu droit au surnom de plants daddy pendant trois mois au moins. Ça me brisait les couilles, j'avais vraiment peur que ça reste. Imaginez-moi expliquer à ma future régulière pourquoi il y a « Plants » sur mon cuir. Mais finalement, ces bâtards se sont lassés et ont recommencé à m'appeler par mon prénom.

Nous n'avons pas tous un nom de route. Pas parce qu'on ne dit pas de conneries marquantes pour les frères. Non, c'est juste que ce n'est pas toujours nécessaire. En ce qui me concerne, mon prénom est déjà si bizarre que ça fait largement le job. C'est pareil pour Mezzo, dont c'est le véritable nom. Quant à moi, ma personnalité de biker est ancrée dans ma peau, dans mon patrimoine génétique même. Je n'ai pas besoin de plus.

Nouvelle distorsion entre mon frère, mon père et moi. Car, ces deux-là, ont bien gagné leur blaze. Hash pour Heroe. Ce fou adore les armes blanches, et quand il a découpé sa première victime à la hache, c'était inédit chez les Lions. Storm, quant à lui, tient son surnom de son mauvais caractère. Je crois que ça image assez bien mon propos.

Un coup d'eau sur mon visage après m'être brossé les dents, j'enfile mon jean que j'ai récupéré en chemin. Je prendrai une douche dans une cabine qui accepte mon mètre quatre-vingt-quinze avec dignité, c'est-à-dire chez moi.

Black Lion - EvasionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant