MASK - PURITY (BL)

Chapitre 6 - Purity of Red

Verity

Une odeur entêtante... elle me faisait presque chavirer la tête. J'ouvris difficilement les yeux, gémissant sous le vertige qui fit ployer mon crâne vers l'arrière. Je relevai ma main dans l'espoir de masser mes tempes, mais mon mouvement fut bloqué aussitôt j'avais voulu le réaliser. Ma vue, rendue floue par mon tournis, me revint peu à peu et je regardai l'état de mes poignets. Qu'est-ce qui pouvait m'entraver de la sorte ?

De lourdes cordes rouges enveloppaient mes poignets et malmenaient ma chair. J'étais attaché à une chaise dont le confort ne pouvait être ignoré. Je tentai de bouger mes pieds, mais le même sort leur fut réservé. Je relevai la tête afin d'analyser le lien dans lequel je me trouvais. Mon cœur se figea brièvement dans ma poitrine lorsque, dans le fauteuil face à moi, cette personne leva son verre. Et un flash de ce qui m'était arrivé m'aveugla presque.

Je soupirai et m'enfonçai dans le fauteuil. Est-ce que j'allais mourir ici ? On avait encore besoin de moi. Je devais être là pour Trinity, pour l'idée dans ses études, pour le soutenir, pour lui assurer du confort. Et Holy... il était encore trop petit. Il avait besoin d'un repère, qu'on prenne soin de lui. Trinity était trop jeune pour devenir le tuteur légal de Holy et notre petit frère allait finir dans l'orphelinat de Nightdale. Je ne pouvais pas mourir.

Déterminé, je braquai mon regard sur le tueur, mais dus retenir un sursaut en le voyant si proche de moi. Un verre à la main qu'il tendait vers mes lèvres, je levai des yeux suspicieux vers lui. À la lumière tamisée de la pièce, je pus voir clairement son masque. Des roses bourgeonnaient sur le côté gauche de celui-ci, de mon point de vue, et les roses éclosaient largement avant de laisser leur couleur pourpre colorer la partie droite à la façon d'une peinture inachevée. Ce côté inabouti demeurait blanc.

Pour ses yeux, un voile obscur semblait être tendu pour dissimuler ses iris. Sa bouche, elle, n'avait pas d'ouverture. Je reconnus à ce simple masque, que je n'avais pourtant jamais vu, qui était ce tueur.

— Purity.

Tout de noirs vêtu, il arborait un costume, deux pièces, une chemise suffisamment élégante pour lui avoir coûté un bras. Du moins, du peu que je pouvais voir : le col était d'une symétrie à première vue parfaite et les bordures étaient droites ; quant au bouton, ils étaient cousus de façon à former une fleur de lys, un gage de qualité. Ses mains, gantées de cuir sombre, apparurent dans mon champ de vision. L'une d'elles tenait son verre d'alcool et l'autre vint lever mon visage.

— Vous êtes perspicace agent Byrne. Devrais-je me présenter proprement ?

— Il faudrait être con pour ne pas comprendre. Je suis ta nouvelle lubie, non ? Ce n'est pas dans ton mode opératoire de tuer ton obsession dès le début. Je n'étais pas à la hauteur ?

Son pouce caressa ma joue et je tentai de m'en dégager, mais il me retint d'une prise assurée. C'était un colosse. De vue, il devait faire un mètre quatre-vingt-douze ou plus. Je me retins de lever les yeux au ciel. Même dans cette situation, je parvenais à penser au pire. Bashir, Jace, Sadhan et d'autres personnages de mon entourage se trouvaient être des géants. La confiance ? Je ne pouvais la donner qu'à ma famille, à Trinity et Holy, mais tous les autres étaient de potentiels suspects.

— Nous en sommes déjà au tutoiement ?

Sa voix était modifiée, certainement dans un dispositif qui reposait dans son masque, mais je pouvais toujours discerner les émotions dans ses mots. Il était amusé.

— J'ai bien une obsession pour les roses, pour les Purity of Red, exposa-t-il à tapota de son verre le coin de son masque fleurit, mais pour vous, ce n'est pas une obsession. Vous êtes un agent respectable que j'ai su apprécier à sa juste valeur. Vous ne devriez pas vous mettre au niveau de tout ceux que j'ai gratifiés de la beauté éternelle.