Chapitre 4

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Cela s'était répété pendant une semaine mais avec des grattements de plus en plus forts. Dans une de ses lettres écrite un vendredi soir, elle m'avait dit que l'après-midi même, elle avait voulu en avoir le cœur net. Elle s'était penchée au-dessus du coffre, avait ouvert le loquet qui le maintenait fermé, et, prenant son courage à deux mains, elle avait ouvert le coffre : surprise, il n'y avait absolument rien dedans et pourtant il nous avait semblé si lourd quand nous l'avions monté dans sa chambre ! Elle l'avait alors soupesé et, avec horreur, avait découvert qu'il était extrêmement léger. Elle avait alors eu l'impression que quelque chose d'invisible était sorti de la malle et s'était glissé derrière elle. Elle s'était quand même reprise car elle avait achevé sa lettre en me disant : " Depuis que j'ai découvert qu'il n'y avait rien dans la malle, je n'ai plus du tout peur. Je suis sûre de bien dormir cette nuit mais tu me manques beaucoup et je me sens un peu seule ". Moi, j'étais contente qu'elle soit rassurée, mais tout de même, au fond de moi, cette histoire de malle ne me disait rien qui vaille et j'aurais, pour ma part, même pour un mauvais rêve, remis la malle à sa place dans la cave.

Le lundi suivant, j'avais reçu une autre lettre d'Emilie. Je croyais que je devais commencer à m'inquiéter pour sa santé mentale ! La preuve, elle m'avait dit dans sa lettre que, depuis qu'elle avait ouvert le coffre, elle sentait comme un courant d'air qui semblait la suivre partout où elle allait dans sa maison, où qu'elle aille. Elle ajoutait à cela que les objets qui étaient dans sa chambre bougeaient tout seuls quand elle n'était pas là, même en plein jour ! Enfin, je trouvais qu'elle exagérait ! Des livres qui changeaient de place, des fleurs qui disparaissaient, des feuilles de papier qui apparaissaient comme par magie sur son bureau... C'était à marcher sur la tête ! Et moi, j'étais Louis XIV tant qu'elle y était ! Le pire c'était que Paul était d'accord avec moi car, pendant la brève conversation qu'il avait eue avec elle quand elle lui avait remis la lettre, elle s'était retournée une dizaine de fois comme si elle craignait que quelqu'un apparaisse dans son dos. Au fond, je pensais que c'était la solitude qui lui pesait comme cela et je me disais que je ferais bien d'aller la voir le samedi suivant.


EmilieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant