Lucky Star

K

Ah ça non, Eve n'allait vraiment pas bien. Pendant toute la coupure de courant elle était restée seule chez le marchand de glace. Pétrifiée de froid et de peur. Puis une fois que l'orage s'était calmé, elle avait reçu un appel de ses parents lui ordonnant de rentrer chez elle. Alors même qu'ils ignoraient qu'elle était sortie pendant l'orage. Il n'étaient pas inquiets, ne lui ont pas demandé si elle allait bien, il étaient juste en colère. Peut-être pensaient-ils que la coupure n'aurait pas eu lieu si elle n'était pas allée chez Jen ? Toujours était-il qu'elle n'allait pas rentrer, pas alors qu'elle savait pertinemment qu'elle allait encore se disputer avec ses parents.

Les souvenirs de précédentes disputes lui revinrent en tête. Toutes ces fois où elle était juste allée voir Jen, mais qu'on lui avait sorti "Qu'est-ce qui t'as pris ?!" comme si elle avait tué quelqu'un. Toutes ces fois où elle juste voulu un peu de liberté dans sa vie mais où on lui avait crié qu'elle était inconsciente !

Et surtout, cette fois-là, avec son père. Cette fois où il lui avait dit qu'elle ne serait jamais "libre" tant qu'elle serait sous son toit.

Alors quand Frey lui demanda si elle allait bien, elle lui dit honnêtement qu'elle était terrifiée et que non elle n'allait pas bien du tout. Elle lui demanda même si elle pouvait venir chez lui, pour trouver refuge.

《Oui》
《Oui tu peux venir chez moi》
《Tu veux que je demande à un de mes parents de venir te chercher en voiture ?》
《Tu es toujours chez Iced Joy, hein ?》

《Oui》
《Merci, merci pour tout Frey》

¤¤¤

Et alors, devant elle, Eve vis apparaître son Adam. Sauf qu'il ne s'appelait pas Adam, il s'appelait Frey.

Il était grand, mais assez fin. Il avait la peau hâlée et les cheveux bruns. Mais ses yeux étaient d'un bleu glacier particulièrement vif. Il lui sourit, d'un sourire léger, doux, et lui lança un regard plus doux encore que la fourrure d'un chinchilla. Il était beau tout en douceur.

"Hm, salut, lui dit-il hésitant, un peu timide."

Elle lui sourit en retour, essuya les traces des quelques larmes qui avaient coulé plus tôt. Elle se mis debout (elle était assise sur un tabouret que le glacier qui la connaissait bien lui avait sorti pour attendre) et attendit d'être sous son parapluie.

Il pleuvait encore quelques gouttes et il y avait du vent, mais le gros de l'orage était passé, il y avait même quelques rayons de soleil qui pointaient le bout de leur nez.

Frey l'emmena jusqu'à la voiture en silence, puis lui demanda où elle voulait s'assoir. Elle choisi d'être à l'arrière et ce qu'il fit l'étonna. Il attendit qu'elle soit à l'intérieur pour faire le tour et se mettre à côté d'elle à l'arrière.

C'est l'homme qui était au volant, probablement le père de Frey, qui brisa le silence pendant qu'ils attachaient leurs ceintures.

"Alors, fils, tu nous présente ?

- Euh... Papa voici Eve, une amie que j'ai rencontré bizarrement. Et Eve, voici mon père : Sander Strøm."

Frey semblait déjà fatigué d'avoir dû faire les présentations. Peut-être était-il de nature discrète et ne parlait pas beaucoup d'ordinaire ?

Mais ce qui turlupinait le plus Eve, c'était la différence notable entre Sander et son fils.

Le père de Frey était baraqué, il avait l'air grand, même assis. Il était blond comme les blés et avait la peau très claire. Mais en tous cas, le père et le fils avaient les même yeux bleus glacier qui semblait lire le fond de votre âme.

Alors, Eve se risqua à demander :

"Hm, désolée de demander ça de manière aussi abrupte, mais... Vous ne vous ressemblez pas du tout, tous les deux, y a-t-il une raison ?

- Frey ressemble beaucoup à sa mère, mais son frère et sa sœur me ressemblent un peu plus. Surtout ta sœur, n'est-ce pas, Frey ?

- Oui, oui."

Eve regardait devant elle, et un peu par la fenêtre, mais elle remarqua au contraire que Frey regardais en bas et semblait très recroquevillé.

Elle pris son téléphone et lui envoya discrètement un message.

《Frey, tout va bien ?》

Il lu son message tout aussi discrètement avant de faire un imperceptible hochement de tête, lui répondant par l'affirmative

La voilà rassurée. Elle se surpris à penser que s'il arrivait quelque chose à Frey, elle ne le supporterai pas.

Elle se corrigea bien vite en se disant : La seule chose que je ne supporte pas pour l'instant, c'est mes sentiments instables vis-à-vis de Frey.