Chapitre 1

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J'entrouvre légèrement les yeux et en me tournant dans le lit, j'ai un drôle de sentiment. Le sentiment de ne pas être à ma place mais aussi celui que quelque chose à changer sans arriver à mettre la main  dessus. Je m'étire quelques secondes en poussant un soupir mais je m'arrête net en me rendant compte que j'ai toujours pas entendu mon téléphone sonner pour me prévenir de me réveiller. Mais quel heure est-il déjà ?  Surtout, que je dois préparer mes affaires pour quitter la résidence universitaire aujourd'hui. Mais, c'est difficile de juger avec l'obscurité ambiante qui règne dans cette chambre.  

Je finis par ouvrir complètement les yeux avant de tâtonner, à côté du lit sur la table de chevet. Mais il ne s'y trouve pas. Et pourtant, je me souviens de l'avoir mis à sa place habituelle hier soir quand je me suis couchée. Peut-être qu'il a dû tomber ? Je m'arrête et me redresse à l'aide de mon coude pour sentir un fin cordon relié à ce qui semble être une lampe de chevet. C'est de plus en plus bizarre cette histoire et le sentiment que je ressens s'accentue. Je tire sur le cordon et une vive lumière me fait cligner plusieurs fois des yeux. À la lumière de la lampe, je me rends bien compte que je ne me trouve même pas dans ma chambre universitaire. Cette chambre est deux fois plus grande que celle que j'ai à l'université, elle est décorée avec goût malgré que cela fasse énormément ancien - je dirais années cinquante ou soixante. Mais où est ce que je me trouve ? Je finis par me lever du lit tout en regardant autour de moi ; cette chambre semble vraiment tout droit sortie d'un film des années cinquante, au vu des posters au murs et des vinyles qui se trouvent entassés dans un coin de la pièce. Je m'en approche doucement et je peux constater que ce ne sont que des artistes qui ont fait fureur à cette époque. Et ils sont étonnamment bien conservés, à tel point qu'on dirait qu'ils sont neufs. Ce qui est étrange...

Je m'approche ensuite de la coiffeuse et fais lentement passer ma main dessus, touchant les parfums et ustensiles de maquillage qui s'y trouvent. Mon regard finit par se poser sur mon reflet dans le miroir. Je suis comme hier, de la tête au pied. Je n'ai aucun traumatisme apparent. Est ce que je suis morte ? Je me pince fortement et je laisse échapper un gémissement de douleur avant de me masser le bras. Non, clairement pas... Je me détourne du miroir pour trouver quelque chose qui puisse me dire où est ce que je me trouve vraiment. Je parcours rapidement des yeux le mur autour de la coiffeuse et je finis par trouver ce que je cherche ; un calendrier. Et l'année de celui-ci est.... 1955. 1955 ? Est-ce que je suis en train de rêver ? Où alors, j'ai été kidnappée par un fanatique de cette époque ? Non, je m'en souviendrais si c'était le cas.

Mais, je n'ai pas le temps de digérer l'information car des pas se font entendre de l'autre côté de la porte close. Des voix suivent ces pas alors, je regarde tout autour de moi pour essayer de trouver un endroit où je puisse me cacher. Tout ça avant qu'il ne soit trop tard parce que, je suis certaine d'une chose, c'est que personne ne doit me voir ici. Les voix se rapprochent et je m'empresse de me rendre vers l'armoire murale au fond de la chambre. Je tire tout doucement la porte pour l'entrebâiller et tandis que je m'accroupis tout au fond, la porte de la chambre s'ouvre dans un léger cliquetis. Je recule encore un peu tout en mettant ma main devant ma bouche pour essayer de ne pas faire trop de bruit avec ma respiration. La personne qui vient de rentrer est une jeune fille, qui doit avoir à peu près mon âge. J'arrive à l'apercevoir devant la coiffeuse où je me tenais un peu plus tôt, en train de coiffer ses cheveux. Mon regard dévie vers le contenu de l'armoire : elle est remplie principalement de robes de cet époque, comme celle qu'elle est en train de porter. Si je n'étais pas dans une situation aussi compliquée, j'admirerais la qualité de celles-ci. Une nouvelle voix en contrebas me tire de ma contemplation de sa garde-robe :

- Alison, il faut te dépêcher sinon, tu vas arriver en retard au lycée !

- Oui, maman. J'arrive tout de suite, je vais juste prendre mon gilet.

Elle dépose sur le plateau de la coiffeuse, la brosse qu'elle tient dans ses mains pour marcher en direction de l'armoire. Ses talons semblent faire un bruit assourdissant à mes oreilles et je ne peux pas m'empêcher de me murmurer :

- Oh non... je vais me faire prendre...

Je replie d'un coup mes jambes contre ma poitrine pour essayer de prendre le moins de place possible et me faire disparaître derrière les robes. Cela ne sera pas difficile étant donné ma petite taille. Pour une fois qu'être petite me sers à quelque chose ! La porte s'ouvre soudainement et je manque de laisser échapper un cri en voyant la main de la jeune fille apparaître pour prendre son gilet. Elle referme l'armoire d'un mouvement rapide et quitte immédiatement sa chambre. Je pousse un long soupir de soulagement en fermant les yeux et en étendant mes jambes. Après quelques instants - pour être sûre que personne ne revienne - je finis par me décider à sortir de là.

Je me redresse doucement, pousse la porte et quitte l'armoire, non sans avoir bien vérifier que je suis seule. Je m'approche de la porte de la chambre pour la pousser légèrement et me dirige vers la fenêtre qui est maintenant ouverte, ce qui me permets de voir l'extérieur ; enfin surtout l'allée devant la maison et la fille avec sa pile de cahier qui salue son père qui se trouve près de sa voiture avant de rejoindre une bande de jeunes de son âge et ils s'éloignent le long du trottoir.

- Je dois sortir d'ici, me dis-je finalement en me détournant de la fenêtre.

Je m'avance le plus lentement possible vers la porte, l'ouvre et passe mon visage dans l'entrebâillement pour essayer de voir quelque chose dans le couloir mais la voie semble libre. Comme je ne sais pas encore pour combien de temps, je me lance à l'extérieur et marche quasiment au ras du sol jusqu'au haut des escaliers, quand j'entends la voix d'une femme s'en approcher. Je me fige instantanément en la voyant passer en bas de ceux-ci. C'est le moment où jamais ! Il doit y avoir une porte à l'arrière et je dois la trouver. Je commence ma descente et quand j'arrive en bas, je me dirige instinctivement vers le fond de la maison sans croiser personne. C'est juste génial si j'arrive à sortir sans avoir de soucis... Mais, soudain, quand j'arrive à la porte de la cuisine, des bruits de pas se font entendre derrière moi. Je me stoppe net et me tourne très lentement pour apercevoir un énorme chien, qui se tient à quelques mètres de moi. Manquait plus que ça...

- Gentil chien, murmurais-je. Ne fais pas de bruit, s'il te plaît...

Quand il commence à aboyer, je me mets à paniquer. Je me redresse complètement et me précipite en direction de la porte grande ouverte de la cuisine et qui donne sur l'arrière cours. J'entends les pas précipités du chien, juste derrière moi et à cause de ses aboiements, il vient d'attirer l'attention des habitants de la maison car j'entends leurs voix se rapprocher. Je traverse l'arrière cours le plus vite possible en esquivant tout ce qui se trouve dans celle-ci. J'escalade du mieux que je peux la clôture et une fois de l'autre côté, je m'éloigne sans cesser de courir malgré que plus personne ne me suivent. Mais où est ce que coure comme ça ? Je ne sais même pas où aller... Je n'ai nulle part où aller...Soudain, c'est l'obscurité qui m'envahit, entourée des voix de gens qui crient et qui appellent les secours...

The King - en pause Où les histoires vivent. Découvrez maintenant