La convocation

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Toujours est il que vers trois heures, je fus interrompue par une secrétaire inconnue, qui vint se planter devant mon bureau, tout en pianotant sur son BlackBerry. Dans un premier temps, elle ne m'adressa pas un mot, complétement absorbée par son téléphone, puis, après que je l'ai fixée quelques minutes sans comprendre, elle me lança un bref:


"-Monsieur Holmes vous veut dans son bureau. Suivez moi."


Et sans attendre la moindre réponse de ma part, elle tourna les talons pour retourner de là où elle venait. Médusée, j'échangeai un regard interrogateur avec Paul. Ce "Monsieur Holmes" était sans aucun doute un de nos supérieurs, c'était mauvais signe.

Je grinçai des dents en m'élançant à la poursuite de la jeune femme, interceptant de justesse l'ascenseur qui allait se refermer sur elle. Nous nous plaçâmes toutes deux au fond de la boîte tapissée de glace, en silence.

Sans quitter son mobile des yeux, ma "collègue ?" glissa une petite clef pendue à son cou dans la serrure en bas de tous les boutons et instantanément, les portes se bloquèrent et nous commencèrent alors à monter.

D'après mes sources, l'étage accessible par clef était le dernier, donc le plus important, et surtout le plus mystérieux. Des tas de rumeurs et de "légendes" circulaient sur cet endroit, un peu mythique. Avant moi, seule Betty, la réceptionniste s'y était rendue, une seule fois dans sa carrière. Mon malaise se fit plus profond et je déglutis. Encore plus mauvais signe...


Les secondes me semblaient longues et l'ascenseur ne s'arrêtait pas de monter. Jusqu'où allait-il aller ? Jusqu'au ciel ? Ou était ce juste moi qui réfléchissait à la vitesse de la lumière ? Le silence était uniquement comblé par le roulement des chaines de l'ascenseur et par l'écrasement des doigts sur les touches du portable de cette fille. Je voulais en savoir plus, rien que pour me préparer à ce que j'avais affaire. Je ne cessai de jeter des coups d'œil à ma voisine, hésitante. Je détestais ce silence.


"-Pourquoi Monsieur Holmes m'a-t-il convoqué ?"


Elle quitta son écran des yeux pour quelques secondes, puis me fit un sourire en coin avant de retourner à son occupation:


"-Vous verrez bien."


...Et je crois qu'elle aussi, je n'allais pas tarder à la détester. A peine vingt ans et elle se permet déjà de railler ses ainées... Les jeunes de nos jours...


"-Vous êtes arrivé(e)s au vingt-quatrième étage." fit la voix mécanique.


Je sursautai. Je ne l'avais pas senti s'arrêter ! Ma guide refit un tour de clef, ouvrant l'accès au seul lieu du bâtiment qui m'était encore inconnu. Le cœur battant, je fis quelques pas. Quel contraste ! J'avais la curieuse impression de me retrouver dans le couloir de la sorcière, celui du Voyage de Chihiro. Des vases, des dorures, des peintures, mais un lieu si froid... Ma cadette prit les devant, me menant jusque devant une porte entrouverte. Je déglutis, une fois encore, et mes jambes commencèrent a devenir instables sur mes talons. Ma compagne toqua à la porte et déclara, placide:


"-Elle est là, Monsieur."

"-Merci Anthéa. Faites la entrer."


Elle me tapota l'épaule et continua son chemin dans le long couloir, me laissant seule. J'inspirai. Expirai, et détachai mes cheveux pour recouvrir ma marque sur le cou. Ca ferait mauvais genre, et fille facile. Bien que ce deuxième terme ne soit pas tout à fait faux... Je poussai la porte et entrai, restant tout de même en retrait.


Je retins un cri de surprise: quel bel endroit ! La pièce dans laquelle je me trouvais était très chaleureuse, lumineuse. Un sofa couleur crème reposait sur le côté, ainsi qu'une table ronde et vernie, destinée aux repas entre hommes puissants. Mais le plus important, en face de moi, un grand bureau sombre, où derrière, était assis l'homme qui m'attendait. (voir média pour la pièce)

Je fus impressionnée. Mr Holmes était grand, dans son costume sur mesure, un peu enveloppé, et semblait être de quelques années mon ainé. Je ne sais pas si c'était l'éclat de son regard ou l'homme en général, mais je ressentais l'immense charisme qui se dégageait de ce personnage.


En un regard, il m'invita à m'assoir. Docilement, j'obéis, plus nerveuse que jamais. Je notai soudain la présence d'un parapluie appuyé sur le bureau. Détail sans aucune importance, mais qui retint tout de même mon attention. Grâce au miroir disposé derrière mon supérieur, je pus contrôler mon aspect: je ne m'en sortais pas si mal, en fin de compte...


Quand je me concentrai sur mon interlocuteur, celui-ci me fixait avec ses yeux bleus, impassible, la tête appuyée sur ses deux mains jointes, comme s'il était en pleine réflexion. J'avais la désagréable sensation qu'il lisait en moi aussi librement qu'il lisait dans ses dossiers. Pourtant, je restais, immobile et tendue, le laissant m'observer comme si j'étais une nouvelle espèce d'insecte.  Je fus presque soulagée quand il détourna son regard pour ouvrir son tiroir. Mais je le fus moins quand je vis ce qu'il en sortait: Un dossier, mais pas n'importe lequel. Sur sa couverture étaient imprimées les lettres "Kelly Jackson".

Je palis et ma boule au ventre se resserra davantage. Si seulement je pouvais m'évanouir...

"-Commençons, voulez vous ?"


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Note de l'auteure: Ce chapitre est terminé ! Je sais il est bien plus court que le premier, ect, mais le suivant sera long et à la base, c'état censé être le même chapitre.

Pourquoi l'avoir coupé en deux ? Tout simplement parce que le chapitre trois ne sera quasiment constitué que de dialogues.

Donc pour la prochaine fois, attendez vous à la parlotte ! Allez, à la prochaine !


"You can stay Under my Umbrella..." (Mycroft x OC )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant