Des années auparavant :
Apparemment, la naissance de Yuichiro et Muichiro n'avait pas était une telle surprise que ce qu'on aurait pu croire. Il faut dire que la famille Tokito comptait déjà un bon nombre de jumeaux depuis les générations, aussi étrange que cela apparaissait pour tout le monde qui en côtoyait les membres. En effet, en plus d'être un phénomène normalement peu répandu, les jumeaux avaient depuis des temps anciens la réputation de porter malheur, notamment à cause des problèmes de succession. Cependant, les femmes Tokito ne s'étaient jamais plaintes de la singularité de leur famille, remerciant plutôt les dieux de leur donner aussi souvent deux enfants à chérir plutôt qu'un.
La mère de Muichiro n'en était pas du reste, et avait tant pleuré de joie à la vue de ses deux adorables bébés qu'on avait du la calmer pour les lui faire porter. Mais malgré leur ressemblance flagrante en apparence, les enfants s'étaient immédiatement révélés différents en caractère. Ainsi, alors que Muichiro s'était laissé bercé dans le sein maternelle en contemplant le monde nouveau autour de lui avec des grands yeux étonnés, Yuichiro avait hurlé en se débattant, semblant en colère contre tout ceux qui l'entouraient.
Mais leur mère avait ri, heureuse de voir qu'ils n'étaient pas l'exacte copie l'un de l'autre, et leur père leur avait donné à chacun une couverture au même motif de volutes turquoises ; à fond blanc pour Muichiro, et noir pour Yuichiro.
En grandissant, les deux garçons n'avaient fait que confirmer les impressions qu'ils avaient données à leur naissance. Yuichiro, l'aîné, était d'un tempérament très terre-à-terre et tenait des propos durs qui pouvaient souvent blesser ceux qui n'y étaient pas habitués. Muichiro, quant à lui, était calme et voyait le positif en chaque chose, s'émerveillant sans cesse de découvrir la beauté du monde dans lequel il était né. Son grand optimiste était qualifié de ''naïveté'' par son frère. La plupart des gens arrivaient à les différencier uniquement grâce à cette différence de comportement.
Étonnamment, les deux jumeaux – bien que se disputant parfois – avaient développé une complicité qu'eux seuls comprenaient. Lorsque l'un d'entre eux se blessait, l'autre accourait aussitôt et lui mettait la main dans la sienne :
« Comme ça, on partage la douleur ! »
C'était leur formule magique pour faire cesser les pleurs.
Muichiro était bien plus sensible à la douleur que son frère mais en réalité, c'était Yuichiro qui se blessait le plus, la plupart du temps puni par son impatience. Tous se souvenaient ainsi d'une fois, où, lorsque les jumeaux avaient six ans, leur mère avaient fait rôtir des patates douces sur un grill pour le goûter. Yuichiro avait tellement été attiré par l'odeur sucrée et la croûte caramélisée de la tubercule qu'il l'avait saisi à pleine main encore sur l'appareil. La patate lui avait alors laissée une trace noire ainsi qu'une vive douleur, en même temps de la frayeur provoqué par la brûlure. Ses parents étaient allé lui chercher de l'eau et avaient tenté de la consoler, mais finalement c'était Muichiro qui avait calmé sa peine en partageant avec lui sa propre collation poisseuse, vu que son frère avait perdu la sienne en la lâchant dans l'herbe.
À huit ans, les garçons étaient devenus plus grands et pouvaient aider aux tâches ménagères. Tous les deux trouvaient légitimes d'aider leurs parents, mais il y avait cependant une tâche que Yuichiro avait en horreur. Il s'agissait de la vaisselle.
Ce n'était pas le fait que ce soit long – ils allaient assez vite à deux, l'un frottant, nettoyant et l'autre essuyant -, ni même à cause de la saleté. Non, Yuichiro détestait quand son tour venait de laver la vaisselle à cause de l'eau toujours trop chaude qui lui laissait des marques rouges sur les mains.
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Passés et mémoires, Muichiro Tokito
FanfictionLa feuille de gingko tourne entre les doigts du jeune pourfendeur, formant comme un petit tourbillon jaune. Muichiro trouve que le jaune est une belle couleur. C'est effectivement une belle couleur, pleine de sens. Le jaune symbolise la joie, mais é...