Lycée

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Bientôt la rentrée. Elle stresse. Le lycée, c'est nouveau. Elle aimait bien sa routine au collège. Le CDI, le self, ses professeurs préférés, les 5 minutes de marche le matin. Le lycée, ce ne sera plus pareil. Premier changement : plus de temps de trajet. Même si Elle n'est pas à plaindre là dessus. 10 minutes de vélo. Pas grand chose, mais tout de même le double de temps que le trajet à pied qu'Elle faisait pour se rendre au collège.
Le lycée, c'est un autre CDI, un autre self, d'autres professeurs. Un autre établissement, un autre fonctionnement. D'autres habitudes et d'autres routines.

La rentrée, ça signifie aussi revoir ses potes. Ça, au fond, Elle s'en fiche un peu. Elle n'a qu'une amie à laquelle Elle tient vraiment.
Revoir Nathan, l'élève du latin, avec qui, suite à maintes péripéties, Elle a discuté par SMS tout l'été. Elle qui ne lui avait jamais vraiment parlé s'est retrouvé à échanger au moins 250 messages avec lui, dont une grosse cinquantaine en anonyme, comme il n'avait pas son numéro, pour pas qu'il sache qui Elle était.

Le Lycée, ça veut dire qu'Elle a 15 ans. La conduite accompagnée, c'est pour cette année. Là dessus aussi Elle stresse. Elle a peur. Elle ne veut pas conduire. Mais ses parents insistent. Si Elle ne veut vraiment pas, okay, mais qu'Elle réfléchisse bien, faire la conduite accompagnée, ça donne des avantages au niveau de l'assurance.

Le lycée, c'est un pas de plus en direction de la vie d'adulte, un pas qui l'éloigne petit à petit de l'insouciance de l'enfance. Un pas de plus vers une obligation de faire un choix d'orientation. Un pas de plus vers le travail et les responsabilités. Un pas qu'Elle ne veut pas faire.

Qu'est ce qu'Elle aimerait pouvoir faire une pause. Regarder le paysage, arrêter de chercher le chemin qui l'emmènera au sommet de sa montagne. Il y a des fois où la vue qu'Elle a d'où Elle est lui suffit.

Quand sa famille lui dit en souriant que, dans cinq ou six kilomètres, elle aura une belle vue, Elle se retient de leur répliquer qu'il est fort probable, au rythme où Elle va, qu'Elle abandonne avant.

Car il y a des fois où l'envie de fuir ce chemin, d'arrêter d'avancer ou même de sauter, sans parachute, de s'arrêter définitivement, d'abandonner, ne fait pas que lui effleurer l'esprit, s'impose à Elle. Souvent Elle projette. Puis Elle se souvient de son frère et ses parents qui seraient si tristes de ne pas la voir arriver au sommet de sa montagne. Elle ne veut et ne peut pas leurs faire ça.

Alors Elle continue. Elle avance en traînant les pieds. Elle ne s'émerveille même pas la beauté de la nature qui l'entoure, non, Elle ne voit que le dénivelé, que le froid, que le vent...

Que ce pas à franchir. Que cette rentrée au lycée. Que le négatif.

Souvent, les larmes montent. Alors Elle fait le point. Qu'est ce qui va mal ? Pourquoi est-ce que je suis triste ? Et Elle ne trouve pas. Elle pleure sans bruits, sans raisons.

Mais vite, Elle se reprend. Elle se donne un objectif. Publier un livre, aller voir la tournée du Trio, écrire une musique, voir Ben Mazué en concert...
Pendant quelques jours, Elle ne pense qu'à cela. Quel thème pour le roman ? Comment convaincre ses parents d'aller voir ses trois humoristes préférés ? Quand est-ce que Ben Mazué refait un album, et par conséquent une tournée ?

Puis Elle se souvient qu'Elle n'a que quinze ans, que la rentrée est après demain, et qu'Elle n'a dormi que cinq heures cette nuit.

Alors Elle continue d'avancer, sans vrai but, en traînant les pieds.

...
Petite histoire écrite sur un coup de tête et pas forcément très compréhensible. Ça part un peu loin dans la métaphore de la montagne, mais c'est ainsi que je l'ai écrite, et je n'ai pas trop voulu modifier mon texte.

ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant