Chapitre 1 : Diego et Hector

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"Ah ! Les boucaniers ! Les pirates ! Les flibustiers ! Quel que soit le nom qu'on leur attribue, ces matelots sans cœur sèment le chaos dans les Caraïbes depuis plus de cinquante ans ! Chaque navire quittant les côtes nord de l'Hispaniola et ayant aperçu, dans la mystérieuse brume de la nuit, ce fameux pavillon noir arborant ce crâne de squelette messager de mort, n'est jamais arrivé à destination indemne ! » Conta le vieil homme à la voix sombre et granuleuse.

Le seul publique du vieil homme était un enfant assis en face qui écoutait cette histoire d'une oreille distraite, assis en tailleur sur un sofa. Il se balançait d'avant en arrière en regardant autour de lui.

Les deux personnage se trouvaient dans un grand salon décoré de dizaines de tableaux de tous genres, d'une grande variété de meubles extravagants, d'une cheminée éteinte et d'un large lustre au dessus de leurs têtes.

Le vieil homme, remarquant que le jeune Hector ne suivait pas le récit, fit une pause, surpris, puis repris son histoire de plus belle d'un ton encore plus immersif afin de captiver toute l'attention du jeune homme :

« Il se dit que ces fameux flibustiers sont si cruels qu'ils...

« Ton histoire est ennuyeuse, Diego, le coupa Hector, conte moi donc les aventures du lion qui sauva le village des animaux !

Le prénommé Diego s'interrompit, il regarda Hector d'un air étonné, sans arriver à cacher sa vexation.

Diego était un homme qui approchait dangereusement de la soixantaine possédant un physique qui lui donnait l'air bien plus jeune que ce qu'il était. Il avait, de petits yeux bleus un crâne totalement chauve et une longue barbe bien entretenue qui pendait jusqu'à sa poitrine.

Hector poursuivit, avec des étoiles dans les yeux :

« Ou peut être pouvons-nous jouer à ce jeu de plateau auquel tu m'as introduit la dernière fois ! Vois-tu ? Il contient 63 cases et porte le nom d'un volatile ! Dis, vois-tu ?

« Ecoutez jeune Hector...

« M'appelles-tu par mon prénom dorénavant ?

« Je m'excuse M. Ramos de Avila...

« Non, continuez donc ainsi ! Je préfère comme cela. Autrement j'ai l'impression que vous vous adressez à mon père...

Diego contempla l'enfant avec admiration : il avait tant de malice dans la voix et dans les yeux. Le vieux précepteur était convaincu que ce jeune garçon allait faire de grandes choses à l'avenir.

Hector avait une bouille toute ronde et sans imperfections ainsi que de beaux cheveux châtains attachés en une haute queue de cheval. Queue de cheval qu'il haïssait notamment. Il voulait laisser ses cheveux pendre afin qu'ils s'emmêlent, qu'ils virevoltent quand le vent est fort, qu'ils soient libres. Mais son père tenait à ce que ces derniers soient constamment brossés, lisses, droits et attachés. L'enfant avait fini par s'y faire. Après tout, il n'y avait pas à remettre en question l'autorité d'un adulte.

« C'est justement votre père qui me charge de vous mettre en garde contre ces pilleurs des mers qu'on appelle les pirates. Peut être un jour serez-vous amenés à quitter l'île Tortuga en bateau, vous devrez ainsi être préparé.

« Je n'aurais qu'à les inviter à devenir mes amis ! Ainsi ils ne pilleront pas mon bateau !

Diego sourit : l'enfant avait beau être futé pour son âge, il restait très naïf. Il pensait réellement, à la manière de Pangloss, que tout était pour le mieux et que chaque être était bon.

Hector poursuivit :

« De toute manière, le compte Ramos de Avila ne me laissera jamais quitter cette péninsule de malheur. Nous étions bien mieux en Espagne ! Pourquoi tient-il tant à ce que l'on reste ici ?

Barbossa : la naissance d'un pirate légendaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant