Menteurs

Prologue

Les lumières clignotantes des gyrophares bleus des véhicules de police et de secours, mélangés à l'agitation des invités qui grouillaient dans le manoir et sur le perron donnaient des vertiges à Nora. Ses jambes tremblaient comme des feuilles et son corps tenait debout uniquement car il était fermement maintenu par les bras de Malik. Elle n'entendait plus rien ; ni les pleurs de ses amis, ni les questions des policiers, ses yeux étaient rivés sur le corps de son ami, sous cette bâche noire.

Tout autour d'elle semblait être en accéléré, l'agitation, les mouvements, les pleurs, tout se mélangeait et l'empêchait de réfléchir. Elle ne comprenait rien lorsqu'on lui adressait la parole et ses yeux semblaient ne pas aller assez vite pour retrouver ses amis dans la foule. Tout c'était passé tellement vite. Il y a moins d'une heure ils étaient tous en train de faire la fête et puis ils avaient entendu un énorme bruit à l'extérieur du manoir. Les premières personnes étaient sortis pour aller jeter un œil avant qu'un cri d'effroi ne résonne dans toute la forêt.

Il était mort. Tombé de la fenêtre du troisième étage. Elle avait eu beau le répéter dans sa tête une centaine de fois, il lui était impossible d'assimiler la nouvelle.

- Est-ce que je peux vous poser des questions ? questionnait un policier.
- Oui bien sûr, répondait Malik.
- Mademoiselle ? ajoutait-il.

Voyant qu'elle ne réagissait pas et que son regard ne s'était pas concentré sur la personne en face d'eux, Malik attrapait la main de Nora qui était appuyée contre lui pour attirer son attention.

- Nora, t'es avec moi ?

Celle-ci tournait difficilement les yeux vers son petit ami avant de remarquer l'officier face à eux.

- Je...
- Tout va bien, je voudrais simplement vous poser quelques questions.

Elle hochait finalement la tête avant de le suivre à l'intérieur du manoir, jetant un dernier coup d'œil au corps qui avait été placé sur un brancard, prêt à être rentré dans l'ambulance. Elle sentait la main de Malik resserrer sa hanche pour l'aider à avancer alors qu'elle s'efforçait de calmer sa respiration.
En pénétrant dans le hall elle remarquait ses amis assis sur le canapé. Ils étaient tous là, prêts à répondre eux aussi, aux questions des policiers. Mais alors qu'elle voyait leurs visages tous plus décomposés les uns que les autres, un tas de questions traversaient son esprit.

Que s'était-il passé ? Quelqu'un avait-il vu quelque chose ?