Intro - Un monde qui s'écroule

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♪ Space Junk - Wang Chung ♪

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Je m'affale sur mon canapé et pose mes pieds sur la table basse sans prendre la peine de retirer mes converses pleines de terre et de crottins. C'est sûrement la première fois de ma vie que je rentre du boulot sans être complètement exténuée. En allumant la télé, je tombe directement sur la chaîne d'information nationale. Le même sujet tourne en boucle depuis deux jours : ces images et vidéos de personnes qui semblent extrêmement agressives et surtout, qui restent debout sur leurs pattes malgré s'être pris plusieurs balles dans le ventre, cannibales qui plus est. Je ne sais vraiment pas quoi penser de tout ça. Au début, je pensais que c'était de fausses images. Internet, les jeunes sont forts pour créer ce genre de conneries. Cette affaire m'emmerde plus qu'autre chose. Si je ne suis pas épuisée, c'est parce que mon patron m'a fait partir plus tôt pour des raisons de « sécurité ». Il est du genre survivaliste et complotiste. Il y a des chances pour qu'il refuse d'ouvrir le ranch pendant plusieurs jours en attendant de voir ce qui se passe.

Après plusieurs minutes à écouter les infos, je finis par éteindre la télé et allumer mon lecteur CD pour mettre un peu de musique. Limp Bizkit, Significant Other, excellent album pour se faire des nouilles sautées. J'attrape les nouilles dans mon placard et commence à faire bouillir de l'eau en dansant en rythme. Du moins, à ce qui peut s'apparenter à de la danse sur du nu metal rap rock des années 90 de Jacksonville. Mon corps bouge, quoi. D'une manière ou d'une autre.

Mes nouilles étaient presque prêtes quand j'entends un coup de feu. Je sursaute, il y a maintenant bien trop de sauce ultra piquante dans mes nouilles, je vais m'arracher la gueule, génial. Je coupe la musique, inquiète. Le coup de feu venait de mon bâtiment, c'est certain. Lakewood Heights est, certes, un des quartiers qui craint le plus à Atlanta, mais l'immeuble où se trouve mon appartement a toujours été plutôt calme. Et ce coup de feu était proche. Genre... Vraiment proche. Je m'avance vers la porte d'entrée et l'entrouvre pour passer ma tête et écouter. Mais plus rien. Pas un chien. Il n'y a qu'une seule chose qui sort de l'ordinaire, et qui capte mon attention : la porte de l'appartement de mes voisins de palier est entrouverte. C'est un couple de retraités, très gentils. Je souffle un bon coup avant d'avoir le courage d'aller voir ce qu'il passe.

- John ? Isabel ?

Aucune réponse. Je m'avance jusqu'au salon et laisse échapper un cri d'horreur. Je plaque ma main sur ma bouche, les yeux écarquillés. La vieille dame tourne lentement la tête vers moi, couverte du sang de son mari qu'elle était en train... de manger. Je suis tétanisée. Dans la main de l'homme, son ancienne arme de service. C'était un flic. Isabel se redresse en poussant des râles étranges, se dirigeant droit vers moi. Je recule et fais le tour de la table de la salle à manger. Heureusement pour moi, la vieille dame a quelques problèmes de motricité et n'est pas des plus rapides. Je ne la quitte pas du regard. Les yeux livides, le teint pâle... une véritable morte-vivante comme on n'en a jamais vu d'aussi vivante. Je suis dans un rêve, ce n'est pas possible autrement. Je me pince, très fort. Mais rien ne change. Dès que j'en ai l'occasion, je cours en direction du cadavre de John pour récupérer l'arme et la pointe en direction de sa femme. Je tremble, je ne sais pas quoi faire. Elle est malade, après tout ? Est-ce que je devrais appeler l'hôpital ? La vieille dame continue d'avancer vers moi. Tant pis. C'est une question de survie là. La légitime défense, ça sert à ça. J'enlève la sécurité, détourne le regard et tire. La balle lui arrive droit dans le thorax... mais rien ne se passe. Avec le choc, elle vacille simplement avant de continuer à marcher. Je n'en crois pas mes yeux. Comment est-ce possible ? Je tire une deuxième fois, puis une troisième fois. Dans le ventre et dans la cuisse. Elle tombe au sol, mais se relève. Comment ? ... Je tire une quatrième fois, cette fois-ci dans la tête. Isabel s'écroule définitivement, inerte. Je sens mon cœur battre à mille à l'heure, j'ai l'impression que je vais m'évanouir ou que je suis sur le point de faire une crise de panique. Mon corps entier tremble.

Une main attrape fermement ma cheville. J'hurle à plein poumons : c'est John. Il a beau avoir le cou et l'estomac exposés au grand jour, il vient de revenir d'entre les morts et tente de me mordre. Je lui tire deux balles dans la tête sans hésitation, il lâche sa prise immédiatement.

- Putain, mais c'est quoi ce bordel ? Je suis dans un cauchemar, c'est pas possible. Je vais me réveiller, je vais me réveiller.

Je m'écroule sur le sol, des larmes coulent sur mes joues. Alors, les images aux infos étaient vraies ? Peut-être que mon patron a raison. Il se passe quelque chose. Quelque chose de grave. Il ne faut pas que je reste ici. Je me relève, mes jambes ont du mal à me porter, je me sens faible mais il faut que je parte. Je garde le flingue, sûrement un Colt mais je n'ai aucune idée du modèle. Je cherche des munitions, bingo : je finis par en trouver dans un des tiroirs de la commode du salon avant de quitter l'appartement en prenant soin de fermer la porte pour retourner chez moi. Toutes mes pensées se bousculent dans ma tête, j'ai du mal à me concentrer et à réfléchir. Je chope mon sac à dos de randonnée pour y mettre quelques vêtements, à manger, des clopes, une gourde. Je prends également mon couteau de chasse et mon matériel de bivouac : une petite tente, un sac de couchage et quelques outils. J'attrape les clefs de ma moto puis hésite un instant. Je fixe le mur où sont accrochés mes arcs de club. Un arc à poulie et un classique. Je finis par prendre le classique avec son carquois et une dizaine de flèches avant de définitivement quitter l'appartement. On ne sait jamais, ça pourrait m'être utile. C'est plus discret qu'une arme à feu.

Je descends en trombe les escaliers pour atteindre le sous-sol de l'immeuble et récupérer ma moto. Je m'éloigne de la ville, en direction du sud ouest, là où j'ai pris l'habitude de faire du bivouac durant les beaux jours. Je suis encore sous le choc de ce que je viens de voir et surtout de ce que je viens de faire. J'ai buté mes voisins morts-vivants ? Je regarde mon téléphone, plus de réseaux. Evidemment. Au loin, il y a  de nombreuses voitures sur une bretelle d'autoroute qui mène au centre d'Atlanta. On dirait que beaucoup tentent de trouver refuge en ville, ou atteindre l'hôpital. Sûrement pas la meilleure des idées, ça je l'ai rapidement compris. Je vais m'installer en forêt pendant plusieurs jours, en attendant de voir ce qu'il se passe. (illustration)

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Wicked Game (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant