Trigger Warning et Prologue.

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 Cette histoire comporte les notions suivantes : suicide, mention de rejet parental dû à la transphobie, violence physique et sexe.


*******

Lorsqu'il s'était ôté la vie, il avait songé à l'éventualité de se réveiller dans un lit d'hôpital, bel et bien vivant. Rater son suicide avait été une possibilité qu'il avait acceptée. Il n'était donc pas surpris d'ouvrir les yeux.

Non, ce qui l'a pris par surprise, c'est bien les deux mains qui se sont aussitôt enroulées autour de sa gorge dans l'espoir de le renvoyer de l'autre côté.

Honnêtement, il aurait pu se laisser faire. Mais il y avait une assez grande différence entre se prendre la vie et se faire tuer.

Les médicaments qu'il avait pris avaient été une douceur sans nom comparé à l'attaque qu'il subissait. Il sentait des ongles s'enfoncer dans sa peau et des doigts compresser sa gorge. Il s'est débattu.

Il a rencontré de la résistance, mais cela n'a pas duré.

Il s'est redressé, assis sur son lit, la main autour du cou. Il a toussé, les yeux troubles, ayant du mal à voir correctement son environnement. Il était encore aveuglé par la mort qui était venue le cueillir une première fois. Les ténèbres se sont néanmoins envolées au bout de quelques secondes.

Il a tourné la tête vers son attaquante, n'arrivant qu'à discerner les contours de son corps. De ce qu'il voyait et de ce qu'il avait sentis, il venait de se faire attaquer par une femme. Ce simple constat l'a rendu perplexe.

Il aurait reconnu sa mère ou une de ses amies. Ce n'était pas le cas, il était sûr qu'il n'avait jamais vu cette femme de sa vie. Plus sa vision revenait à la normale, plus il ne pouvait que confirmer le fait qu'il ne connaissait son attaquante ni d'Adam, ni de Eve.

"-C'est quoi, ton putain de problème, salope ?!"

Un rire cruel lui est parvenu alors qu'il sortait du lit. Quelque chose clochait, au-delà de cette attaque, il ne reconnaissait pas son environnement, et il se sentait lourd, non plus à cause de son état second mais bien de manière générale. Il lui semblait bien qu'il était plus grand. La manière dont ses muscles roulaient sous sa peau lui paraissait si peu familière qu'il en était stupéfait, fixant ses mains puis son torse et ses jambes.

Où était sa poitrine ?

Où étaient ses hanches, ses cuisses si prononcées qui lui avaient donné envie de vomir ?

"-Je ne savais pas que vous pouviez sortir des injures pareilles, cher frère. Vous ne cesserez donc jamais de me surprendre."

Frère ? Et pourquoi parlait-elle avec cette intonation snob et ce langage soutenu ?

Peut-être était-il en enfer, l'endroit où sa génitrice lui avait hurlé qu'il finirait...Ou peut-être était-il en hôpital psychiatrique.

"-Qui es-tu ?" il a demandé en tendant les bras devant lui, comme pour calmer un prédateur prêt à l'attaque alors qu'elle tournait en rond dans sa chambre, la rage émanant de tout son être.

A ses paroles, elle s'est statufiée sur place, observant son "frère" avec un regard suspicieux.

"-Romain, à quoi jouez-vous au juste ? Avez-vous frappé votre tête si fort contre le sol que vous en avez perdu la mémoire ?"

Romain ? Il a scruté les environs à la recherche d'un miroir...avant que sa mâchoire se décroche en réalisant qu'il se retrouvait dans une pièce digne du palais de Versailles, avec ses peintures sur les hauts plafonds et les murs semblant trempés dans l'or. Une des peintures a capté son attention, le faisant écarquiller les yeux. Il connaissait cette peinture. Pas parce qu'elle reprenait l'œuvre de Michel-Ange, La Création d'Adam, mais parce qu'il se souvenait l'avoir imaginée. Il se souvenait du moment exact où il avait imaginé cette œuvre, où il avait remplacé Dieu, par un Corps Céleste, avec des dragons qui remplaçaient les anges qui entouraient la figure divine. Il n'en croyait pas les yeux, cela remontait à si longtemps que le souvenir lui apportait des larmes aux yeux.

L'émotion l'a distrait pendant quelques instants avant qu'il ne se concentre de nouveau sur la femme dans la pièce qui le regardait fixement. Elle a ouvert la bouche, mais il n'a pas eu besoin d'entendre la suite pour comprendre.

Il n'était ni en enfer, ni en hôpital psychiatrique.

Il était à Malvar.

Il était dans un monde qu'il connaissait très bien étant donné qu'il l'avait créé de toute pièce.

Il se trouvait dans sa création, dans une de ces anciennes histoires.

Il aurait pu être heureux, il l'a été pendant une dizaine de secondes avant de se souvenir du nom que sa "sœur" avait prononcé.

Romain.

Le méchant de l'histoire.

Celui que le protagoniste et héros de l'histoire tuait à la fin.

Putain de merde.

Le Palais des Jeux | [16+]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant