La plume et l'écrivain

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«Je me dois de coucher sur le papier

Ne serait-ce que quelques mots avant la veillée !»

S'empressa l'écrivain qui cherchait illusoirement

L'inspiration qui tardait longuement. 

Ça n'est guère chose aisée que de composer

Les quelques notes qui garnissent tout un phrasé.

Par fortune, la plume qu'il tint dans sa main

Lui répondit d'un air certain:

«Ne vous activez pas à la hâte ainsi !

Laissez donc ruisseler votre calligraphie,

Prenez la peine d'écouter vos murmures

Et esquissez avec audace l'entièreté de vos ratures. 

N'ayez pas le regret d'être imparfait,

L'erreur ne vous sert qu'à progresser !

Ne soyez ni trop réfléchi ni trop barbant

Et gardez le stylo fin et flottant.

Régidez tout en remontant le cours du fleuve,

Accompagnez votre encre, ne la laissez pas veuve.

De ce fait verrez- vous que c'est comme ceci

Que l'on compose les plus belles poésies.»

Aux dires engagés de la plume

L'écrivain put refouler toute la brume

Qui rendait indicible sa pensée.

«Plume, que grâce vous soit accordée !

Maintenant, l'inspiration m'est revenue,

Et je suis prêt à exposer mes idées nues

Sans enfouir ni faute ni erreur

Tout en ne m'exprimant qu'avec le coeur !

Entendez donc mes convictions, ma chère,

Et demeurez pour moi souple et légère.»

Une fois trempée dans l'encrier

La plume préserve les mots sur le papier.

Sachez seulement que ce n'est nullement avec l'esprit

Que l'on compose les plus illustres symphonies,

Et qu'il faut bien avoir du coeur et une sensibilité

Pour faire surgir l'écriture dans toute sa beauté. 


06/ 09/ 2023                                                224 Mots

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