L'homme et l'animal

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«Que j'aime contempler sous l'éclat des artifices

Ces hautes tours, ces éternels édifices 

Qui semblent, portant mes yeux vers leurs sommets vertigineux

Toucher l'infini et caresser les Cieux. 

Rarement ai- je admiré de ces grandeurs si belles

 Laissant mon regard s'ébaudir dans cette nuit nouvelle, 

Me rappelant à la fois comme je suis invisible dans cet univers 

Et comme l'Homme, par son empreinte, marquera sa Terre. 

Parce que c'est depuis le berceau de notre Histoire,

Que nous débutions le récital de notre gloire.

De ces temps immémoriaux dont je me souviens 

Nous n'avons cessé de perfectionner notre chemin. 

Nous avons traversé le ciel, silloné la terre

Nous avons découvert nos océans et notre galaxie entière !

Que nous manque t'il donc à connaître de la vie, 

Hors de ces idéaux qui succombent à la rêverie ?

C'est de nos conquêtes, c'est de nos exploits,

C'est par notre prestique et par nos lois

Que dans notre nature de grands innovateurs

Nous sûmes nous imposer à l'égal du Créateur !

Quelle joie ravissante que d'appartenir à cette espèce !

J'en suis tout embaumé d'extase, je le confesse !»

C'est au hasard de ses idées nocturnes

Que le vagabond déambulait dans les rues taciturnes. 

Mais l'Homme dû baisser le regard

Lorsque, par inadvertance il frappa le faiblard

Qui gîsait sur le sol, noyé dans son sang

En proie à l'agonie, désespérement. 

Il n'était point Homme, c'était l'Animal à ses pieds

Qui dans une force insoupçonnée dont il put puiser,

Il prit la peine de revendiquer:

«Homme, quelle prétention ! Quelle vanité !

Tu désires encore inhaler le parfum de ton prestige.

C'est ton arrogance qui te l'oblige. 

Seulement considères- tu l'avancée de tes progrès

Sans daigner observer les malheurs que tu as causés.

Tu as envahi ma plaine, détruit ma forêt, pollué ma rivière

Tu t'es octroyé le droit de souiller ma terre Mère. 

Tu m'a volé ma fourrure pour en faire un manteau

Tu t'es emparé de mon cuir pour t'en faire des sabots

Je n'ai été qu'esclave de tes caprices,

Tu es l'ombre même de ta propre malice !

On t'a rendu aveugle par le pouvoir et le plaisir de dominer

Et tu n'éprouves aucun regret, es- tu seulement tourmenté ?

Ce sont les hommes comme toi qui ont jugé bon de me laisser pourrir

Parce que je valais moins encore qu'une bouteille de Kir. 

Humanité que tu prétends posséder,

N'oublie jamais qu'autrefois tu te représentais dans l'animalité.

Toi ! Tu aurais pu t'illustrer en Sauveur,

Mais tu as préféré te montrer Destructeur . . .»

Et l'Animal, dans son ultime soupir, quitta la vie.

Tandis que l'Homme, lui, prit le temps de regarder là, la victime de ses ennuis. . . 


03/ 10/ 2023                                                  417 Mots











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