Chapitre 8

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Que devenait Harry ?

Et bien Harry avait grandi lui aussi. Il allait sur ses dix-huit ans.
Il avait été terrifié en voyant les hors-la-loi envahir le royaume, tous sous le contrôle de Stan. Il avait rarement quitté sa mère durant son enfance.

Puis  il était devenu fort, plus courageux et audacieux. Et physiquement, il était devenu beau comme un prince. Son visage s'était embelli avec le temps. Il avait cet air doux et singulier, qu'on ne trouve pas partout. Ses traits étaient semblables à des douceurs angéliques. Et il avait, au  fond de ses yeux verts, une étincelle écarlate, mélangeant une force de vivre et une délicatesse honorable. Ses prunelles émeraudes brillaient d'une lueur particulière et renfermaient une histoire silencieuse.
Il avait appris à magner les armes en cachette pour aller attraper des lapins par ci, où des sangliers par là. Il s'éloignait un peu de temps en temps, mais ça valait le coup de voir le sourire de sa mère après avoir apporté un butin.

Harry  était devenu quelqu'un d'assez froid, il parlait très peu. Seulement avec sa mère, la reine aussi parfois et avec Zayn rarement. Et il ne montrait plus aucune émotion.
Il s'autorisait à pleurer seulement la nuit quand il était sûr que personne ne le voyait.

Il  ne s'était jamais remis de la mort de Mark et surtout de la mort de Louis, son meilleur ami. Cette tragédie l'avait changé et Anne était anéantie de ne rien pouvoir faire pour alléger la tristesse morbide de son fils.

Quelques fois, il allait sur la falaise pour se faire une idée de ce que Louis aurait pu voir avant de mourir.

Les  jeunes filles du peuple étaient très intéressées par lui et elles le montraient sans pudeur. Bien sûr, cela dégoûtait Harry plus qu'autre chose. Ces filles n'avaient donc rien d'autre à faire ?
Il n'était pas intéressé par filles, de toute façon. Ça faisait quelques mois qu'il était sûr de son homosexualité. C'était Mike, le fils du  jardinier royale qui lui avait fait le déclic, mais bien sûr, il ne l'avait dit à personne. Stan avait souvent recours à la peine de mort pour tout et n'importe quoi, alors il préférait garder ça secret en toute légitimité.
Il n'avait jamais eu de relation à proprement parlé, mais il était plus attiré par les hommes que par les femmes.
Et puis de toute manière, il s'en fichait, il était très bien tout seul.

Harry se privait beaucoup aussi. Pour la reine et pour sa mère, parfois la faim le rendait tellement fou qu'il s'éloignait de la ville et cherchait désespérément des fruits et même des insectes parfois. C'est horrible dit comme ça, mais tout se faisait vraiment rare. Il arrivait qu'il  disparaisse pendant quelques jours mais il trouvait toujours le moyen de  prévenir la femme de sa vie quand le temps se faisait trop long.

Trois fois par semaine, il organisait avec Anne un festin dans les appartements de la reine quand tout le monde dormait. Ils mangeaient ce qu'Harry apportait en silence, s'extasiant sur la nourriture qui se  retrouvait dans leur estomac.

-Vous avez des nouvelles de Simon ? demanda la reine un soir.

Anne et Harry furent surpris de sa prise de parole mais c'était un progrès,  ce qui était toujours mieux que son mutisme effrayant.

-Non, répondit Harry en chuchotant. J'irais le chercher si vous voulez.
-Merci Harry, mais non. Je ne veux pas t'obliger à faire ce que tu ne veux pas faire. Les garçons de ton âge ne passent pas leur temps à essayer de nourrir les autres. Si Louis était encore là...

Johanna sanglota.

Anne arrêta de manger et prit la reine dans ses bras.
Harry avait chaud, il se sentit mal.

-Il aurait eu ton âge, Harry...je me demande à quoi il aurait pu ressembler.

La reine ne réussissait pas à faire son deuil.

The KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant