Chapitre 2: ℭ𝔢 𝔪𝔬𝔫𝔡𝔢 𝔮𝔲𝔦 𝔪'𝔞 𝔳𝔲 𝔫𝔞𝔦̈𝔱𝔯𝔢

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La vie en elle-même est magnifique, une source de contemplation et d'émerveillement. Cependant, est-il possible de mener une vie aussi belle pour nous, les exclus du monde, méprisés et humiliés en raison de notre naissance dans une ascendance pauvre et vulnérable ? Un peuple, un monde, tout cela semble vain dans l'absurdité de notre existence sur cette terre. J'ai compris cela bien assez tôt, car la vie ne m'a jamais favorisé. Alors, pourquoi l'aimerais-je en retour ? Elle m'a tout pris : mon passé, mon présent, et mon futur avec ma mère.

Ce monde est à la fois chaotique et bordélique, si je devais vous en dresser un portrait, je le comparerais à des excréments sur la dépouille d'un animal, semblable à cet enfer décrit dans les légendes. Ce monde est l'apogée de l'horreur. Ceux qui survivent à leur enfance doivent se préparer à la vie d'adulte, car ce monde est cruel envers les personnes faibles et naïves, les privant de leur bonheur et de leur avenir dès leur naissance. Cela les pousse à se demander pourquoi ils sont nés sur cette terre, cherchant sans cesse la délivrance et la rédemption. Or, le seul crime qu'ils ont commis est d'être nés hommes sur cette terre.

Je me nomme Mire, le plus précieux et unique cadeau que ma mère m'a offert durant mon court voyage à ses côtés. Très tôt, j'ai compris que le monde était impitoyable envers les faibles. Dès que je m'en souvienne, ma mère ne m'a jamais montré le moindre signe d'affection. Pour elle, j'étais à la fois une charge et la seule chose qui l'empêchait de sombrer dans la folie. Les années ont passé jusqu'à mes dix ans, c'est alors que deux hommes vêtus étrangement sont apparus, ont saisi deux personnes, ma mère étant l'une de leurs victimes. Les derniers mots qu'elle m'a dit étaient : "Merci de m'avoir supportée toutes ces années." J'ai instinctivement compris l'amour de ma mère pour moi, mais il était trop tard, elle fut emportée loin de mon regard. C'est alors que j'ai décidé de ne jamais oublier cette scène, car un jour je la reverrai, et je lui dirai à quel point elle a été une mère parfaite.

Pendant huit longues années, j'ai cherché ces hommes, mais aucune trace. Un jour, lors de mon périple, j'ai rencontré une petite fille et un vieil homme. Le vieil homme s'appelait Einar Woolf, et la jeune fille Liz. L'homme était taciturne et peu expressif, ne racontant presque jamais comment il en était arrivé là ni pourquoi il avait perdu sa jambe droite. Quant à la fille, elle semblait souffrir d'amnésie, ayant oublié jusqu'à son passé et parfois son propre nom. Pris de pitié, j'ai décidé de rester à leurs côtés. Le temps a passé, notre lien est devenu de plus en plus étroit. Einar se confiait davantage, riait aux éclats avec le zèle d'un bambin, tandis que Liz commençait à se souvenir de certains événements de son passé. Deux ans se sont écoulés, deux ans durant lesquels nous ressemblions à une famille.

Lors de notre voyage, nous nous sommes installés près d'un cratère formé il y a des millénaires. C'est alors que Liz disparu. Nous l'avons cherchée sans relâche, sans nous reposer ni boire pendant trois jours. Et un jour, pendant nos recherches, nous sommes tombés sur un campement. Ma surprise a atteint son paroxysme quand j'ai vu des hommes vêtus de la même tenue que ceux qui avaient enlevé ma mère. En une fraction de seconde, j'ai déjà commis l'acte qui nous condamnerait tous. Je me suis mis à hurler contre les hommes, demandant où était ma mère et ce qu'ils comptaient faire à Liz, avec un air empli de haine et de colère. Les hommes, quant à eux, n'ont même pas pris la peine de me répondre. Un des deux hommes a pointé un objet vers moi, et sans que je comprenne pourquoi, un tir, puis un deuxième, et un troisième. Lorsque j'ai rouvert les yeux, j'ai constaté avec désespoir l'acte qu'avait commis Einar. À ce moment-là, un sentiment s'est enraciné en moi, celui de n'être qu'un fardeau pour le monde. C'est alors que j'ai renoncé à la vie et à me battre. C'est à ce moment que j'ai compris que cette vie qui m'avait été offerte ne m'apporterait que ruine et désolation. Les hommes qui se trouvaient près de moi m'ont saisi et transporté comme on pourrait transporter une vieille corde usagée, vers une destination inconnue. C'est cette épreuve qui m'a façonné et m'a permis de comprendre que l'homme est un fléau pour l'homme.

Alex D.cool

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