Chapitre 1

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- Ferme ta bouche à merde Raeken.

S'il y avait une chose à savoir concernant Stiles Stilinski, c'est qu'il était d'une franchise inouïe et que, dans cette lignée, il ne gardait jamais sa langue dans sa poche. C'était d'autant plus vrai lorsque des nuisibles s'adressaient à lui ou faisaient preuve d'un humour douteux, trop pour imaginer que ça en soit réellement.

Son vis-à-vis, Théo, esquissa un rictus mauvais. Enfin que Stiles ne pouvait pas trouver autrement que mauvais. Parce qu'à son humble avis, Théo était mauvais. Jusqu'aux tréfonds de son être. Il avait beau s'être racheté récemment en aidant cette meute qu'il avait essayé de détruire par le passé, Stiles n'arrivait pas à se montrer sympathique à son égard. Il le détestait, c'était viscéral. Un peu de la même manière qu'il haïssait Jackson, un autre « collègue » de meute qu'il considérait tout autant comme un connard. Stiles se demanda un instant si la blondeur était synonyme de méchanceté, car elle était commune à ces deux enfoirés de première. Enfoirés qui partageaient un autre trait : en sa présence, ils passaient leur temps à le chercher. Le rabaisser. Se moquer de lui. Comme s'il n'était rien d'autre qu'une merde – c'était là sa pensée et son interprétation de la chose. Et puisque Stiles détestait le fait qu'on le juge ainsi parce qu'il était juste humain, il s'attelait à rester féroce. Ce n'était pas parce qu'il n'avait aucune capacité surnaturelle qu'il n'avait pas son importance. Certes, même Scott ne le valorisait pas réellement, mais... Lui, au moins, il le respectait. Il ne se moquait pas de lui.

Quel meilleur ami ferait ça ?

- Je dis juste la vérité, Stiles.

Le susnommé n'aimait pas vraiment la manière dont le blond prononçait ce surnom, que lui-même avait littéralement adopté comme un prénom – bien plus prononçable que celui que ses parents lui avaient donné à sa naissance. Théo semblait le siffler, un peu comme le ferait un serpent. Cet élément-là participait à lui donner l'image du méchant d'un mauvais film, dans l'esprit de Stiles.

- Ta vérité n'est pas universelle, Raeken.

Stiles ne le respectait pour ainsi dire... Pas. Ou plus – et c'était la raison pour laquelle il l'appelait par son nom de famille, évitant des familiarités inutiles. A l'école primaire par contre, ça allait. Parce qu'à l'époque, Théo était sympa, c'était un petit garçon comme les autres. Innocent. Gentil. Jackson aussi, quand il y repensait.

Mais c'était en grandissant que l'on voyait le vrai visage des gens, leurs travers les plus sombres. Stiles s'était donc, au fur et à mesure du temps, persuadé que Théo était un immense psychopathe et Jackson, un simple connard quand, à côté de cela, il avait élevé Lydia au rang d'âme sœur amicale et Scott, à celui d'un ange. Toujours gentil, adorable, serviable. Un peu lent parfois, mais c'était comme ça qu'il l'aimait, son meilleur ami. Il ne le changerait d'ailleurs pour rien au monde, se disant que si l'on appréciait quelqu'un, ce n'était pas juste pour ses qualités, ses défauts entraient également en ligne de compte. Stiles acceptait chacun de ses amis de cette façon.

L'aimait-on seulement de la même manière ? Ça, il ne le savait pas vraiment mais dans le doute, il préférait éviter de se poser la question. C'était mieux pour lui, pour les autres. Car lorsque Stiles se torturait l'esprit avec un sujet aussi épineux que celui-là, son entourage en prenait pour son grade. Alors il se contenait, évitait les pensées problématiques, qu'il soit chez lui ou au lycée. Qui sait, si on l'appelait... Il fallait qu'il soit toujours là, prêt à agir, à donner de sa personne pour la meute. C'était facile, instinctif. Pas besoin de réfléchir. On avait besoin de lui, il agissait : c'était aussi simple que ça.

Le sujet qui l'opposait actuellement à l'odieuse chimère qu'était Théo Raeken était proche de ses propres réflexions, à la différence que leur point de vue était opposé.

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