Break down the walls around you

Chapitre 4

Aujourd'hui, Stiles avait la tête un peu ailleurs. Il s'agissait d'une chose si rare qu'elle ne passait pas inaperçu. A vrai dire, jamais l'hyperactif ne percutait qui que ce soit au lycée lorsqu'il avait pleinement conscience de son environnement.

- Fais gaffe où tu marches, Stilinski, le prévint-on d'une voix fortement agacée.

L'humain ne fit rien de plus que lever les yeux vers Jackson avant d'hocher la tête et de reprendre sa route sans demander son reste. Non, il ne bousculait jamais personne alors lorsque cela arrivait, c'était étrange. Le pire, c'était quand ce genre de choses s'accompagnait d'un silence comme le sien. Mauvais signe. Quoique Jackson trichait un peu : Stiles ne l'avait pas vraiment bousculé. Disons que le kanima avait marché un peu trop près de l'hyperactif et ce, intentionnellement. Il se voyait mal l'appeler en plein milieu du couloir pour lui demander ce qui lui arrivait – Stiles lui-même ne comprendrait pas. Enfin pour cela, faudrait-il qu'il y accorde une quelconque importance. Il n'allait pas plus loin que l'idée qu'ils faisaient partie de la même meute sans partager un quelconque sentiment amical. D'ailleurs, si on demandait son avis à Jackson, celui-ci avouerait sans doute qu'il lui en voulait un petit peu pour ça. Pas complètement, mais juste assez pour que ce ressenti existe en lui.

Simplement, il n'était pas possible pour lui d'entretenir réellement cette rancune tant il savait que tout n'était pas de la faute de Stiles. Jackson avait ses torts dans cette histoire, Théo aussi.

Mais il y avait bien une personne à qui il en voulait véritablement : et ce sentiment-là s'entretenait tout seul. A peine Scott entra-t-il dans le champ de vision de Jackson que le regard de celui-ci se vida du peu de chaleur qu'il laissait entrevoir au départ.

Il devint froid comme la glace.

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Stiles ressentait toujours un petit quelque chose particulier lorsqu'il retrouvait la compagnie de son meilleur ami. Il avait l'impression que son corps se relaxait tout autant que son esprit, mais jamais complètement. L'hyperactif mettait ça sur le compte de sa fatigue, omniprésente de par son mode de vie particulier. Son manque de confiance en lui devait probablement jouer aussi : à côté de Scott, Stiles se sentait misérable.

Avant, il avait l'impression d'être juste... Un peu nul. Bon nulle part, à part en mathématiques, maladroit comme jamais, bavard à souhait... S'il ne souhaitait pas changer ce dernier point qu'il considérait comme un trait de sa personnalité – autant qu'un besoin en lui-même, il considérait que toutes ses tares – qu'il ne comptait plus – l'alourdissaient plus que de raison. La chose s'était cependant drastiquement accentuée dès la transformation de Scott. Avec cette morsure, il avait tout gagné : la beauté, la force, l'endurance, le respect, la popularité. Stiles l'enviait tout autant tout qu'il appréciait la discrétion inhérente à sa condition d'humain.

- Bro, qu'est-ce que c'est que cette mine ? S'enquit Scott d'un air étonné.

Stiles savait que ce n'était pas ses quelques blessures qui le surprenaient, simplement son air sans doute... Ailleurs. Pas forcément triste, juste ailleurs. L'hyperactif savait qu'il ne paraissait pas extrêmement présent : pouvait-on lui en vouloir ?

- Qu'est-ce qui t'arrive ?

- J'ai mal dormi.

Si ce n'était pas faux, ce n'était pas complètement vrai non plus et Stiles... N'hésitait que rarement à mentir – partiellement ou non – à son meilleur ami. Pourtant, il ne trouvait pas ça extrêmement correct, d'autant plus qu'il était d'avis que Scott méritait toute l'honnêteté du monde. Mais pour une raison obscure, il le faisait tout de même, sans comprendre ce qui le motivait à lui cacher ces choses-là. Peut-être n'avait-il pas envie que Scott apprenne le mécontentement du shérif à son égard – Stiles espérait que, de son côté, son paternel oublie ou n'ait pas le temps de lui parler. Il y avait aussi une autre possibilité, toute aussi réaliste que celle-ci : le tempérament de Stiles. Ce dernier était du genre à partager ses joies, non ses peines ou ses soucis. Ses inquiétudes, il préférait les garder pour lui et ce, jusqu'à ce qu'elles s'envolent. Sans qu'il sache comment il devait le prendre, Scott ne l'encourageait jamais à changer cette façon de faire. Presque de façon instinctive, Stiles lui trouvait toujours des excuses. En fait, il savait le latino quelque peu long à la détente et très souvent préoccupé par tout ce qui pouvait concerner de près ou de loin, son statut d'alpha. Stiles pouvait comprendre : Scott était victime de ses responsabilités et son temps libre s'en trouvait amoindri. Sa forme aussi.

- Essaie de ne pas trop jouer, ce soir, lui conseilla l'alpha.

Stiles eut envie de rire un peu jaune. Il s'amusait si peu, sa console était doucement en train de prendre la poussière dans sa chambre. Pourquoi ? Parce que l'hyperactif passait ses soirées, parfois ses nuits à faire des recherches pour la meute. Il se considérait comme l'origine de tout ce bazar : celui qui avait provoqué la morsure de Scott, puis celles de Jackson, Isaac, Boyd, Erica, Liam... C'était lui qui, par sa curiosité, avait attiré l'attention de Peter Hale puis son neveu, Derek. Et maintenant, tout ce petit monde s'était imbriqué, créant un petit groupe de justicier à Beacon Hills. Certains y avaient laissé des plumes, d'autres leur peau.

Et Stiles considérait que ses mains avaient trempé dans le sang des disparus et des survivants.

Mais il souriait et continuait de vivre, de se donner à fond pour que la tragédie cesse un jour de se répéter.

Un léger rictus étira ses lèvres un peu sèches.

- Ce serait ternir ma réputation, répliqua-t-il.

Disons qu'il connaissait les clichés qu'on répandait parfois à son sujet et ne faisait rien pour les faire taire. En soi, ça l'arrangeait : le penser geek à souhait et paresseux n'irait jamais attirer l'attention de ses camarades de classe. Ainsi, impossible de soupçonner la teneur de ses activités obscure ni même l'existence des loups-garous. Pour lui, il s'agissait d'une chose qui devait rester à l'état de secret.

Et Scott rit, parce qu'il riait toujours à cette espèce d'humour un peu maladroit que sortait souvent Stiles, mais qui faisait souvent mouche. Ça, c'était une qualité que l'humain reconnaissait après des années de doute : il savait perdre les gens, les détourner de ce qui, lui, l'inquiétait. Souvent, il faisait passer ça par la parole et d'autres fois, il utilisait sa maladresse. Celle-ci était très facile à invoquer tant elle était naturelle.

Scott passa un bras autour de lui et Stiles se raidit malgré lui. Il n'aimait pas vraiment les accolades... Se découvrait récemment peu fan des contacts physiques. Est-ce qu'il demanda à son meilleur ami de s'éloigner pour autant ? Seul son silence témoigna de sa gêne, qu'il pensa peu importante puisque Scott, dont il savait l'odorat surpuissant, ne réagit pas le moins du monde.

- M'enfin ce n'est pas la Play qui va te faire réussir le contrôle de maths de tout à l'heure, ni même les suivants, rit encore l'alpha.

Stiles oublia un instant le bras autour de ses épaules et haussa instantanément un sourcil.

- De quoi tu parles ? Lui demanda-t-il sans attendre.

- De ce qu'on a en deuxième heure. Tu sais, le truc qu'on nous a donné à réviser il y a deux semaines.

- Oh non, soupira Stiles.

Il avait oublié, évidemment. A vrai dire, il n'était même pas certain d'avoir noté ce satané contrôle dans son agenda. Des oublis comme celui-ci, il en avait des tas chaque jour, et ça n'allait pas en s'arrangeant. Oh, bien sûr, il s'en sortirait : il avait l'esprit logique. Simplement, sa note serait plus basse que celles qu'il obtenait autrefois. Lui qui s'en sortait toujours sans efforts commençait à ramer un peu.

Qu'importe : la sécurité de ses amis et de la ville passait avant. Comme à chaque fois, il se dit qu'il se rattraperait, que les occasions ne manqueraient pas.

La main descendit dans son dos, le lui tapota amicalement.

- T'inquiète, tu vas gérer comme tu as l'habitude de le faire.

Si Stiles n'aima pas particulièrement le ton que Scott employa, cette impression disparut rapidement, comme toujours. Parce qu'il en avait l'habitude et... Que c'était quelque chose de stupide. L'humain avait la fâcheuse tendance à voir le mal partout – et c'était d'autant plus vrai lorsqu'il se sentait aussi peu présent. L'air de rien, l'espèce de discussion qu'il avait eu la veille avec son père l'avait bien remué, en particulier son attitude protectrice. Les doigts de sa main droite vinrent effleurer l'un des quelques pansements sur son visage. Si une pensée lui vint sous la forme d'un doute, il la repoussa instantanément et choisit de sourire en hochant la tête.

Bien sûr qu'il allait gérer. Comme toujours.