06 : Informations.

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Un cri strident me sort de mon sommeil.

Assise en tailleur sur le lit, une main sur la poitrine, j'observe autour de moi. Mes sens sont en alerte, mon cœur bat à tout rompre et la gêne subite dans ma gorge me fait réaliser que je suis celle qui vient de crier.

Un cauchemar.

Je ne l'avais pas fait depuis des mois celui-là. Remplacé par les événements des Îles Vierges, je n'ai pas eu la possibilité de songer à lui. De le revivre.

Or, comme tout démon, il ressurgit toujours. Un moment ou un autre. Et malheureusement, c'était cette nuit.

Je revoyais ma mère, en train de se faire étrangler par un homme vêtu de noir. J'avais 17 ans. J'étais assez entraînée, plutôt agile pour des combats de rue. J'avais un bon sang-froid, les voleurs et agresseurs me permettaient de m'améliorer. Je savais faire, je m'amusais à me battre.

Mais, je n'étais certainement pas prête à voir ma mère essayer de se faire assassiner.

Cette nuit-là, mon père était à un évènement important pour le travail et ma mère venait de rentrer en première. Sûrement fatiguée. Cependant, elle s'est fait suivre sur le chemin du retour et l'homme n'a pas hésité une seule seconde une fois la porte d'entrée fermée.

Je l'attendais, sur le canapé. Je voulais savoir comment sa soirée s'était passée. Je rêvais de participer à ce genre d'évènements, je réclamais des potins à chaque fois.

Donc, en voyant l'homme essayer de me prendre ma mère, mon sang s'est glacé et j'ai paniqué.

J'ai poussé un cri de panique et saisit le Glock que mon père cache sous le canapé. Puis je l'ai mis en jouc. Ils n'étaient pas loin, à deux mètres de moi. Les sueurs froides longeaient ma colonne vertébrale, mon cœur pompait si vite, la peur léchait mes entrailles.

Je m'en souviens comme si c'était hier.

Et j'ai tiré, les lèvres tremblantes de peur.

Mais à ce moment-là, je devais avoir une bonne étoile car la balle s'est logée dans son bras. Il a lâché ma mère dans un grognement de douleur ce qui lui a permis de se ruer sur moi, m'arrachant l'arme et le tuant de deux balles dans le cœur.

C'était rapide, mais le sang de cet homme a suffi à condamner mes nuits.

Enfin, ce cauchemar reste toujours aussi bousculant.

Poussant un soupir las, je sors du lit et descends dans l'optique de me prendre un verre d'eau. J'en ai bien besoin. Je me sens sale, comme chaque fois que ce cauchemar empoigne mes nuits.

Mais quelle est ma surprise de découvrir Nathan, assis dans le canapé. L'image du poignard dans son flanc me revient et je détourne le regard, chassant mes états d'âmes.

— Tu as crié. M'informe-t-il, dos à moi.

— Non, je faisais des vocalises. Réponds-je, levant les yeux au ciel.

Il se tourne pour me foudroyer du regard avant de retourner à sa place initiale. Je bois ensuite le contenu de mon verre, souhaitant être imperméable à son comportement exécrable certes légitime. Je n'ai pas la force pour ces conneries en plein milieu de la nuit.

Même si les battements irréguliers dans ma poitrine montrent bien l'ampleur des dégâts de mon acte.

D'ailleurs, qu'elle heure est-il ?

— Il est six heures et quart.

Je hausse les sourcils, surprise qu'il réponde à ma question interne. Je remarque ensuite que Satan est tranquillement en train de se reposer sur les genoux de Nathan. Celui-ci caresse son pelage à une allure régulière. Je peux voir sa main aller et venir, ça me fait sourire.

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