Les branches craquent sous mes pas, les feuilles voltigent autour de moi. Mon gilet tombant sur mes bras ne demande qu'une chose : que je m'arrête.
Les oiseaux qui chantent en ce début d'après-midi, s'envolent dans des battements d'ailes lorsque ma course les alerte.
Mais je ne compte pas m'arrêter.
Les branches d'arbres me frôlent, elles manquent de peu de m'écorcher. Le vent fait bruisser les feuilles, il fouette mon visage au rythme de ma course.
Je cours, le souffle régulier malgré ma cadence rapide. Je me concentre afin de rester régulière à cause de mes respirations traitresses.
Mes jambes ne m'ont jamais parues aussi fonctionnelles. Elles obéissent à chacun de mes pas sans vraiment me tirer.
Courir, ne m'a jamais paru aussi facile.
Même si mon cœur bat vite, très vite.
Je m'autorise un regard en arrière mais sa voix retentit instantanément à travers les arbres.
C'est comme s'il était tout près. Il a su mon égarement en une fraction de seconde.
— Cours ! Ne t'arrête pas !
Je lève les yeux au ciel tout en continuant mon trajet. Bientôt, les arbres laisseront place à la falaise. La plage et les vagues. Je pourrais presque les entendre d'ici, si mon cœur ne résonnait pas jusque dans mes tempes.
Je pile une fois le dernier arbre dépassé. Un peu moins de dix mètres me séparent du bord et du plongeon fatal dans le sable. Je me plie en deux et place mes mains sur les genoux tout en essayant d'inspirer un peu d'air pour mes poumons. Ma trachée me brûle et j'expire comme une vache. Cette course fut intense.
Je ne sais pas combien de mètres, de kilomètres, je viens de courir. Mais je suis à bout de souffle. Je repousse mes limites un peu plus chaque jour et mon corps se fait une joie de me le reprocher.
Des pas me rejoignent une bonne minute plus tard et je me redresse, une main dans le dos.
— Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté de faire ça ? Dis-je, la voix s'élevant légèrement dans les aigus.
Il m'affiche un sourire lumineux avant de me rapprocher de lui en saisissant le gilet. Je me laisse faire, ne demandant qu'être en son contact.
Son sourire ne quitte ses lèvres une fois qu'il les scelle aux miennes. Mon corps se colle d'instinct au sien et je place mes bras autour de son cou, lui rendant le baiser.
C'est une récompense à ne pas réfuter.
Il recule ensuite sa tête, ancrant ses yeux dans les miens. L'atmosphère est légère, je me sens bien.
— C'était ton idée, je devrais être celui qui se plaint. En attendant, tu es en meilleure forme qu'il y a deux mois.
J'acquiesce, concédant ses propos.
— Les séances de psy m'ont aidée, c'est vrai.
Oui, j'ai cédé à la requête de mon père.
Quand je me suis rendu compte que chaque nuit que je passerai serait une mise en scène de la pièce de théâtre de mes plus beaux démons, je n'ai pas longtemps hésité. Mes cauchemars me torturaient, je me réveillais chaque nuit en larmes et en nage. Je pouvais distinguer la lune se moquer de moi à travers les rideaux.
Je me trouvais sale, pleine de sang, avec un trou béant à la place du cœur.
Désormais, ces cauchemars sont encore présents mais largement moins fréquents. C'est plus facile de s'en remettre quand ça n'arrive qu'une à deux fois par semaine. Le psy et ma famille ont su apaiser ne serait-ce qu'un peu, mes tourments.
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Les liens perdus
Romance! TOME DEUX LES LIENS SECRETS ! ¡ A LIRE APRÈS LES LIENS SECRET ! La disparition de sa mère a été le domino déclencheur. Scarlett n'étais sûrement pas prête à vivre ce qu'elle a vécu, mais elle a dû y faire face. Désormais, la vengeance est le maît...