Chapitre 3

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Le rire de Morgane s'éteignit peu à peu. Le timbre grave de Karadec, aussi doux que du velours, la traversait de part en part, dans une immense vague de frisson. Cependant, un détail la turlupinait.

- Pourquoi ? Vous comptiez vous lâcher face à moi ?

Morgane appuya son propos en faisant courir ses faux ongles sur sa cravate, remontant pour en accrocher le nœud avec deux de ses doigts. Elle tira expérimentalement dessus, la question flottant silencieusement dans l'air entre eux. Son partenaire continuait de l'observer, toujours avec ce sourire au coin des lèvres et cet amusement dans le regard.

- Pas vraiment, j'ai encore des doutes. Est ce que vous méritez vraiment de me voir me lâcher, comme vous dites?

La chair de poule s'empara à nouveau de la peau de Morgane quand il fit glisser une main sur le creux de son dos, et que l'autre vint se poser sur ses jambes nues. À cet instant, elle aurait adoré lui sauter dessus, là, comme ça, sans prévenir, si l'envie de poursuivre leur discussion ne se faisait pas plus pressante.

Elle était particulièrement curieuse de savoir ce qu'il se tramait dans sa tête car quelque part, les doutes qu'il avait émis commençaient à s'immiscer et à ronger sa confiance en elle. Pourtant, tout dans la gestuelle de Karadec, de sa tendresse, aussi bien celle de ses yeux que celle de ses caresses, au sentiment de défi qu'elle y percevait, tout lui communiquait un désir qu'elle ne saurait ignorer.

Prise entre sa confusion et ses propres envies, elle se dressa sur ses genoux, reposa ses mains sur ses épaules, autant pour se tenir en équilibre que pour avoir une excuse pour le toucher, et planta son visage face au sien, bien décidée à clarifier les choses entre eux.

- Je ne sais pas si je le mérite, mais je sais que j'ai très envie de voir ça, commandant Karadec.

Tout en continuant de fixer son regard dans le sien, elle fit descendre une de ses mains à plat contre son torse, appuyant suffisamment fort à travers ses vêtements pour réussir à faire sortir un soupir d'entre les lèvres de son partenaire. Elle s'arrêta juste en dessous de sa ceinture.

- Est-ce que je peux vous en convaincre ?

Pour seule réponse, Karadec repoussa sa main, mais le sourire de Morgane ne faiblit pas. Elle avait eu le temps de sentir son érection du bout des doigts, au moment où il les avait chassés. Il était donc fort probable qu'il l'ait juste empêché d'en rajouter et Morgane jubila à l'idée de lui faire perdre la tête. De son côté, Karadec se décolla complètement de Morgane, qui en perdit presque l'équilibre, et recula jusqu'à venir se reposer contre le bureau de Gilles. Son air de défi se renforçait dans son regard, il hocha la tête succinctement dans sa direction et sa voix grave, douce et chaude, parvint à ses oreilles sans aucune faiblesse.

- Essayez toujours de me convaincre.

Jamais le sourire de Morgane ne pourrait s'éteindre, face à toutes les perspectives que ces quelques mots venaient de lui présenter. Tout cela donnait à sa prochaine action une importance capitale. Pensive, elle reprit appui sur sa main droite et se laissa sensuellement tomber sur le bureau, en prenant bien garde de ne pas écraser l'ordinateur portable, miraculeusement toujours intact. Elle fit mine de soupirer d'aise, même si sa position allongée était plus que précaire. Par ailleurs, elle prit le temps de pousser le pot à crayons loin du bord, histoire de le mettre à l'abri d'une nouvelle chute dont elle comme lui se passeraient bien. Par chance, cela dégageait également tout obstacle entre les yeux de Karadec et son corps de déesse, pensa-t-elle avec un petit rire.

Les yeux de Morgane se posèrent ensuite sur Karadec, toujours planté fermement à bonne distance, ses bras croisés devant lui, son regard résolument fixé sur elle. Malgré l'assurance qui transpirait de sa posture, Morgane pourrait jurer qu'elle y percevait de la nervosité. S'accrochant à cette fine liane d'inspiration, elle bascula sur le dos et détourna le regard, ayant besoin de toute sa concentration pour se focaliser sur son plan nouvellement trouvé. Puisque qu'il semblait tant décidé à l'observer, autant lui en faire voir de toutes les couleurs.

Épluche et Feuilles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant