- II -

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Les gardes m'enlèvent les chaînes et je me frotte les poignets. L'Impératrice descend gracieusement les escaliers, puis s'arrête devant moi, son visage à quelques centimètres du mien. Un parfum sensuel et floral atteint mon nez. Hmm, elle sent divinement bon, et cette délicieuse odeur réveille dans mon ventre une sensation très peu appropriée en vue des circonstances.

- Quel choix préfères tu ? murmure-t-elle, son souffle s'écrasant sur mes lèvres.

Je réponds sans hésitation :

- Me tuer. Je préfère mourir plutôt que d'avoir le déshonneur de vous servir d'objet sexuel ou d'être retenue prisonnière ici.

- Quel dommage... Et gâcher un si joli visage ? Un si beau corps ? Pourtant, tu es trop attrayante pour que je te laisse mourir. On ne donne pas la mort à une déesse, voyons...

Son expression reste froide malgré ses propos formulés avec sensualité.

- Mais je n'ai plus rien. Je ne vous suis d'aucune utilité.

- Mais je ne te tuerais pas pour autant. Tu as de beaux yeux, je ne saurais pas dire s'ils sont verts ou bleus. De la couleur de l'océan. Tes cheveux d'un rose orangé font penser à l'aube, et ta peau laiteuse à l'air si douce. Tes lèvres roses et pulpeuses donne envie de te plaquer contre un mur. Donc je te garde près de moi.

Elle se tait sans lâcher mon regard du sien. Son monologue aux tendances plus qu'érotiques et explicites est tout ce qu'il y a de plus sincère, c'est bien le plus étonnant. Pourtant, ses yeux ne changent pas couleur, attisant en moi une certaine curiosité.

- Alors si vos mots sont vrais, pourquoi vos iris restent noirs contrairement à tous les membres de votre peuples ? questionné-je doucement.

- ... Parce que j'ai trop souffert par le passé pour que mes yeux optent pour joie et gaîté. Envahie par la tristesse et le désir de vengeance, je ne peux plus changer. Je suis... Morte de l'intérieure. Plus aucune âme. Rien d'autre que mes désirs charnels, ma stratégie et ma rancœur. Rien d'autre. Peut-être un brun d'humour noir et de cruauté... répond l'Impératrice toujours avec ce foutu rictus mais en gardant une voix plate et sans tonalité.

- Très poétique, soupiré-je en levant les yeux au ciel. Donc vous n'allez pas me tuer plutôt que de me garder prisonnière ou en tant objet de... volupté.

- Exact. Je suis égoïste et surtout, je veux prendre mon ultime revanche sur ton père, en lui retirant sa fille, parce que c'est ce qu'il a de plus cher. Alors au final, non, tu ne m'es pas inutile. Suis moi, ordonne-t-elle.

J'hésite mais les lances des gardes me poussent à sa suite. Je marche derrière elle quand avant même que nous n'allions dans une autre pièce, un jeune elfe d'environ 18ans court jusqu'à nous et s'agenouille devant l'impératrice.

- Majesté ! Le juge... i-il va faire tuer un innocent ! pleure-t-il.

- Oh... je vois. Dis-m'en plus.

Sa voix est un peu plus douce que les instants précédents face à la panique du jeune homme.

- Le procès d'un adolescent. Il penche de plus en plus pour le faire tuer mais il est innocent, je peux en témoigner ! Il ne faisait que se défendre pour vivre ! s'exclame le jeune elfe en larmes, sans reprendre son souffle. Il était dans une maison d'une famille noble assez proche de vous e-et...

- Où il est ? le coupa-t-elle.

- En salle de procès.

- Je vois. Va les prévenir que j'arrive immédiatement et de ne pas prendre de décision avant que je ne sois présente, dit finalement la belle elfe en levant les bras au ciel pour s'étirer.

Un Éclat De RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant